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A fleur d'eau...

31 mars 2016

Voyages à fleur d'eau

Découvrir une région en flirtant avec ses rivages au rythme des pagaies, peu paraître un peu anachronique à une époque où la technologie ne cesse de raccourcir notre notion du temps. Pourtant, le kayak de mer, comme la marche à pieds, compte de plus en...
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22 février 2020

La suite de nos voyages à fleur d'eau...

Retrouvez nos voyages à fleur d'eau les plus récents sur :

http://kayakexotique.fr/

16 novembre 2016

Autour des iles Eoliennes (Italie)

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Pour les congés d'automne, nous avons choisi d’aller faire du kayak de mer dans les iles éoliennes pour le plaisir de naviguer d'une part, mais aussi pour aller voir de plus près des volcans en activité et découvrir ce que les Siciliens considèrent comme les perles de la Méditerranée. Mais ce projet n'a pu se concrétiser qu'après avoir trouvé une structure disposée à nous louer des kayaks pour une dizaine de jours. Finalement c'est sur Vulcano que nous avons trouvé notre bonheur grace à Eugenio, un pur kayakiste de mer proposant du guidage autour des iles Eoliennes. Son site : http://www.sicilyinkayak.com

En effet, il est de  plus en plus compliqué de trouver des kayaks en location car ces structures ont trop souvent rencontré des problèmes de dégradation de matériel. Elles préfèrent donc se limiter au guidage et renoncent à louer leurs embarcations à des personnes qu'elle ne connaissent pas. Dans le cas présent, nous sommes d’autant plus heureux qu’Eugenio, qui nous fait confiance, met à notre disposition des  kayaks en fibre de verre et en excellent état. Ceux-ci, fabriqués en Sicile, se sont avérés rapides, stables et très confortables même s'ils étaient dépourvus de dérive et de gouvernail.

  • Jeudi 20 octobre 2016 :

Après deux vols successifs (Toulouse Rome-Rome Catane), nous arrivons en Sicile vers 18h.Nous avions réservé depuis la France un transfert vers Milazzo sur le site eoliobooking.com. Malheureusement, la veille de partir, l'entreprise se désiste ce qui nous oblige à trouver une solution de dernière minute. Nous la trouvons sans trop de difficulté sur Internet où une autre compagnie propose des départs à heures fixes pour Milazzo pour un prix identique (25 €). Cela semble donc être le tarif en vigueur.

A l'heure prévue, vers 19h15, un chauffeur nous rejoint à l'aéroport et nous conduit à un rythme d’enfer jusqu’à notre hôtel réservé à l’avance à Milazzo. Nous retrouvons Philippe qui, de son côté, a  testé le transfert par bus puis train sans trop problèmes si ce n’est que la gare routière de Milazzo est à plusieurs km du port ou se situait notre hôtel (Cout 12€ ). L’hôtel, qui est plutôt un appartement (réservé sur booking.com pour 55€) est très bien et surtout à deux pas du port. Nous allons manger notre première pizza et notre première glace dans la rue voisine.

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Le ferry au départ de Milazzo

  • Vendredi 21 octobre 2016 :

Nous nous levons tranquillement vers 8h. Deux heures plus tard, après un petit déjeuner composé de différentes pâtisseries locales ou domine la pistache, nous prenons un hydrofoil, bateau rapide qui dessert les iles. Il nous dépose sur Vulcano en 1h15. Ayant envoyé un SMS à Eugenio notre loueur, quand nous avons pris le bateau, nous nous avons le plaisir de le trouver  à l’arrivée.

A peine débarqués, nous sentons déjà les odeurs de souffre et apercevons des fumeroles qui jaillissent des hauteurs sur le volcan dominant le village. C’est la basse saison, et l’activité est au ralenti. Beaucoup de commerces et de restaurants sont fermés et les touristes ne se bousculent pas. Au premier contact, Eugenio nous fait bonne impression et son accueil est chaleureux. Nous commençons par aller faire les courses à 50 m du port dans un supermarché qui nous permet de trouver tout ce dont nous avons besoin, sachant que d’après Eugenio, cela sera facile de trouver du ravitaillement sur les autres iles. Nous y trouvons de l’alcool pour notre petit réchaud de secours, et Philippe ira non loin de là acheter de l’essence pour le sien. Contrairement à ce que nous avait dit Eugénio, il semble également possible de trouver des cartouches Camping Gaz (magasin de pêche en face de l'épicerie).

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Le petit supermarché de Vulcano

Puis Eugénio nous amène dans son centre afin de choisir notre matériel.

C’est un puriste qui bichonne ses bateaux, les protège du soleil, et les manipule avec précaution. Il nous comte ses dernières mésaventures lors de locations à des groupes de jeunes pourtant encadrés.

Nous mettons chacun notre kayak sur un chariot fabriqué par ses soins compact et démontable pour aller à la zone d’embarquement.

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Comme d’habitude, il faut un certain temps pour tout charger, pique niquer aussi et cela nous permet de mieux connaitre ce kayakiste passionné parlant très bien français et qui a apposé sur sa petite paillotte une photo de Bernard Moitessier. Il nous prête les cartes marines, nous donne les informations concernant les meilleurs bivouacs tout cela au son d'une petite compilation de chansons françaises sur le thème de la mer… Une intention bien sympathique…

Il est 15 h passé lorsque nous mettons les bateaux à l’eau. Après un petit tour dans la baie, nous mettons le cap au sud en longeant la cote est. Bien que nous soyons à l’ombre, nous apprécions la variété des paysages et des couleurs, avec des formes typiquement volcaniques. Nous passons devant plusieurs grottes que nous visitons, la mer étant on ne peut plus calme.

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1° bivouac au sud de Vulcano (punta dell'Ufala)

Vers 17 h, nous parvenons à la pointe sud de l’ile et juste derrière nous découvrons la petite plage recommandée par Eugenio. Elle est occupée par un restaurant, mais, là, tout est désert. Nous pouvons tranquillement squatter les différentes terrasses qui dominent la plage de sable noir. La nuit tombe vers 18 h. Nous trouvons même de quoi faire sécher nos affaires à l’abri. Il y a aussi des toilettes et de l’eau. Premier apéritif assis confortablement face à la mer et au loin, les reliefs Siciliens.

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Camping improvisé sur un des terrasses du restaurant.

  • Samedi 22 octobre 2016 :

Pendant notre sommeil, nous percevons quelques averses. Au matin, le ciel est couvert, mais il ne pleut pas. Nous nous levons à 6h30. Au loin, nous apercevons l’Etna chapeauté par un petit nuage.

Nous embarquons vers 9 h dans une mer hachée qui nous empêche d’aller voir de près les nombreuses grottes que nous rencontrons. Comme la veille, le décor est varié et très marqué par son origine volcanique. En fin de matinée, nous parvenons à porto di Ponente soit juste de l’autre coté de l’isthme ou nous avons démarré notre périple. Nous laissons les kayaks sur la plage et retournons au village ou nous cassons la croute dans un bar en testant différents en-cas à base de riz et en partageant une salade.

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Les grottes de la côte ouest de Vulcano

Le ciel est maintenant limpide et nous bénéficions des conditions idéales pour monter sur le cratère.

Un bon sentier gravit en lacets les quelques 400m qui nous séparent du sommet. Arrivés sur la caldera, l’itinéraire traverse un champs de fumeroles qui nous oblige à passer en apnée, les vapeurs nous prenant à la gorge.

La vue sur le cratère est magnifique, et en toile de fond, nous voyons toutes les iles de l’archipel. L’ambiance est surprenante, et le contraste entre le village entouré de verdure et de jardins, colorés par les bougainvilliers et les ibiscus, et le volcan, uniquement minéral, est saisissant. Nous faisons le tour du cratère en flânant un peu au sommet.

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Le sentier qui borde le cratère de Vulcano traverse une série de fumerolles à l'odeur de souffre.

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Le cratère de Vulcano et en arrière plan la presqu'ile de Vulcanello, puis l'ile de Lipari et
tout au fond, l'ile de Salina et ses 2 sommets caractéristiques.

Une fois redescendus, et après avoir complété notre stock de victuailles nous montons nos tentes dans les dunes qui bordent la plage. Le coin est sympa, nous sommes un peu isolés, mais nous n’avions pas prévu la présence massive de moustiques qui fondent sur nous dès que la nuit tombe. Nous renonçons à prendre l’apéro sur la plage et nous nous replions sur le port qui semble un peu préservé de ces maudits insectes, sans doute en raison de vapeurs de souffre toutes proches.

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Petit campement infesté de moustiques sur la plage de Porto di Ponente

Du coup, nous optons ensuite pour le restaurant puis nous regagnons notre campement pour nous réfugier dans nos tentes respectives.

  • Dimanche 23 octobre 2016 :

Le ciel est bas, les moustiques sont toujours là et nous ne trainons pas pour embarquer. A 8 h30, nous sommes sur l’eau et les premières gouttes nous accompagnent pour la petite traversée vers l’ile de Lipari. Arrivés sur cette dernière, cela dégénère un peu et nous mettons nos vestes de pluie. Heureusement, la mer est plate, et nous pouvons quand même bien profiter de la cote qui est superbe. Nous louvoyons entre des falaises déchiquetées hérissées de pointes de roche noire et des ilots aux parois tantôt torturées, tantôt lustrées voir vitrifiées. La pluie semble exacerber les couleurs qui changent en fonction des strates, témoignages spectaculaires de l’histoire du volcan. Nous passons valle Muria sans nous arrêter, tant il pleut, nous ne sommes pas si mal sur l’eau dans ces conditions. Plus loin, la cote est toujours aussi belle et impressionnante.

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Les pitons rocheux à la punta della Crapazza.

Au niveau de la Punta de Cugno Longo, nous nous réfugions dans une grotte pour souffler un peu et échapper à des trombes d’eau. Protégés de la pluie, nous voyons dégringoler des cailloux juste à l’aplomb du porche, ce qui nous conforte dans le fait de ne pas passer trop près des falaises.

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A l'abri dans une grotte, nous attendons l'éclaircie.

Après des tunnels et une partie plus uniforme, nous parvenons au nord de l’ile. Il pleut toujours, aussi, nous changeons notre programme et décidons de filer directement sur Salinas, ou il semble faire meilleur.

Au milieu de la traversée (environ 4 km), un bon vent de travers rend celle-ci beaucoup plus pénible que prévu, et nous ne sommes pas mécontents de nous poser enfin à Lingua avec le soleil revenu.

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Le village de Lingua sur l'île de Salina

Nous cassons la croute et visitons ce joli petit village un peu désert puis poussons jusqu’à San Marina Salinas ou Eugenio nous a indiqué un endroit de bivouac sympa juste en dessous du cimetière. Nous montons les tentes sur une terrasse qui domine la plage à l’abri de grand cyprès. Nous récupérons un peu et allons ensuite visiter le village, manger une glace, et compléter les vivres fraiches. C’est aussi l’occasion de repérer l’accès avec les kayaks sur les chariots pour aller prendre le ferry lorsque nous irons à Stromboli.

Soirée tranquille. Nous essayons de repérer les éruptions du Stromboli au loin. Les moustiques sont plus rares.

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Le bivouac sur Salina

  • Lundi 24 octobre 2016 :

Cette fois ci le grand beau temps semble installé. Nous nous levons vers 6 h 30 et déjeunons face aux iles de Stromboli et Panaréa. Pendant la nuit Philippe assure avoir vu les lueurs des éruptions. Nous avons hâte d’y aller. Mais aujourd’hui les conditions sont bonnes, et le programme, c’est le tour de Salinas. Nous laissons notre bivouac installé et embarquons à 8 h 15 en direction du nord. Après le cap Faro, nous longeons de belles falaises colorées dominées à l'ouest par le cône du Monte di Porri. Un peu plus loin, nous débouchons dans le minuscule port de Malfa, adossé à la paroi. Le village, lui est un peu plus haut, invisible, niché dans la vallée qui sépare les deux volcans de l’ile.

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Le petit port de Malfa au nord de Salina

Parvenus à l’extrémité nord ouest, le paysage change radicalement. Nous somme sur le flanc nord du cratère qui s’est complètement effondré dans la mer, formant une sorte de cirque grandiose au fond duquel on trouve le village de Pollara. Il est à peine visible de la mer. Construit au fond du cratère, il domine celle-ci d’une quarantaine de mètres. Au niveau de l’eau, les habitants ont creusé la pierre tendre pour y faire un sentier et des alvéoles pour mettre leurs embarcations à l’abri au dessus de l’eau.

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Le village de Pollara est bati au fond du cratère éventré de l'ancien volcan Del Porri.
A défaut de port, juste en dessous, les pêcheurs ont aménagé des cahutes creusées dans la falaise.

La face ouest de l’ile est toute aussi spectaculaire, avec des falaises de plusieurs centaines de mètres de hauteur, sculptées et percées de taffonis aux formes étranges. Des grottes et une belle arche jalonnent ce parcours circulaire autour de l’ancien volcan.

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Vers 11h, nous parvenons à Rinella, au sud de l’ile. Le village est situé dans la même vallée que Malfa, entre les deux sommets de l’ile. Ici, les falaises sont moins hautes et le paysage moins encaissé. Nous nous y arrêtons, achetons de gros sandwichs dans un restaurant et allons nous mettre à l’ombre. Après une petite visite dans les ruelles étroites du village, nous reprenons la mer.

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Rinella et au fond le monte del Porri

Le paysage est un peu plus monotone, mais Sandrine agrémente la navigation sur cette mer d’huile en ramassant des bigorneaux pour le repas du soir. A la Punta Grottazza, nous commençons à ressentir le vent d’est qui était annoncé mais dont nous étions protégés. Il forcit au niveau de Lingua puis nous accompagne jusqu’à notre bivouac. Nous retrouvons nos tentes, bullons un peu, et profitons de l'eau courante du cimetière pour nous laver et faire une petite lessive qui séchera bien vite au soleil. Puis nous vidons les kayaks et commençons à les monter vers la route à une cinquantaine de mètre au dessus de la plage, afin de gagner un peu de temps pour aller le lendemain prendre le ferry pour Stromboli.

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Au bivouac de Salina

  • Mardi 25 octobre 2016 :

Comme d’habitude, le réveil est matinal. Nous plions le campement et montons les affaires aux kayaks. Le premier test des chariots est concluant et nous arrivons sans encombre au port. Nous profitons du temps qu’il nous reste pour refaire quelques courses et aller prendre des informations sur la montée au Stromboli. Dans la petite guérite du point information, un jeune homme parlant très bien français s’occupe de nous réserver trois place auprès d’une agence, ce qui n’est pas évident, car les plannings des agences sont déjà pleins. En attendant le ferry, Sandrine fait le plein de pignons de pins au pied des arbres de la place du village. Tout est bon à prendre pour agrémenter notre ordinaire.

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Dans le ferry, la place ne manque pas pour les véhicules et nos kayak. En tout, nous comptons seulement une dizaine de passagers. L’escale à Panaréa nous convainc qu’il faut essayer d’y revenir au retour, tant cela a l’air joli.

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Nous débarquons en début d’après midi et choisissons un coin de bivouac sur la plage à quelques centaines de mètres au nord du port. L’endroit n’est pas très bucolique car nous sommes en bordure d’un cimetière de bateaux et de matériel divers. Mais, ici, nous ne sommes pas loin de la route et un peu cachés des maisons alentours. Nous montons les tentes car nous rentrerons tard ce soir après la montée au cratère.

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A Stromboli, il n'y a pas véritablement de port et les embarcations sont remontées
sur la plage à l'aide de vieux bulldozer.

Nous avons rendez vous à 14 h 30 avec « Stromboli di piedri ». Le départ est prévu à 15h . On nous remet un casque. Notre groupe composé d’une trentaine de personnes de tous âges, essentiellement des français, nous effraie un peu. Nous n’avons pas trop l’habitude de ces collectives aux niveaux très disparates et il y a tout de même 800 m de dénivelé. En revanche, notre guide donne tout de suite le ton. Parlant très bien notre langue, avec humour et sérénité, il annonce le programme de la soirée rassurant les uns, et freinant ceux qui voudraient courir dans la montée.

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Le sentier longe la crête sommitale du volcan avant de déboucher par un col
à l'aplomb des 3 cratères en activité.

Le cheminement sur un sentier bien tracé se fera quasiment tout le temps à l’ombre au milieu d’une végétation inextricable. Par moment des grondements impressionnants rompent la monotonie de la marche. Notre guide est guilleret : " c’est l’accueil bienveillant du volcan". Nous ne sommes bien évidemment pas les seuls sur la montagne et au fur et à mesure que nous gagnons de l'altitude, nous voyons d’autres groupes nous précéder, d'autres nous emboiter le pas et encore d’autres au loin sur la pente sommitale. Mais tout cela est très organisé et les guides communiquent constamment par radio afin d’éviter les bouchons, organisant de nombreuses pauses, l’occasion d’explications variées. Il nous faudra ainsi près de trois heures pour atteindre la lèvre des cratères à la tombée du jour.

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Le cratère ouest

A cet endroit commence le spectacle car sur l’autre versant, s’ouvrent les trois cratères en activité, quelques centaines de mètre en contrebas. Nous somme surpris par une première explosion, puis, après avoir longé l’arête nous prenons confortablement position à l’aplomb du cratère Sud-ouest. La nuit finit de tomber et progressivement, nous devinons les lueurs de la lave au fond de ces gouffres impressionnants. Les conditions sont idéales car le vent chasse la fumée à l’opposé de notre observatoire. Les explosions s’enchainent et a peine l’une s’éteint nous guettons avec impatience d’où, des trois cratères, viendra la suivante. Nous restons plus d'une heure à contempler ce spectacle magique et envoutant.

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Nous y passerions bien la nuit, au chaud dans nos doudounes. Mais bientôt, une colonne de lumignons commence à serpenter en direction du village. Il est temps de redescendre… Le sentier du retour est très confortable, et emprunte une grande coulée de cendre noire. Nous arrivons au village vers 21 h et nous nous engouffrons dans la première pizzéria venue. Ce soir, nous nous couchons bien plus tard que d’habitude.

En 1930, une grosse irruption du Stromboli envoya des pierres qui tombèrent jusqu’au village, ce qui entraîna la désertion de l’ile. Vers 1950, le tourisme lié au volcan va redonner vie au village et deviendra pratiquement la seule activité économique de l'ile. En 2014, le cratère nord-ouest s’effondre et libère une coulée de lave (Sciarra Del fuoco) qui coulera jusqu'à la mer de juin à décembre. Les visites reprendront courant 2015.

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Le bivouac du Stromboli au milieu des épaves de bateaux.

  • Mercredi 26 octobre 2016 :

Le temps est calme, ensoleillé et sans vent. Bref, les conditions idéales pour faire le tour de l'ile.

Nous embarquons vers 9h en direction de l’ouest. Nous longeons l’extrémité ouest du village faite de jolies maisons blanches adossées à des falaises et des congloméras volcaniques noirs et aux formes torturées. Nous parvenons progressivement à la Sciarra Del Fuoco. C’est un immense cône fait de cendres et de blocs volcaniques qui descendent directement des cratères vus la veille. A intervalles réguliers, nous entendons les grondements du volcan suivi de panaches de fumée et parfois de petit blocs qui roulent jusqu’à la mer. Au centre, la coulée de lave de 2014 est bien visible.

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L'impressionnant éboulis de cendre et de la lave de la Sciarra del Fuoco.

Nous prenons le temps d’admirer les caprices du volcan, avançant au ralenti, admirant les contrastes de couleurs avec la végétation qui reprend progressivement ses droits. Mais, notre halte contemplative est interrompue par une vedette des carabineris qui prient les inconscients que nous sommes de bien vouloir prendre nos distances avec la cote. Celles-ci sont normalement de 500m. Nous nous écartons un peu et continuons notre navigation en marche arrière pour profiter encore de cet instant unique.

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Nous arrivons finalement à Ginostra, l’autre village de l’ile. Dans le minuscule port, blottis derrière quelques gros récifs noirâtres, nous voyons descendre sur le raide chemin empierré un homme et son âne. Il effectue de nombreux aller et retours pour monter des sacs de ciment vers le village situé 50m plus haut, au dessus d’une falaise. Il n’y a aucune voiture et pas grand monde. La plupart des habitations semblent vides. Nous achetons quelques vivres à l’épicerie bazar et cassons la croute à l’ombre de l’église. Nous allons ensuite flâner dans les petites allées pavées qui desservent les maisons et les jardins potagers. Il fait trop chaud pour aller très loin, et nous redescendons au port. Nous finissons notre tour de l’ile tranquillement.

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Le petit port de Ginostra, blotti derrière des récifs de roche volcanique.
On devine les premières maisons du village auquel on accède par un chemin empierré.

Prenant la météo, comme chaque jour, le temps semble se gâter. Sandrine part à la recherche d’un éventuel logement pour la nuit, car si nous aimons le camping, déjeuner et plier le campement sous la pluie ce n’est pas notre tasse de thé quand on peut faire autrement, et cela sera l’occasion de faire un peu de toilette et de recharger le matériel électrique.

Nous trouvons notre bonheur à la première guérite d'agence touristique, près du port. On nous propose une grande chambre avec kitchenette tirons pour 20€ par personne. Nous allons démonter le camp, chargeons les kayaks que nous laissons sur leurs chariots près de l’embarcadère. La pluie ne tarde pas, nous avons fait le bon choix. Bon petit repas plus élaboré que d’habitude grâce aux commodités et aux épiceries bien achalandées

  • Jeudi 27 octobre 2016 :

Il pleut des trombes d’eau en début de matinée, puis le soleil refait son apparition. Le ferry arrive vers 14h00 et restera à quai pendant plus d’une heure, le temps pour les différents camions d’aller décharger leur cargaison et de reprendre d’autres marchandises.

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En route vers Panarea. Le ferry est loin d'être plein.

Nous partons vers 15h15 quasiment seuls. Les camions sont sur le ferry sans leurs chauffeurs. Partis sous un franc soleil, nous profitons du pont ouvert pour profiter des paysages et des ilots qui précèdent Panaréa. Cependant il y a des nuages noirs à l’horizon de mauvaise augure.

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La jetée de Panaréa. Pas étonnant que le moindre coup de vent interrompe le trafic maritime et nous en ferons les frais le lendemain.

A Panaréa, l' n’y a pas vraiment de port protégé, simplement une jetée pour les ferrys avec un bar en arrière plan et une vague plage de gros galets ou attendent quelques petites barques de pécheurs en plus ou moins bon état. C’est là que nous laissons les kayaks avant de partir à la recherche d’un bivouac. Nous en trouvons un idyllique à 150 m au sud du débarcadère sur une pointe rocheuse. Une belle plate forme domine la mer avec en arrière plan la silhouette du Stromboli, et un peu caché du reste du village. Seul hic, nous sommes visiblement dans l’enceinte privée d’un hôtel de luxe fermé. Mais c’est un tel panorama, que Philippe motivé part en reconnaissance pour demander une éventuelle autorisation. Les ouvriers du bâtiment qui travaillent le renvoient vers une charmante responsable qui lui donne son accord de principe, mais nous incitant à aller demander l’aval des carabinéris, car le camping et le bivouac sont théoriquement interdits sur l’ile.

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Nous allons voir la météo qui est plutôt mitigée. Pour le kayak, déjà c’est râpé, vue les conditions de mer annoncée, mais surtout, il va peut être pleuvoir. Nous sommes tiraillés, avec un si beau bivouac. Philippe a tout hasard jette un œil sur Internet et trouve un gite sur booking.com. Il est proposé avec une remise promotionnelle de 86 % soit 64€ au lieu de 450. Ça ne se refuse pas et nous oublions notre joli bivouac pour nous réfugier dans un petit studio luxueux avec terrasse et situé pas très loin du port. Cette ile a l’air de concentrer toutes les fortunes de la région. Un premier petit tour du village nous laisse rêveurs devant le standing des propriétés…

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Bivouac 3 étoiles. Ici au moins nous serons à l'abri.

  • Vendredi 28 octobre 2016 :

Il a plu durant la nuit. Sur la mer, le mauvais temps est installé et une grosse houle se fracasse avec violence sur les quais du port, mais, cela ne nous tracasse pas trop, car nous avons l’ile à visiter et il fait grand beau. Nous avons découvert qu’il y avait une vrai boulangerie et nous allons acheter de quoi piqueniquer durant notre ballade ainsi que quelque pâtisseries.

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Aujourd'hui, pas question de naviguer...

Avant de partir, par acquis de conscience, nous allons vérifier les horaires des Ferrys pour Lipari car nous avons décidé de rejoindre Lipari l'après-midi. Et là, coup de bambou, l’hôtesse nous apprend que tous les ferrys sont annulés jusqu’à mardi 1er novembre. Nous téléphonons à Eugenio pour voir s’il ne connaitrait pas quelqu’un sur Lipari qui puisse nous faire la navette, car sur l’ile il n’y a que de petites barques et nous ne pouvons pas mettre les kayaks dans les hydrofoils qui finiront bien par pouvoir reprendre leur service de liaison. Il promet de se renseigner mai assure que de toute manière la météo va s’arranger et qu’on pourra traverser en kayak dimanche. Nous convenons de reprendre contact en soirée. En attendant, direction le sommet de l’ile, on ne va pas se laisser abattre pour si peu.. Un agréable sentier traverse le village très coquet avec une végétation luxuriante puis il nous amène au point culminant avant de replonger sur la cote sud est très découpée.

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La punta Milazzese au sud de l'ile et ses vestiges préhistoriques.

De retour à notre port de départ, la mer est toujours aussi mauvaise et nous  visitons tous les petites impasses et les moindres recoins du village, hésitant sur notre bivouac, ayant un peu peur d’être délogés par les carabineris. Mais, il n’y a rien d’aussi bien. Nous nous faisons à manger sur la terrasse fermée d’un restaurant puis allons installer nos tentes juste avant de nous coucher. Eugenio nous a rappelé, il a trouvé un bateau, mais pour 300 € !... Pas pour nous, du moins pour l’instant....

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Les squatteurs de Panarea...

  • Samedi 29 octobre 2016 :

Il y a toujours autant de vent et l’accalmie n’est pas annoncée avant ce soir. Heureusement, il fait beau, alors nous passons le temps en nous baladant dans le village et en allant voir quelques fumeroles sur une plage au nord de l’ile. Les Alifax ont repris du service et à chaque voyage l’ile se dépeuple un peu plus. Dans l’épicerie, les rayons sont presque vides, les boutiquent sont fermées ou en train de préparer la saison d’hiver en déménageant les stocks restants. Il ne reste plus que les locaux et des travailleurs visiblement émigrés qui attaquent des chantiers dans de nombreux endroits. Ce soir, nous nous mitonnons un petit ragout de pomme de terres toujours sur le port et nous passons une nouvelle nuit sur la terrasse de notre hôtel en remontant les tentes après le repas.

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  • Dimanche 30 octobre 2016 :

Lever à 6h30. Avec le changement d’heure, il fait encore nuit. Le vent est tombé et nous allons enfin pouvoir quitter l’ile. Nous embarquons sans problèmes à 7h45 et longeons la cote jusqu’à la pointe sud puis c’est la traversée proprement dite, soit 16,6 km. La houle résiduelle nous pousse un peu et il n’y a presque pas de vent.

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Le beau temps est revenu, la mer est calme et les fumée du Stromboli montent droit dans le ciel.

Avec quelques petits arrêts pour grignoter des biscuits et des fruits secs, en 2 h et demie nous atteignons la pointe de la Castagna sur Lipari. Puis nous longeons la cote vers le sud jusqu’à la plage de Porticello où une carrière de pierre ponce, aujourd’hui abandonnée, dénature un peu le paysage. Nous soufflons un peu, visitons l’extérieur de cette friche industrielle et cassons la croute sans tenir compte de l’heure encore matinale.

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L'arrivée sur l'ile de Lipari et son impressionnante carrière de pierre ponce.

Les conditions étant très favorables, nous décidons de repartir vers le nord pour revoir la superbe cote Ouest que nous avions parcourue dans l’autre sens sous la pluie. Durant la première partie, nous sommes entourés par endroits de morceaux de pierre ponce qui flottent à la surface de l’eau. C’est surprenant…

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La côte ouest de Lipari

De nouveau, nous apprécions la variété des paysages et les contrastes de couleurs de cette cote. Vers 13 h 30, nous parvenons à la plage de Valle Muria ou nous avons choisi de poser notre bivouac. Le site est superbe et nous partageons la plage avec quelques touristes venus à pied par un sentier escarpé.

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Le bivouac de Valle Muria

A la tombée du jour, une petite bise du nord se lève nous obligeant à sortir les doudounes, alors que quelques heures avant les gens se baignaient. A la nouvelle heure, il est 19h30 lorsque nous regagnons nos tentes. Les 34 km de la journée nous ont un peu fatigués.

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  • Lundi 31 octobre 2016

Nous nous levons avec le jour. Le ciel est clair, la mer est calme et nous descendons tranquillement vers la pointe sud. C’est également une partie très belle, avec arches, ilots et de nombreuses pointes volcaniques qui jaillissent de la mer avec le cratère de Vulcano et ses fumeroles en arrière plan. Notre point de départ est en effet tout proche puisqu’un petit kilomètre sépare les deux iles.

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Comme il nous reste du temps avant de rendre les kayaks, nous en profitons pour remonter la cote est et visiter la ville de Lipari que nous ne connaissons pas encore. Par contre, nous nous retrouvons sous le vent, toujours NE et bien marqué. A Lipari, nous débarquons sur une petite plage de sable abritée par le port et à coté d’une place très animée. Contrairement à Panarea qui est désertée l’hiver, Lipari est la plus grande ville des iles Eoliennes et nous offre une animation toute sicilienne. Ça parle fort, avec les mains, ça circule dans tous les sens et on sent qu’il y a une vie pas seulement centrée sur le tourisme.

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La Marina Corta de Lipari

Nous laissons nos embarcations et déambulons dans le centre historique de la ville. Nous craquons dans une pâtisserie pour de succulentes glaces et revenons ensuite pour prendre un assortiment de petits gâteaux pour le dessert et quelques parts de pizza. Après avoir piqueniqué sur les bancs du port, nous repartons en début d’après midi, bien repus. La houle et le vent étant toujours là, nous renonçons à aller plus au nord, et rejoignons Vulcano. Ce n’est pas très confortable, mais, nous maitrisons beaucoup mieux le comportement de nos kayaks. Arrivés dans la baie de Vulcano, nous avons cette fois le vent dans le dos, idéal pour profiter de quelques surfs.

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A 13 h 30, comme convenu, nous débarquons au centre de kayaks ou nous attend Eugenio. Comme d’habitude, son accueil est chaleureux, et après qu’il ait vérifié que nous n’avions pas abimé ses bateaux, il nous rend notre caution. Nous profitons des commodités pour rincer notre matériel, faire le tri et nous doucher.

Le soir, nous squattons un camping fermé pour limiter. Apéritif sur "nos" bancs au port ou il y a moins de moustiques puis repas au restaurant.

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Les hydrofoil relient les iles plusieurs fois par jour avec des temps de trajet relativement courts.Dommage qu'ils soient aussi bruyants.

  • Mardi 1er novembre 2016 :

Nous prenons un des premiers hydrofoils pour Milazzo d’où nous rejoignons facilement Catane. Il y a bien sûr des bus au port avec changement à Messine, mais un chauffeur privé vient nous proposer le transfert direct pour 50 €. A 9 h 30 nous sommes à Catane après un trajet toujours aussi sportif durant lequel le compteur de la Sharan flambant neuve affichait des pointes à 170 km/h.

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La Punta del Perciato, au sud de Lipari, et au fond le cratère de Vulcano

Quelques infos sur la logistique :

  • Location des kayaks

Nous avons loué les kayaks à Sea Kayaking Aeolian Islands (http://www.sicilyinkayak.com), une petite entreprise de guidage et de location de kayaks située sur l'ile de Vulcano et tenue par Eugenio Viviani. Nous avons pris contact avec Eugenio 6 mois avant notre départ et en lui faisant un petit état de notre expérience. Nous devions être plus nombreux, cela a du jouer aussi. Nous avons rencontré à Lipari des français pourtant sans doute bons kayakistes qui ont essayé de lui louer des bateaux en dernière minute une journée pour emmener des amis débutants, il a refusé.

Cela nous a couté pour 11 jours (il nous a laissé les kayaks le vendredi alors que c’était convenu le samedi) : 250€ + 30€ de chariot.

  • Transports

Nous sommes arrivés à l'aéroport de Catane et donc il nous a fallu aller à Milazzo pour prendre un ferry en direction des iles. Mais il existe aussi des ferries qui partent de Palerme, c’est à étudier, car les transferts, s’ils sont faciles prennent du temps.

Nous avions loué à l’avance un hébergement à notre arrivée et la veille du départ. Pour le reste c’est facile d’improviser en dehors de la saison haute.

  • Ferrys

Pour rallier les iles il existe des ferrys et des hydrofoils (bateaux rapides). Ces derniers constituent l'essentiel du trafic mais ne prennent pas les kayaks. Les ferries sont plus rares, et dans certaines iles comme Stromboli ou Panaréa, ils peuvent être annulés si la mer est mauvaise. Il faut donc bien anticiper en suivant les prévisions météos.

Les prix des ferries ou hydrofoils tournent autour de 15€ par trajet, les kayaks comptant pour quelques euros seulement.

  • Nourriture :

Dans chaque ile, et même chaque port, il y a au moins une épicerie ouverte même le dimanche avec toujours des fruits et légumes à des prix très abordables. Les boulangeries, les bars ou restaurants proposent une belle variété d'encas consistants type panini, pizza ou spécialités de boulettes de riz fourrées et cela pour un prix très modique. Sans parler bien sûr des glaces et des biscuits artisanaux. Pour la cuisson, nous avons vu des cartouches de gaz à valve à Vulcano et sur Salinas dans des magasins un peu bazar vendant du matériel de pèche et ayant le macaron camping gaz. Nous avons également trouvé de l'alcool dénaturé à l'épicerie de Vulcano.

  • Météo

Durant notre séjour, nous nous sommes principalement servi du site météo que nous avait donné Eugenio : www.windfinder.com
Celui-ci nous a semblé globalement assez fiable.

9 mars 2016

Côte sud de la Crête sous la tourmente...

La Crête est de toute évidence une belle destination pour le kayak de mer : des falaises impressionnantes, des criques de rêve, des grottes et de charmants villages côtiers où il fait bon manger et boire l'incontournable Raqui. Des amis spéléos et kayakistes occasionnels avaient fini de nous convaincre en ventant le climat et  l'accueil exceptionnel des crétois. Pour ce nouveau périple l'équipe traditionnelle s'est un peu étoffée. Nous serons donc 8 à prendre la mer. Il y a bien sûr les habitués (Pierre et Carole, les deux Philippe, Sandrine et Patrick) et pour la première fois, Mazout un bon kayakiste de rivière qui nous sera bien utile dans certaines situations "délicates", David, néophyte en kayak mais pas en sports de pleine nature et Sophie, la compagne de Philippe qui restera sur la terre ferme en partageant quand cela sera possible, certains de nos bivouacs.

Pour l'organisation nous passerons donc par une agence locale (enjoy-crete.com ) pour nous louer les kayaks et nous aider à monter notre périple. Et comme nous aimons bien varier les plaisirs, nous consacrerons un peu de temps à quelques voies d'escalades en début de séjour.

Carnet de bord

  • Dimanche 18 octobre 2015

(Patrick,Sandrine,Philippe,David, Sophie)

Escalade dans les gorges de Yerisso. Nous avions demandé à Stélios avant d’entamer le périple en kayak le long de la cote sud de faire quelques jours d’escalade pour quatre d’entre nous, éventuellement dans des grandes voies pas trop dures. Il a choisi pour cela des sites près de Chania, proche de l'aéroport où nous arrivions et du point de départ pour notre périple en kayak et intéressant pour grimper à notre niveau.

 

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Aristote dans l'une des voies qu'il a équipées

Il vient donc nous récupérer sur un parking de la ville et accompagné d’Aristote, breveté en escalade et principal équipeur de l’ile, nous partons vers le site qu’ils a choisi. Petit arrêt en route pour acheter de quoi pique-niquer, de l’eau et quelque sucreries. Nous passons la journée en rive gauche des gorges, heureusement en partie à l’ombre, car pour une fin octobre, il fait encore bien chaud. Le rocher est superbe, il y a quelques minutes de marche d’approche et nous sommes seuls avec un grand nombre de chèvres dont les sonnailles nous accompagnent. Les voies sont très bien équipées, à notre niveau, (5+6a),  mais, si elles font bien trente mètres, elles n'ont hélas qu'une longueur. Pour nous achever, Aristote nous équipe en moulinettes quelques voies un peu plus difficiles où nous nous explosons les bras.

Le soir, nos guides nous laissent dans le village de Thérisso à quelques km en amont. Stélios nous négocie deux chambres (30 €/ch) dans une sympathique auberge. En cette fin d’après midi une vingtaine de tables sont pleines de familles en train de finir de manger, l’adresse doit être bonne.

Soirée tranquille avec repas en terrasse. Cela s’est bien rafraichi et nous supportons fourrure polaire ou doudoune. Les doses d’Ouzo ne nous semblent pas très raisonnables : 10 cl dans un verre servis avec un grand verre d’eau a coté pour 1,50 €. C'est redoutable, car après nous goutons blancs et rouges locaux, et aucun repas ne se terminera sans le Raki, un digestif local accompagné de quelques sucreries ou fruits offerts gratieusement. Nous sommes seuls et la fatigue de la journée se fait vite sentir. Nuit agitée entre les différents chiens et coqs qui nous réveillent continuellement.

  • Lundi 19 Octobre 2015

Les mêmes

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Nous improvisons un petit déjeuner dans nos chambres car il y a café en poudre, plaque chauffantes, un peu de vaisselle et quelque biscuits. Dans le village tout est fermé et personne à la pension n'est réveillé. Nous rejoignons à 9 h Aristote un peu plus bas dans les gorges. En fait nous sommes motorisés pour l’occasion car Sophie, la compagne de Philippe passe le séjour avec nous sans participer à toute nos activités. Elle nous sert de chauffeur à l’occasion, ce qui nous dépanne bien et libère nos guides a qui nous laissons nos sacs avec le matériel pour le kayak. Aristote en profitera les deux jours  pour aller rejoindre des copains pour grimper après s’être occupé de nous et il dort dans sa voiture sommairement aménagée.

Il nous emmène cette fois dans un autre site, en rive droite, qu’il a équipé dernièrement. C'est juste au dessus  de la route, mais, les voitures sont vraiment rares et le calme règne. Nous retrouvons avec plaisir le rocher magnifique avec de jolies lignes. Nous commençons avec des voies en 4 et 5a bien agréables pour nous échauffer et passons aux choses plus sérieuses avec des 6a et 6a+ bien soutenus de 30m.

Vers 14h, nous en avons hélas déjà plein les bras et comme le soleil commence à cogner sérieusement nous abandonnons, quittons Aristote après avoir échangé nos adresses s’il vient grimper en France, et prenons la direction de Paleochora.

Il nous faut environ, 2h pour rejoindre cette jolie petite ville. Nous trouvons des chambres pour nous tous chez une gentille grand mère. Elle nous accueille avec orangeade et biscuits maison pour nous souhaiter la bienvenue. La encore, il y a frigo, vaisselle et plaque chauffante, comme dans la plupart des chambres que nous louerons et les prix sont de 15€/p. Nous avions fait des recherches  sur internet, en arrivant sur le port, mais après coup, nous nous rendons compte qu’il suffit de demander au hasard en négociant éventuellement ou d’attendre que quelqu’un nous  propose un logement. Nous sommes en basse saison. Nous échangeons quelques sms avec les 4 autres compères qui doivent nous rejoindre dans la soirée. Pierre et Carole ont trouvé une chambre de leur coté et nous rejoindrons pour l’apéro. Comme il est encore tôt, nous en profitons pour commencer à faire les courses pour la suite. Le village est bien équipé, avec plusieurs épiceries, des boulangeries avec beaucoup de pâtisseries et biscuits salés ou sucrés, une banque, pharmacie et marchands de fruits et légumes. Nous trouvons de l’alcool pour notre réchaud canette qui complète ceux à essence plus efficaces lorsqu'il s'agit de cuisiner pour 8. Nous notons qu’il y a aussi des cartouches de gaz classiques à perforer et d'autres qui se clipent. Le soir Mazout et Philippe2 en provenance des gorges de Samarias nous rejoignent après avoir eu un peu de mal à nous trouver ainsi que  Pierre et Carole qui ont été plutôt sur la cote ouest. Apéro dans une des chambres, et nous trouvons un restaurant à coté ou nous dégustons un assortiment d’entrées et de plats traditionnels : lapin, moussaka et autre spécialités..

  • Mardi 20 Octobre 2015

Le vent s’est levé, et la mer est agitée. Pas de pression, on verra ce que nous dira Stelios avec lequel nous avons rendez vous à 10 h. Il nous donnera la météo tout au long du parcours, et nous sommes en vacances, de toute manière on est là pour se faire plaisir. Nous déjeunons de patisseries ,allons terminer les course : pain, fromages, légumes et fruits. Espérons qu’on pourra partir…

Il arrive un peu en avance directement d’Héraklion ce qui lui fait plus de trois heures de route. Nous découvrons les kayaks qui nous font très bonne impression. Il a prévu tout le matériel de sécurité nécessaire et quelques sacs étanches en plus au cas ou.. Il nous donne aussi un téléphone portable grâce auquel nous pourrons échanger des sms pour la météo et ses conseils de navigation. Nous étudions la carte avec lui, il nous indique les différents bivouacs et surtout les zones ou en fonction de la météo, il y a des couloirs ou les vents catabatiques s’engouffrent et peuvent devenir dangereux car imprévisible et très violent... En fait, les conditions de navigation locales n’ont pas l’air aussi faciles que nous ne le pension ou bien est ce lui qui est un peu inquiet… Malgré tout, pendant nos préparatifs le vent tombe un peu  et nous pouvons embarquer...

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Vers 11h15, tout est chargé, après avoir renoncé à quelques affaires comme sièges, corde d’escalade, vêtements, bouquins, jeux de cartes…. Nous achetons des sandwichs à la boulangerie voisine pour un prix ridicule, et du coup, avec quelques fruits et sucreries , le pique nique est assuré, sans compter deux thermos pour un café ou une soupe… Nous prenons la mer, laissant Sophie qui nous rejoindra en fonction des escales si c’est possible. La houle reste marquée, d’autant plus que le vent a viré à l’ouest. Au premier cap, la mer est bien agitée et la mise en jambe pour les moins aguerris est rude. Nous atteignons Sandy Beach une heure plus tard mais trop contents d’être sur l’eau, nous décidons d’aller faire une reconnaissance un peu plus loin afin de nous rapprocher du cap au cas ou il y aurait une autre plage. Malheureusement, il n’y en a pas et nous faisons demi tour avec le vent de face pour nous poser à Sandy beach  vers 14h15. L’après midi est consacré à quelques exercices en kayak pour les uns, sieste ou essai de snorkeling pour les autres, lecture….

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En fin de journée, lorsque nous décidons de monter les tentes, la météo dégénère avec de grosses bourrasques de vent et de la pluie… C’est un peu la panique mais cela permet de repérer les mares qui se forment ça et là et comme par hasard, dans les endroits qui semblaient les plus accueillants…. Comme si nous n'avions pas d’expérience dans ce domaine… Heureusement, les températures restent clémentes. Au bout de la plage un genre de paillotte sert en journée boissons et encas. Il y a des tables et des bancs. Nous nous y installons pour nous remettre de nos émotions une fois l'orage passé. Après l'incontournable petit  ouzo accompagné de quelque amuses gueules nous préparons notre repas. Sophie peut meme nous faire une petite visite car une route passe pas loin.

  • Mercredi 21 Octobre 2015

Le vent est retombé et la mer est calme. Le ciel est gris mais pas menaçant. Nous nous levons à 6h30. Il fait encore nuit. En 1h30, nous sommes prêts à embarquer avec le jour qui se lève. Nous sommes tous rodés à la manœuvre et, malgré le nombre, efficaces. Nous longeons la côte, cette fois ci sans la houle, et profitons du paysage. Après une première partie le long de gros blocs effondrés, nous parvenons aux falaises qui bordent le cap, le contournons facilement et arrivons après deux heures de navigation à Lyssos, petite crique sauvage entourée de falaises. Nous nous y arrêtons pour aller visiter des ruines et faire une petite ballade en prenant de l’altitude. Un sentier qui suit une partie du littoral permet de profiter de la vue. Sandrine sort masque, palme et tuba pour voir si les fonds sont beaux.

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La petite crique de Lissos

A midi, nous faisons une grosse salade complétée par du boulgour qui nous cale pour la suite. Nous prenons ensuite la direction de Sourgia. Le vent se lève peu à peu et de gros nuages noirs surgissent à l’ouest. Nous n’avons pas encore atteint le cap suivant que le tonnerre commence à gronder. La pluie nous rattrape ensuite alors que nous approchons de la plage et nous débarquons sous des trombes d’eau devant un restaurant dont la terrasse abritée nous sert de refuge. Nous nous changeons et allons boire quelque choses de chaud à l’intérieur .

Crete-034Ballade à travers les ruines de Lyssos.

Un peu réchauffés, nous voyons défiler les randonneurs dégoulinants qui reviennent de Lyssos par le sentier côtier. Ils font peine à voir, complètement trempés avec pour certains aucun vêtement de pluie .

Il est trop tard et nous n’avons pas assez d’énergie pour aller plus loin une fois l’orage passé, aussi, nous installons nos tentes sur la plage dans un secteur avec quelques arbres ou des touristes allemands campent ou ont stationnés leurs campings cars. Comme sur beaucoup de plages, il y a quelques douches et un point d’eau, ce qui est bien pratique. Le contact avec Stelios n’est guère encourageant car la météo des prochains jours semble exécrable… On verra demain. Repas au resto ou comme toujours nous sommes conquis par la cuisine servie et l’accueil.

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  • Jeudi 22 octobre 2015

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Le vent s’est levé dans la nuit et atteint force 5 au matin. Pas question de prendre la mer. Du coup, nous déjeunons tranquillement. Nous arrimons solidement les kayaks aux arbres et aux tentes.  Nous passons ensuite à la boulangerie acheter quelques spécialités salées et sucrées, prenons quelques fruits, tomates, poivrons et thermos et partons faire une randonnée en direction de la grotte de Polyplion. Le cheminement se fait sur un vaste chemin carrossable qui serpente entre les enclos de chèvres et les oliviers puis nous suivons un sentier qui prend de la hauteur et longe la mer en balcon passant à travers des forets clairsemées de pins. La vue est très belle et nous pouvons deviner ce qui nous attend pour les prochains jours.

Pour accéder à la grotte, nous faisons un large détour qui nous amène au bord d’un grand ravin qui plonge vers la mer. La cavité que nous trouvons ensuite n’a rien d’extraordinaire, mais le site est beau et nous trouvons un endroit confortable  pour nous restaurer. Nous continuons le sentier qui monte et tombons bientôt sur d’énormes dolines aux parois verticales que nous prenons plaisir à explorer à la recherche de quelque continuation prometteuse. Le virus de notre passion première, la spéléologie, reprend le dessus, alors que nous somme la pour justement changer d’activité. Nous trouvons quelques trous marqués et quelques départs pas bien engageants.

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La grotte de Polyplion

Nous redescendons ensuite par un autre sentier sur le village à l’aplomb de l’antenne. Re resto...

  • Vendredi 23 octobre 2015

Durant la nuit, nous essuyons deux orages violents. La tente prend un peu l’eau, mais résiste finalement assez bien au vent. Nous nous levons à 6 h pour profiter d’une éventuelle petite fenêtre météo. Il fait nuit, bien sur, et le ciel est chargé. Embarquement 1h30 plus tard, précédés par un orage qui  laisse entrevoir au loin de forte averses. Nous comptons nous arrêter à Aagios Antonios, près d’une petite église isolée en bord de mer, mais, il n’y a pas vraiment de plage et, la mer est trop houleuse.

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Petites grottes à Agios Nikolaos, mais l'accostage est trop délicat...

A Agios Nikolaos, nous faisons une petite pose pour manger quelques sucreries sans pouvoir débarquer. L’orage est toujours devant nous et un autre nous suit de près. C’est un peu chaud, la foudre en mer n’est pas conseillée. Nous repartons et approchons de la plage de Dhomata au débouché des gorges de Kladhou. L’endroit est superbe, les couleurs de la mer sont magnifique allant du bleu clair à l’ocre. C’est tentant de s’arrêter, mais, l’accostage parait difficile, il y a de gros rouleaux et nous préférons aller vers la seconde plage, un peu plus loin. Lorsque nous arrivons en face d’elle, nous hésitons, car il y a aussi de gros rouleaux, mais l’orage arrive sur nous, le vent s'intensifie, il pleut à seau, et la houle hachée devient très mauvaise. Mazout se lance pour faire une tentative de débarquement et, à l’arrivée, il dessale dans les rouleaux. Nous hésitons peu de temps car la suite vers le cap semble redoutable… Il faut se lancer et les uns après les autres, nous fonçons vers la plage. Les premiers arrivés essaient d’aider les autres à accoster. Sandrine se fait rattraper par une grosse vague qui propulse son bateau à la verticale. La chandelle parfaite. Elle préfère s’éjecter de peur qu’il ne lui retombe dessus. Heureusement, il n’y a pas de casse. Nous tirons un peu les kayaks et allons nous abriter sous de gros blocs abrités du vent.

Crete-110Après un débarquement "olé-olé", l'orage s'abat sur nous d'un seul coup.

Crete-122Nous trouvons refuge sous un gros bloc en attendant de trouver un autre abri plus confortable.

Une petite boisson chaude grâce aux thermos nous requinque un peu. Nous contactons Stelios par sms et il nous conseille de rester là pour la soirée, et d’essayer de partir le plus tôt possible le lendemain pour passer le cap avant que les conditions ne se redégradent de nouveau et ceci pour plusieurs jours. Rapidement, la pluie s’arrête et le soleil vient nous réchauffer et donner une belle luminosité à cet endroit. Nous sommes bien contents d’en profiter pour cette soirée, et on verra la suite demain. Nous nous installons plus loin dans une petite cavité sommairement aménagée avec du bois flotté. On tend des fils pour sécher les affaires et chacun trouve une place pour sa tente. Soirée agréable face à la mer qui se calme peu à peu.

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  • Samedi 24 octobre 2015

Crete-164Réveil à 6h. Le ciel est étoilé, il n’y a pas de vent et les rouleaux sont moins forts. L’embarquement est toujours aussi folklorique et on aide chacun à partir en poussant les bateaux. Malgré tout, Patrick se fait renverser avant de réussir à sa deuxième tentative. Mazout se dévoue pour partir le dernier en commençant par nager en tirant son kayak. Passé les premières vagues, nous l’aidons à remonter dans son bateau. Ouf, nous soufflons un peu, contents de pouvoir repartir, profitant d'une mer agréable à naviguer. Nous arrivons à Agia Roumelli vers 9h00.

La mer est calme et le ciel lumineux. Stélios a bien insisté pour que nous n’allions pas plus loin, même si la mer nous semblait engageante car au cap suivant nous risquons d’avoir une zone de vents catabatiques très violents. Nous prenons un petit jus d’orange frais à la première terrasse, rangeons et arrimons les kayaks entre eux en prévision des prochains vents annoncés. Nous partons ensuite à la recherche de chambres. Pas de problème pour trouver de quoi se loger pour 10 € chacun.  Du grand balcon faisant tout le tour de l’étage ou sont les chambres, nous pouvons profiter de la vue et nous retrouver  pour l’apéro. Il y a peu de monde dans le village qui est pourtant au débouché des célèbres gorges de Samaria. Mais celle-ci sont fermées à cause de la météo qui pourrait occasionner des chutes de pierres.

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La plage d'Agia Roumelli

Nous pique-niquons sur le balcon après avoir acheté quelques vivres et allons ensuite faire une belle ballade au dessus du village en montant vers le fort qui domine la baie. Le soir il fait toujours aussi beau, pourtant, au nord de l’ile c’est déjà la tempête dont nous aurons des échos ensuite par Sophie qui s'y était installée. Nous serions bien allés plus loin, mais nous nous faisons une raison… Nous sommes en vacances, il fait beau et nous allons profiter de la soirée dans un restaurant ou Mazout a passé la journée pour mettre à jour son blog. C’est la fin de la saison, ils vont fermer dans quelques jours et il n’y a plus que deux plats sur la carte : agneau et moussaka. Avec une salade grecque, boisson, dessert et digestif nous en avons pour 8 €. A 21h nous sommes au lit, nous avons refusé les multiples tournées de raki proposées par le restaurateur. Trop c'est trop… Vers 4h30, le vent se lève brusquement et de violentes rafales nous réveillent…

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  • Dimanche 25 octobre 2015

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Cette fois ci, nous avons de bonnes raisons de ne pas naviguer. Visiblement, le vent souffle à 6 voir 7 beaufort. Nous prévoyons donc de quitter Aghia Roumeli par le ferry de 16h30 qui nous déposera avec les kayaks dans le port de Loutro. En attendant, nous avons largement le temps d’aller visiter les gorges d’Elighia. On les atteint par un sentier qui longe le rivage en allant vers l’est. Elles sont moins spectaculaires que celles de Samaria, mais la randonnée est agréable au milieu des pins et des cypres. Nous remontons jusqu’à un espèce de verrou qui barre le canyon à 700 m d’altitude. Au-delà, le sentier continue dans un défilé qui semble plus étroit. Nous avons une belle vue sur la mer et profitons d’être à l’abri du vent pour casser la croute. A notre retour à Ahgia, le vent est toujours fort. Nous embarquons les kayaks sans problème et le patron de la taverne de la veille nous donne deux bouteilles de 5 l de jus d’oranges pressées qu’il a sorti de son congélateur à cause de la fin de la saison touristique. Une fois sur le bateau, nous en proposons à nos voisins et faisons le plein de vitamines. Nous profitons de la vue sur la cote désertique très belle et regrettons encore de ne pas avoir pu la longer en kayak, d’autant que le vent a l’air d’être un peu moins fort…

Du coup, arrivés à Loutro, nous décidons d’enchainer directement par une petite navigation jusqu’à Likos ou nous espérons trouver un bivouac. Il faut faire vite car il est 17h30 et la nuit est presque là. Ici, la mer est calme. Rapidemment prêts, nous partons  mais c’est dans la pénombre que nous cherchons une première plage ou accoster. Nos copains spéléos nous ont indiqués ici un gîte tenus par des amis, mais de nuit, nous ne voyons pas grand-chose et, guidés par des lumières de la côte, nous repartons un peu plus à l’est sur la baie de Finikras.

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Navigation de nuit dans la baioe de Finikras.

Nous n’avons plus l’énergie pour chercher un bivouac dans la nuit, et une jolie pension avec balcons face à la mer nous parait la meilleure des solutions. Sandrine va s’informer des prix, et revient en annonçant que ce sera 20 € la chambre comme nous sommes nombreux.  Le temps de s’installer tout ragaillardis, nous redemandons malgré tout confirmation, et cela devient 30 €. Pas contents, car ce n’est pas la première fois que cela nous arrive nous boycottons le restaurant et faisons notre petite popote sur les deux grands balcons de nos chambres. Et avec le jus d’orange et le raki, nous avons de quoi faire de subtils mélanges.

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  • Lundi 26 Octobre :

Le temps est superbe, la mer est d’huile. Après un copieux petit dejeuner nous embarquons pour aller faire des courses et découvrir le village de Loutro. L’arrivée est très jolie avec les façades toutes blanches donnant sur une minuscule plage. Il n’y a pas encore beaucoup d’activité, bien que cela soit un lieu très touristique. Le village est tellement concentré que tout se transporte grâce à des brouettes ou des diables dans la seule ruelle qui traverse les différentes terrasses. Nous trouvons les deux épiceries plutôt pas mal achalandées, mais nous ne sommes pas très difficiles (des fruits et légumes du pain et de l’apéro). Arrêt pour un petit café en terrasse en contemplant la baie et nous repartons pour aller nous installer à la sortie des gorges d’Aradena.

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Après avoir fait cuire 500g de féculant pour la salade composée de notre pique nique, nous prenons un peu de temps pour nous baigner, explorer les grottes marines, retourner en arrière en direction d’Aghia Roumelli, car la portion ou nous sommes autour de Loutro reste toujours protégée des vents du nord grâce à la haute montagne qui la surplombe. Mazout fait aussi travailler les motivés pour des esquimautages avec différentes techniques. Pierre et Philippe restent les derniers à faire le spectacle.

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Le soir, repas bien sympa dans la petite gargote  qui domine la plage du haut d’une petite falaise. Nuit sur les transats de la plage à la belle étoile après avoir eu l’accord du restaurateur…

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  • Mardi 27 octobre :

Il fait très beau mais plus à l’est, nous voyons au loin les nuages venant du nord qui se déversent à partir de brèche entre les différents massifs qui dominent la cote. La bas, la météo annonce des vents force 7 ou 8, mais, ici, nous sommes protégés…

Nous démarrons donc la randonnée des gorges tôt, bien avant l’arrivée des bateaux qui font la navette de plagistes et de randonneurs. Le départ est très encaissé, puis il s’évase un peu pour devenir de nouveau abrupte. Nous sommes seuls et c’est bien agréable. Par moment, des escaliers aériens font prendre rapidement de l’altitude en contournant d’énormes blocs ou pour éviter des ressauts verticaux. Partout, des grottes, des parois aux couleurs variées.

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Vers la fin, nous passons sous le pont d’Aradena perché à 140 m au dessus de nos têtes. Le passage des véhicules sur les bastaings déclenche un grondement inquiétant qui résonne loin dans le défilé. Ensuite, c’est plus débonnaire, et nous commençons à croiser des groupes qui descendent la gorge. Deux beaux chemins empierrés permettent ensuite de rejoindre le plateau de chaque coté du canyon. Nous prenons celui en rive droite pour aller visiter le village partiellement en ruine. La vue sur les gorges est superbe et la traversée du pont métallique impressionnante. Nous rejoignons ensuite la plage d’où nous somme partis par le plateau quelque peu désertique puis en passant par le petit village Luaniona qui domine Lycos. 

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Nous parvenons à Marmara Bay en début d’après midi un peu fatigués par cette grande boucle. Ceux qui rejoignent le bar sont obligés d’accepter une tournée de raki ce qui ne leur redonne pas vraiment de l’énergie. Ensuite, ça bulle un peu…Nous avons toujours l'auberge qui nous a été recommandé à likos, la baie ou nous avions cherché un bivouac de nuit. Nous sommes bien tentés de changer de coin pour la nuit. Sandrine et David qui ont été raisonnables sur le raki ont encore de l’énergie pour aller faire une reconnaissance. Ce n’est pas très loin, et avec les talkies walkies, on pourra rester en contact. Nous sommes accueillis chaleureusement par Pablo le fils de Yourgos et de Maria, et sommes obligé d’accepter un verre de ce maudit raki en gage de bienvenue. Tout le reste de l’équipe rapplique ensuite. Pas de problème pour squatter la mini plage ou les abords de la maison pour la nuit en profitant des sanitaires mais nous ferons les honneurs aux spécialités du restaurant. Pablo qui parle quelques mots de français prend des nouvelles de nos amis habitués des lieux et multiplie les tournées d’alcools divers. Nous battons en retraite en prétextant un lever matinal. Nouvelle nuit sur les transats, c’est très pratique…

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  • Mercredi 28 octobre :

Il fait toujours beau où nous sommes, mais le vent est toujours annoncé force 6 ou 7 après Chora Skafion. L’étape sera donc courte. Nous pagayons tranquillement, faisons un arrêt pour acheter du pain à Loutro puis faisons du rase cailloux jusqu’à la plage de Ghlika Nera et ses sorties d’eau douce qui refroidissent franchement la mer. Nous y restons le temps de manger et de flemmarder un peu.

Crete-306La plage de Ghlika Nera

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Nous repartons avec plus de vent, mais contournons deux petits caps sans problème avant de découvrir la belle plage d’Iligas bordée de grosses grottes et sa sœur jumelle plus sauvage située une centaine de mètres plus loin. Mais bivouaquer dans cette dernière  risquerait de nous poser problème pour repartir le lendemain si la météo se dégradait... Bien que le vent soit fort, nous allons malgré tout jusqu’à Chora Skafion. Mazout et Philippe veulent voir les horaires des bus pour leur départ du lendemain. Nous arrivons à visiter quelques jolies grottes sur le parcours qui sont à l’abri du vent et de la houle. Arrivés sur la plage du village il y a pas mal de monde sur le sable. Nous parvenons à caser les kayaks dans un coin et partons faire un tour. C’est très touristique et la rue principale est bordée de restaurants et commerces au personnel racoleur. Le changement d’ambiance est brutal et nous ne trainons pas trop avant de repartir. A notre retour sur la plage, les derniers touristes remballent leurs affaires et nous nous retrouvons bientôt seuls pour profiter de cette belle soirée. Les grands abris sous roches nous dispensent une nouvelle fois de monter la tente pour certains. Sophie nous a rejoints en fin d’après midi. A l’heure de l’apéro, nous voyons passer un phoque juste devant la plage, une chance, car ils sont plutôt rares par ici.

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  • Jeudi 29 octobre :

Le ciel est couvert et le vent n’est pas encore établi. Nous rejoignons Skafion vers 9h. Philippe et Mazout repartent aujourd’hui dans l’après midi, tandis que les autres vont visiter les gorges d’Imbos. Philippe nous conduit à l’entrée de ces dernières en voiture et repart pour passer la journée avec Sophie.

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Au départ des gorges, nous sommes presque obligés d’enfiler une doudoune tellement il fait froid. Le vent nous glace. Le sentier est très fréquenté et le droit d’entrée doit sans doute sécuriser les touristes peu habitués à la randonnée car nous en doublons de nombreux mal chaussés et peu habillés. La descente est très débonnaire et à part quelques passages étroits la gorge reste assez ouverte et peu spectaculaire.

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Le paysage est malgré tout joli. Nous pique-niquons de chaussons salés achetés à la boulangerie le matin et en bas nous nous offrons un café dans une taverne à l’abri du vent toujours aussi froid. Nous déclinons les offres des taxis et rentrons à pied par la route jusqu’à Skafion où nous pouvons faire nos adieux à Philippe et Mazout. Puis nous discutons avec Stelios qui est arrivé pour récupérer les kayaks. Nous évoquons la possibilité de faire une dernière étape le lendemain. Nous trouvons des chambres à 25 € sous réserve de ne pas en parler à la concurrence et dinons fort bien en nous laissant un peu tenter par trop de plats que nous aurons du mal à finir.

  • Vendredi 30 octobre :

Réveil à 6 h pour espérer échapper aux coups de vent. Les courageux sont Patrick et Sandrine et Carole et Pierre. Nous déjeunons rapidement, passons à la boulangerie pour assurer un en cas consistant et gourmand et partons à 7 h 30.

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Passé le cap, nous retrouvons un bon vent de force 4 mais les falaises qui bordent la côte nous protègent bien et il y a de nombreux refuges. Autant la veille, en revenant des gorges, la côte semblait quelconque, autant nous la découvrons magnifique vue de la mer. Le rocher, une sorte de conglomérat est percé de nombreuses grottes et a un aspect doré très beau avec le soleil levant. Plus loin, les couleurs chamois alternent avec le gris de la mer, c’est de toute beauté, et la navigation en rase cailloux est plus ludique.

 

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Le vent se calme peu à peu, mais nous restons vigilants car nous sommes dans une zone de forts vents catabatiques qui sont imprévisibles d’après Stelios. Nous passons devant des plages qui auraient fait de bons bivouacs avec déjà un peu de nostalgie. A terre, il y a plus de cultures, et les montagnes au loin sont moins hautes. Après un dernier cap, nous parvenons à la grande plage de Frangokastella.

 

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Le vent nous pousse doucement mais gare aux hauts fonds qui parsèment l’itinéraire. Juste après le dernier cap, à l’extrémité du village, nous entrons dans un petit port ou une rampe nous permet de débarquer tranquillement. Il ne reste plus qu’à téléphoner à Stelios pour qu'il vienne nous chercher.

Lors du retour vers Héraklion, notre guide nous fait longer en voiture une partie de la côte que nous aurions du faire en kayak, de quoi nous donner quelques regrets... Du haut, elle semble magnifique, mais, le kayak de mer en Crête est, compte tenu des reliefs particuliers, plus difficile que nous ne le pensions. Nous sommes bien loin d’avoir réalisé l'itinéraire prévu. Stelios nous avait un peu prévenu, mais nous étions optimistes. Nous y avons malgré tout pris beaucoup de plaisir.

 

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Modalités pratiques :

Sur les conseils de Stelios, nous sommes arrivés en avion à Chania et repartis d’Héraklion, ce qui permet d’optimiser les trajets routiers qui sont assez longs pour aller au départ du périple. Le bus cependant est un moyen pratique et économique pour se déplacer.

Pour la location des kayaks nous sommes passés par "Enjoy Crete", une entreprise qui propose de nombreuses activités et dirigée par Stelios, un kayakiste de mer compétent et efficace pour organiser des séjours comme le notre. Le matériel fourni est de très bonne qualité avec tout le matériel de sécurité nécessaire.

Le lien : enjoy-crete.com

  • Logistique :

Pas de problème pour se ravitailler. Pour la cuisine, nous avons privilégié les réchauds à essence car nous étions nombreux, mais nous avons vu qu’il y avait des cartouches de gaz qui se clipent (au moins dans les grandes villes) et des cartouches qui se percutent, à peu près partout. Il est aussi facile de trouver de l’alcool soit dans les épiceries, même petites, soit dans les pharmacies.

Nous n’avons pas eu de problèmes pour bivouaquer, demandant malgré tout si cela était possible quand nous étions près d’habitations. Pour se loger dans les villages, il suffit de demander ou de se laisser aborder et d’éventuellement négocier. Le racolage est plutôt bon enfant.

Au point de vue nourriture, il y a tout ce qu’il faut et les boulangeries ont des spécialités salées et sucrées délicieuses. Les biscuiteries sont nombreuses, oubliez les biscuits industriels. On trouve aussi de nombreux fruits secs.

Nous avions pris palmes, masques, tubas et combinaisons de 3mm, compte tenu de la saison, mais,nous n’avons pas vu de fonds exceptionnels, les conditions météo ne nous ont peut être pas non plus été favorables pour faire de nombreuses tentatives.

 

 

 

14 mars 2010

Belize entre mer et jungle

Nous avons pu préparer ce voyage grâce à l’agence Tide Tours qui est une association travaillant dans la protection de la nature dans ce pays en accord avec le développement et l’éducation des habitants :www.tidetours.org/
Nous avions envie de faire un périple alliant mer et rivières dans la jungle. Mais pour la partie jungle, il nous était difficile d’improviser. Après avoir donné notre budget, Tide nous a préparé un voyage sur mesure avec un guide local et surtout en nous louant de véritables kayaks ce qui est particulièrement difficile à trouver.
Plus au nord il y a bien des agences américaines faisant de la location pour naviguer dans les cayes et du guidage dans la jungle, mais nous avions plutôt envie de faire travailler des gens du coin, sans compter que le budget n’était pas du même ordre.

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Avant de partir, on en rêvait...

Logistique

Pour aller dans ce pays, il faut passer par les États Unis qui est le seul pays à desservir cette contrée par avion. Avec du temps, on peut réduire le coût en passant par Cancun (Mexique) puis en prenant le bus qui rejoint Belize City (compter au moins 6 h de trajet).
Le budget a été de l’ordre de 2000€
- 1100€d’avion
- 1100 US Dollars pour le vol intérieur, le guidage et la logistique
Le reste pour quelques repas, petits déjeuners et apéros.
Nous avons payé à la réservation 25 pour cent du séjour par carte bancaire, le reste en dollars US à l’arrivée. Les euros sont difficiles à changer et les commissions très élevées.
Certains ont pris un traitement antipaludéen à base de Nivaquine, remboursé par la SS, d’autres ont fait l’impasse.

Les participants

- Patrick et Sandrine Degouve
- Christian Locatelli di Lulu
- Philippe Brenu

Carnet de bord

Dimanche 21 février 2010-03-02 :
Comme d’habitude, le voyage pour arriver à Belize City n’a pas été de tout repos : 14 h d’attente à Atlanta, des contrôles et des enregistrement à n’en plus finir, bref, nous sommes bien calmés lorsque nous attendons l’ultime avion qui nous déposera à Punta Gorda, au sud du Belize. L’aéroport international est un aéroport en miniature. On y distribue les cartes d’embarquement comme des billets de cinéma et parmi les dizaines d’avions qui attendent sur le tarmac, mis à part celui qui nous a emmené, le plus gros ne peut transporter que 12 passagers. Pour les 6 ou 7 destinations que compte le territoire. Le notre est un monomoteur blanc et brun aux couleurs de Tropic Air. Nous survolons la cote est et entre les nuages nous devinons quelques reliefs couverts de végétation et entre lesquels serpentent des rivières chargées de limon. Sur la mer se détachent des chapelets d’atolls.

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Du ciel, nous apercevons des centaines d'îlots aux formes étranges.

Une heure plus tard, nous atterrissons sur une piste de terre battue, à notre destination. Une cabane en bois abrite les forces vives de l’aéroport. Karen, le responsable de l’agence nous accueille. C’est un jeune tchèque très avenant, pas du tout kayakiste, mais qui a organisé notre séjour.
Il nous conduit à notre hôtel « le relais St Charles » et nous prenons rendez vous pour le lendemain. Après un repas de lambis frits dans le resto du coin nous nous effondrons pour une nuit réparatrice de 12h.

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L'aéroport international de Belize City.

 

Lundi 15 février 2010 :
Après un copieux breakfast ou nous inaugurons pour certain les haricots rouges au petit déjeuner, Karen nous récupère et nous allons à l’agence. Nous y faisons connaissance avec notre guide Agapito dit Pop’s, un maya rodé à la vie dans la jungle au visage très typé un peu mélancolique mais qui nous assurera, nous le découvrirons plus tard, de bonnes parties de rigolade, même si sa conception du kayak de mer est parfois un peu surprenante .Il nous assure que de pécher du poisson ne sera pas difficile et nous allons tous ensemble compléter le ravitaillement.

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Jour de marché à Punta Gorda

Quelques fruits et légumes sur le marché et le reste dans un petit supermarché bien peu achalandé, mais nous avons du riz, et de la farine pour les tortillas, sans oublier 2 bouteilles de Pastis achetées à l’aéroport et 2 l de rhum local. De quoi affronter l’inconnu.
Nous passons récupérer ensuite les kayaks. Aucuns n’a de gouvernail, et on a même enlevé deux de ceux qui étaient d’origine. Cela donne du matériel peu performant, mais à force nous avons l’habitude et on fait avec. Nous sommes malgré tout surpris qu’ils nous proposent à chacun un paddle float, cela ne nous est encore jamais arrivé.

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Tout caser et ne rien oublier...

Nous partons au départ de notre périple qui est la descente sur 2j1/2 du Rio Grande, l’une des principales rivières du secteur.
Petite pause dans un restaurant traditionnel ou nous découvrons les mets classiques du pays composés de riz et de haricots accompagnés de viande ou poisson avec de la sauce pimentée et du jus d’oranges fraîches dont le pays est grand producteur.
Après avoir quitté la principale et unique route goudronnée qui traverse le pays, le 4X4 et sa remorque empruntent une courte piste qui nous mène au bord du rio Grande. La rivière n’est pas encore importante mais le débit est suffisant pour la navigation.
Le chargement des kayaks nous prend une bonne heure et nous embarquons vers 14h.

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En amont du rio Grande, le courant nous porte et nous pouvons observer la forêt tranquillement.

Nous entrons rapidement dans la jungle et au gré de quelques rapides nous sommes bientôt entourés de grands arbres spectaculaires et variés dans une végétation luxuriante .Nous avançons plutôt doucement guettant les animaux insolites. Les oiseaux ne manquent pas, nous faisons fuir des martins pécheurs multicolores, des hérons et des cormorans. De grands rapaces posés sur les perchoirs uniques que représentent les gigantesques arbres disséminés ne bougent pas à notre passage. Munis pour la plupart de jumelles nous admirons. Plus loin, Pop’s attire notre attention. Sur la berge, presque invisible, un gros iguane veille, totalement immobile .Sur des branches, au dessus de nos têtes, un autre se prélasse au soleil. Nous en verrons d’autres perchés ainsi dans les arbres.

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L’heure tourne et notre guide estime bientôt qu’il est temps de trouver un lieu de bivouac. Il n’a pas un endroit précis de prévu et ce n’est pas chose simple à notre avis car les berges argileuses sont abruptes et la forêt est très dense. Pop’s s’arrête bientôt devant une vague berge un peu moins pentue pour hisser nos kayaks. Pendant que nous les tirons un peu hors du cloaque, il s’affaire avec sa machette pour dégager un coin de forêt. En moins d’une heure, nous disposons d’une place suffisante pour poser deux tentes, Lulu et Philippe ayant tout de suite optés pour la cohabitation vu l’exiguïté du lieu. Nous constatons qu’il aurait été certainement plus simple de prendre des hamacs avec moustiquaires et bâche anti pluie.

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Enfin un endroit où accoster !

 

La nuit tombe vers 18h et Pop’s s’affaire pour allumer le feu, couper savamment le bois adéquat pour faire un support à la marmite. De toute manière, il n’a pas prévu de réchaud au moins en secours et nous sommes impressionnés par sa dextérité. Il nous demande ce que nous voulons manger, comme si on en avait la moindre idée .Il y a différents menu ?...Nous lui proposons de cuire du riz et il nous y ajoute une sauce de son cru pour l’agrémenter. Pendant qu’il cuisine, nous inaugurons notre premier apéritif et lui faisons goûter au pastis. Adopté sans problèmes.

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Camping 4 étoiles taillé à la machette.

Avant 20h, nous filons dans nos tentes pour une nuit de près de 10h. Pop’s quant à lui, dort à même le sol sur un tapis de palmes astucieusement disposées. Durant la nuit, nous sommes réveillés par des hurlements de singe qui couvrent les ronflements de Lulu.

Mardi 16 février 2010 :
Nous nous levons avec le jour vers 6h car la journée va être longue. La jungle s’éveille et devient bruyante. Les oiseaux s’interpellent.
Nous embarquons avant 8h. Guettant toujours la faune nous voyons des singes qui occupent un arbre qui surplombe l’eau. De leur perchoir, ils nous observent, puis, ils commencent à uriner sur notre passage avant de pousser des hurlements abominables. Ce sont des singes hurleurs.
Le cours d’eau serpente désormais dans une jungle un peu moins dense ou les berges sont couvertes de gros liserons. Nous rencontrons nos premiers toucans posés dans les grands arbres, mais aussi des perruches et des couples de perroquets passant au dessus de nous. Pop’s nous signale un crocodile, mais nous n’avons pas le temps de le voir avant qu’il plonge. Le rythme s’accélère un peu, mais l’étape est longue, il faut avancer..

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Petite pause dans un affluent du rio Grande

Nous trouvons enfin un endroit pour marquer une pause vers 12h30 dans un petit bras de rivière. L’accès est bien marécageux et Lulu manque d’y laisser ses chaussures.
Pop’s allume prestement un feu et nous nous faisons une grosse portion de nouilles chinoises. C’était le premier jour, nous ne sommes pas encore rodés à l’organisation locale, ou plutôt, elle à nous, mais pour les autres piques nique , nous préparerons le matin une grosse salade de riz ou de pâtes prête à être mangée à la pause, affamés que nous sommes à chaque fois. Un fruit et un café et nous ne nous attardons pas, car il reste au moins encore 2h de navigation avant le poste des Rangers ou nous sommes accueillis pour la nuit.
Peu à peu, la végétation est moins dense et nous passons le long de quelques cultures de maïs et nous arrivons vers 16h30. L’endroit est idyllique et l’accueil des 3 rangers chaleureux.

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Le camp des rangers le long du rio Grande.

Le poste se résume à une sorte de maison en bois sur pilotis au milieu d’un parc de verdure entre jungle et rivière. On met deux chambres spartiates à notre disposition Au milieu de la pelouse fraîchement tondue, de grosses fourmis transportant de petits morceaux de feuilles ont tracé de véritables autoroutes. Nous nous lavons dans la rivière avant d’aller discuter avec les gardes devant un pastis qu’ils apprécient sans réserve. Ils nous expliquent leur travail qui outre la surveillance des eaux territoriales consiste aussi à planter des arbres pour réhabiliter par endroits la jungle. Ils nous ont préparé un curry de poulet auquel nous faisons honneur.

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Philippe se lance dans la fabrication de Tortillas.

 

Mercredi 17 février 2010 :
Réveil matinal à 5h, deux des rangers se préparent pour partir à l’aube. Pop’s nous prépare des tortillas et des haricots rouges pour le petit déjeuner et nous embarquons vers 9h.Il faut une quarantaine de minute pour rejoindre l’embouchure du fleuve. La mer est d’huile et le ciel un peu chargé se fond dans l’océan ou on devine les chapelets d’îles ou nous souhaitons aller. Les premiers pélicans nous accueillent planant en escadrilles ou attaquant en piqué pour attraper leur repas.

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Le camp des rangers, un petit coin de paradis au milieu de la forêt. Leur travail consiste à protéger la forêt et le fleuve et à reboiser les rives. Dans ce camp, ils sont en moyenne 3 rangers pour une période de 15 jours d'affilée.

 

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L'embouchure du rio Grande et au fond le golfe du Honduras.

Notre but est Abalone Cayes, un poste de gardes-côtes où nous pourrons faire escale avant d’aller plus au large.
Nous coupons au plus court délaissant la plupart des îles couvertes de mangroves et où, de toute façon, il est pratiquement impossible d’accoster.
Vers midi, nous traversons un archipel d’îlots ou nous dérangeons une tribu de frégates pas farouches qui finissent par s’envoler et tournoient au dessus de nous.

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Nous entamons notre traversée vers Abalone Cayes (14 km) sur une mer d'huile.

Vers 13h30, nous atteignons enfin notre destination. C’est une minuscule île, rongée par les marées et occupée par une bâtisse spacieuse posée sur pilotis et dominée par une tour de surveillance et alimentée en électricité par des panneaux solaire. Il y a même une fosse septique pour les sanitaires et l’eau venant du toit est stockée dans de grandes cuves en plastique.

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Abalone Cayes est un minuscule îlot sur lequel est implanté un poste de ranger en charge de surveiller la réserve et de contrôler l'activité des quelques rares pêcheurs qui sillonnent le golfe.

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L'île est rongée par les marées et sont existence est désormais sérieusement menacée comme l'attestent ces toilettes à l'équilibre précaire.

Il y a un ponton, mais nous accostons sur une petite plage de sable accueillis par deux chiens, contents de voir du monde.
Le temps de saluer les rangers nombreux et moins affables que les précédents, et nous cassons la croûte sous la maison aménagée d’une table et d’appareils de musculations bricolés avec des planches, des bouts de ferraille et des poids en béton. On doit parfois s’ennuyer ici, surtout à la saison des pluies.
Cependant, la météo se dégrade. Le vent se lève, la température fraîchit.
Après une petite sieste dans les hamacs, Sandrine et Philippe décident quand même de se mettre à l’eau. La petite néoprène est bienvenue. Malheureusement, l’eau est trouble et les rares coraux sans grand intérêt. Du coup le reste de la bande renonce à se mettre à l’eau et Pop’s propose d’aller pêcher dès que le vent tombera un peu.

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Pop's, notre guide, est moins à l'aise à l'aise en mer. Il faut dire que lors d'une partie de pêche par mauvais temps, son bateau s'est brisé et il a été contraint de regagner la berge à la nage. Il nous précise, qu'il avait gardé ses chaussures aux pieds au cas où un requin aurait croisé sa route.

Finalement deux rangers sont tentés par l’idée et décident de nous y emmener avec leur puissant bateau. Pop’s prépare une ligne à Patrick, le pécheur de l’équipe pour attraper du gros. Nous embarquons à 7 et gagnons ce qui doit être un bon spot de pêche
Au bout de quelques minutes, Pop’s sort un poisson chat de la taille de la main. Il est remis à l’eau tant pour sa taille réduite que pour la faible qualité gustative de sa chair. A peine a-t-il remis sa ligne qu’une seconde touche lui donne un second poisson qu’ils s’accordent tous à conserver malgré sa modeste taille. Les prises se succèdent ensuite sauf pour Patrick mais à chaque fois il s’agit de poissons chats. Nous avons beau changer d’endroit, rien n’y fait. Nous rentrons presque bredouille à la nuit tombante.
Malgré cela, ce soir, nous mangerons du poissons avec des tortillas cuisinés par les autres rangers.
La maison est surchargée, car d’autres rangers sont en visite dans l’île et y ont passés la nuit. Il y a des matelas partout.
Patrick et Sandrine montent leur tente sur la galerie, Lulu et Pop’s leur hamac en bas et Philippe sa tente à coté d’eux sous la maison.
Au dessus, c’est un peu la java entre télé et musique et nous sortons les boules Quiès. Heureusement, à 11h cela se calme.
Il pleut pendant la nuit.

Jeudi 18 février 2010 :
Ce matin, le ciel est couvert, nous nous préparons malgré tout, prenons un rapide petit déjeuner de porridge, mais, lorsque nous somme prêts, il repleut, et nous sentons notre guide anxieux. Il a peur que la visibilité ne nous empêche de faire la traversée suivante de 7 km qui nous permettra d’aller vers des fonds plus riches en coraux.
Nous tournons un peu en rond, montons dans la guérite pour observer les alentours et, les averses se succédant, nous commençons à désespérer. Vers 10h, cela s’améliore un peu, et à aucun moment nous n’avons eu l’impression de voir devant nous une mer dangereuse. Nous insistons un peu et Pop’s accepte de partir. Nous avons l’impression qu’il n’a pas beaucoup d’expérience…

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Comité d'accueil à Middle Snake Cayes

En un peu plus d’une heure nous parvenons sur Middle snake Cayes. Le temps bien que nuageux et avec un peu de vent reste stable et nous commençons par planter nos tentes pendant que Pop’s installe son hamac. Il fait encore trop frais pour avoir envie de se mettre à l’eau.
L’île de quelques 100m de long est bordée, sur sa partie ouest, par une plage de sable. Le reste n’est qu’un marigot entouré de mangrove. Il parait qu’il y a des boas.
En retrait de la plage, une petite maison de bois, fermée, et juste à côté, une tour de guet permet d’avoir une vue d’ensemble de l’archipel.

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Le centre de l'île est occupé par un marais qui contribue à attirer les moustiques et insectes en tout genre.

Sous les arbres, un abri au toit de palmes permet aux visiteurs de s’abriter des intempéries.
Tout cela parait idyllique, mais c’est sans compter sur les mouches de sable. Ces insectes microscopiques qui nous avaient déjà un peu attaqués à la première station, se ruent sur le bas des jambes et nous dévorent en une constellation de petites piqûres. Sous l’abri, elles logent dans la toiture et s’en prennent aussi à nos têtes, ce qui fait que nous délaissons complètement ce refuge. Sur la plage, avec le vent et la proximité de la mer, l’agression est moins virulente, mais mieux vaut rester le plus habillé possible. Nous cassons la croûte et malgré la température frisquette enfilons nos combinaisons et nous mettons à l’eau pour aller voir les fonds. Pour nous qui avons un peu bourlingué, ils ne sont pas très surprenants pour leurs formes. Le corail n’est pas très abondant, mais il y a de belles gorgones violettes et une faune abondante. Nous croisons quelques beaux spécimens de mérous, barracudas, des raies peu farouches et beaucoup de poissons exotiques sur les quelques patates de corail. Le manque de soleil rend cet aquarium un peu terne.
Pendant ce temps,Pop ‘s va pécher et revient avec deux beaux poissons. Nous avions déjà récupéré un poulet le matin en partant, c’est l’abondance.

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Le ciel n'est pas de la partie mais nous ne résistons pas à aller tremper nos palmes autour de l'île.

A la tombée de la nuit, nous passons bien habillés une agréable soirée, avec poisson en papillote et poulet au lait de coco. Une foule de bernard l’Hermite nous envahit et essaie de prendre d’assaut les reliefs du repas.
La nuit sera bien agitée. On ne dort pas habillés bien sur, et les puces n’ont pas l’air d’être gênées par les moustiquaires.

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Vendredi 19 février 2010 :
Vers 6 h, la pluie qui nous a bercé une bonne partie de la nuit cesse, mais le plafond reste bas et le vent souffle encore. Vers 9 h, un rayon de soleil donne le coup d’envoi au changement de temps. Le ciel se dégage et du coup, nous décidons de démonter le camp pour rejoindre West Snake Caye. Il reste une petite houle résiduelle entretenue par une brise d’ouest. La distance est assez courte et nous parvenons à l’île vers 11h sur une petite plage de sable blanc. Bien plus petite que la précédente, elle est finalement plus hospitalière, et les puces de sables, bien que présentes, sont moins agressives.

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Arrivée à West Snake Caye

Il n’y a pas de marigot et un sentier bordé de coquilles de lambis la traverse de part en part en passant devant les vestiges d’une cabane. On retrouve une vraie végétation et espérons (surtout Lulu) voir les fameux boas dont nous n’avons pas vu de trace la veille. Peut être qu’avec le soleil…
Cette fois ci, il fait enfin très chaud et nous nous mettons à l’eau avec masque palme et tuba pour faire le tour de l’île. Pop’s est de la partie.
Comme la veille, les fonds ne sont pas très accidentés, mais la faune y est assez riche. Nous croisons deux belles langoustes, puis une superbe raie qui plane doucement a quelques brasses du rivage.
Après le repas, nous nous concertons pour la suite du périple. Nous avons normalement encore deux jours à passer dans ces îles, mais elles se ressemblent toutes, il y a les puces, et nous avons une bonne distance à faire pour rejoindre l’embouchure de la rivière que nous devons ensuite remonter. Sans compter que la météo est bonne ce qui ne sera pas forcément le cas ensuite. La jungle gagne la partie et nous décidons d’essayer de rejoindre dans la foulée la terre ferme.

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Lulu est ravi, il a enfin capturé un boa.

Philippe qui nous y a dégotté des noix de coco retourne une dernière fois en chercher au centre de l’île et faire quelques photos. Tout à coup il nous appelle car il vient de voir un gros serpent lové sur une branche près du sol. Lulu qui les adore se précipite, le capture sans problèmes et revient nous le montrer. C’est un petit boa d’1,5m au plus et il est plutôt docile. Pop’s qui voit arriver Lulu est un peu surpris et caresse la peau de l’animal avec une certaine méfiance.

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Traversée en direction de Paynes Creek

Il est temps de partir et nous prenons la mer vers 14h regonflés par ce beau temps enfin là. La houle a disparu. Nous mettons le cap sur Wilson caye ou nous croisons quelques dauphins que nous tentons vainement de suivre. Nous contournons l’île par la droite avant de rejoindre Punta negra. La cote est essentiellement bordée de mangroves et nous retrouvons pélicans, hérons et martins pécheurs en grands nombres. Nous commençons à chercher un lieu de bivouac et Pop’s laissant entendre qu’il en connaît, nous continuons d’avancer en délaissant les quelques rares possibilités d’arrêt que nous croisons. Cependant, le temps passe ,nous arrivons au débouché de Peyne Creek, et ne trouvons rien. Cela commence à grommeler, Patrick et Philippe prenant les choses en main vont fouiller une grande baie que nous avons coupée. Pop’s téléphone aux rangers pour avoir des précision sur le lieu possible de bivouac. Finalement, nous trouvons enfin une clairière qui convient parfaitement malgré les moustiques qui commencent leur offensive. L’endroit est paisible et nous apprécions le calme qui nous accompagne .Ici pas de bruit de bateau, ni d’avion, et encore moins de voiture. La nature est silencieuse et seuls quelques oiseaux se font entendre à l’aube et au crépuscule.
Nous mettons en route moult serpentins anti-moustique et attaquons les agapes bien qu’aucun poisson n’ait été péché. Pop’s nous concocte une sauce corned beef de sa composition pour agrémenter le riz et bien sur l’apéro est fournis en cacahuètes et autres chips.

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Les lieux de bivouac le long de la côte sont rarissimes. Celui-ci était inespéré.

Samedi 20 février 2010 :
Beau temps. Pop’s a contacté les rangers qui sont à l’extrémité de la savane, au bord du cours d’eau qui débouche au milieu du delta de Peynes creek. Ils arrivent vers 8h. Les deux gardes à bord d’un canot à moteur nous ouvrent la voie dans le labyrinthe de mangrove et d’îles qui s’étale derrière le chenal d’accès invisible. Pop’s se met à pécher et prend deux beaux poissons. Sandrine râle un peu contre les odeurs de moteurs et rase les rivages pour profiter des animaux surpris par son passage. Il nous faut plus de 3h pour arriver au camp. Dans ce dédale de canaux et d’îlots, nous sommes complètement désorientés et convaincus que nous aurons encore besoin d’aide pour ressortir de là.

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Pop's est un fin pêcheur et avec un matériel identique, nous rentrons presqu'à chaque fois bredouilles. Pas de doute, il a un truc...

Leur camp est installé au bord de l’eau à l’extrémité d’une savane parsemée de quelques grands arbres et de pins. Trois bâtisses se dressent sur pilotis : une pour les rangers, une avec 3 chambres pour les visiteurs et une pour la cuisine et la salle à manger. En 2001 un cyclone a tout détruit et ils ont reconstruit. En 2008, la foudre est tombée sur le bâtiment principal détruisant l’installation électrique qui n’a pas été remplacée faute de crédits.. En revanche, le camps ne manque pas d’eau et en plus des cuves alimentées par l’eau du toit, une troisième perchée en haut d’une tour de bois permet d’avoir de la pression dans les douches. Une pompe à main puisant dans la nappe permet le relevage.

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Arrivée au camp de Paynes Creek. Le décore change radicalement et les grands arbres laissent place à une savane parsemée de pins.

Une fois installés dans ce refuge 4 étoiles, et après avoir pris une douche et fais la lessive, nous faisons honneur au poulet cuisiné par pop’s. Les rangers rencontrés ont chaque fois des provisions fraîches pour nous, envoyées par Karen lors de ses échanges téléphoniques qui ont l’air de passer quasiment partout. Les gens, Pop’s inclus, passent beaucoup de temps sur leur téléphone portable. C’est aussi ça la modernité, mais nous, un peu rétrogrades, nous préférons le silence dans nos kayaks et donc nous repartons explorer l’amont de la rivière. Elle se divise rapidement en deux branches plus étroites. Nous prenons celle de gauche. Après avoir serpenté à travers des prairies et quelques bribes de mangrove, la rivière traverse une végétation plus dense qui recouvre, par endroits, tout le cours d’eau. De nouveaux oiseaux nous surprennent et les arbres sont envahis de plantes grasses et d’orchidée dont quelques une en fleurs qui nous ravissent. Nous stoppons quand la machette devient nécessaire.

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Une végétation surprenante borde la rivière.

Retour au camp à la nuit tombante, enchantés de cette petite virée. Nous observons les oiseaux multicolores attirés par les arbustes à fleurs du camp, un pic à tête rouge bruyant et de gros rapaces attendant un éventuel relief de repas. Pour le compost, c’est assez simple, il suffit d’ouvrir la porte arrière de la cuisine et de jeter les restes dans les buissons.
Nous faisons goûter le pastis à nos hôtes qui sortent petit à petit de leur réserve. Face aux cartes, nous discutons avec eux des différentes options pour rallier Punta Gordas dans les temps en variant autant que possible notre navigation et les randonnées prévues. De toute évidence, les distances sont trop grandes. Nous supprimons donc la visite d’une rivière et ils nous avanceront en tirant les kayaks pour sortir du delta et rejoindre notre prochain bivouac dans la jungle. Nous savourons les poissons frits de pop’s servis avec des tortillas.

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Le camp de Paynes Creek

Mais, la journée n’est pas finie, et vers 20h nous partons de nuit dans la savane pour essayer de voir des animaux. On se suit en file indienne sur un sentier étroit car le sol de la prairie est en fait très accidenté et plein de pièges. Les lampes balaient la nuit, mais les conditions météo se dégradent et nous faisons demi tour aux premières gouttes sans avoir vu grand-chose.

Dimanche 21 février 2010 :
Nous avons passé une bonne nuit, enfin libérés des puces de sable. Pop’s et les rangers proposent une partie de pêche vers l’embouchure de la rivière. Patrick part avec Lulu pendant que Sandrine et Philippe vont visiter en kayak l’autre branche de la rivière.

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En amont de Paynes Creek

La pêche se fait à la traîne et rapidement, Pop’s sort un gros poissons et deux autres plus petits. De son coté Patrick est encore bredouille. Une fois en mer, les rangers décident d’aller chercher de quoi agrémenter la cuisson du poisson. Nous mettons le cap sur Wild Cane Snake, un petit archipel au large du golfe. Après avoir zigzagué au milieu des îlots de mangrove, nous entrons dans un étroit chenal donnant accès à la terre ferme. D’ancienne trace d’activités et d’occupation datent d’une époque ou les mayas cultivaient là la canne à sucre.. Il reste quelques amas de pierres, des bouts de poteries, mais surtout une grande variété de végétaux consommables. Bananes plantains, cocotiers, canes à sucres et arbres à pain. Nous faisons notre marché délaissant quelques citrons pas encore murs et revenons au campement.
Sandrine et Philippe sont contents de leur ballade, ils ont vus un bel iguane des fleurs superbes et encore des oiseaux inconnus.

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La savane de Paynes Creek.

Après un repas d’œufs, de tomates et de riz, nous allons explorer la savane avec nos guides. Le soleil est très chaud et nous faisons le plein d’eau avant de partir. Ils ont chacun une machettes et nous nous enfonçons dans l’immense plaine qui s’étend derrière le camp. Curieusement, il n’y a aucun bruit, ni d’insecte, ni d’oiseaux et nous n’observons aucun animal. Pourtant les rangers nous assurent qu’il est fréquent de croiser des jaguars et autres phacochères. Nous en voyons d’ailleurs les empreintes. Au bout d’1h30 de marche nous parvenons sur le bord d’un grand marais bordé de jungle. Nous le contournons pour entrer dans celle-ci mais ici encore la faune reste très discrète et la perspective de continuer dans se qui devient un bourbier nous encourage à faire demi tour. Nous croisons enfin un animal : une grosse mygale.
Le soir c’est un festin de ragoût de poisson à la noix de coco, de bananes plantains frites,et de tortillas cuisinées par un des rangers. Dernier pastis du séjour car nos guides ont été tellement gentils qu’on leur offre le reste de la bouteille. Heureusement, il nous reste un peu de rhum…

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Après avoir traversé la savane, le sentier s'enfonce dans la jungle.

Nous nous couchons tôt car le réveil est prévu à 5h pour partir à 6h30.
Mais vers 21h30, branle bas de combat, les rangers parlent fort, Sans doute ont-ils terminé le pastis ? Mais ils s’interpellent avec Pop’s. mais après une grosse explosion au loin nous comprenons qu’un avion vient de se crasher dans la jungle et ils ont assisté à la scène. Sans doute des narco trafiquants. A la fin du séjour, nous apprendrons que c’était simplement le retour d’une navette américaine qui avait provoqué cette animation en entrant dans l’atmosphère.

Lundi 22 février 2010 :
Nous attachons les kayaks à la queue leu leu derrière le bateau des rangers. A l’origine, nous devions aller sur une île à l’entrée du golfe de Deep River, mais ils ne la trouvent pas, où plutôt elle n’existe pas car toutes celles que nous croisons sont inabordables.

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Pour sortir du labyrinthe de Paynes Creek, les rangers préfèrent tirer nos kayaks et nous accompagner jusqu'en mer.

Partout ce n’est que mangrove et aucun camp n’est possible. Les rangers, pressés de rentrer chez eux après 15j de service nous déposent finalement à un campement près de l’entrée de Golden Stream River. Le coin est bien, mais l’accès est un sentier marécageux. Une fois le bateau parti, Pop’s nous dit qu’il connaît un coin en amont plus accessible, mais qu’il faudra attendre la relève des rangers qui doit nous ravitailler avant de pouvoir continuer. Son portable est déchargé et il ne peut pas les prévenir alors il laisse un mot accroché à une branche. Nous rechargeons les kayaks et remontons la rivière une trentaine de minutes sous un soleil de plomb. La mangrove a fait place à une jungle épaisse. Le coin de Pop’s est en fait une vague bande pentue taillée en bordure de l’eau. Connaît il vraiment le coin ? Un autre endroit existe plus en amont, le block 127, mais il est à 3h de navigation.. Nous commençons par manger, et n’avons pas envie de passer le reste de la journée dans ce coin en attendant le ravitaillement.

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Sieste improvisée en attendant le ravitaillement.

Pop’s traîne des pieds mais nous faisons le forcing et partons à 14h sans avoir vu le bateau. Nouveau message laissé au bout d’une branche. La rivière devient plus esthétique, bordée d’une jungle variée et luxuriante. Au bout d’une heure seulement, contre toute attente, nous arrivons au block 127. Dire qu’on a risqué de perdre une journée en restant à attendre…C’est nettement plus confortable avec de la place pour les tentes et une vieille bâtisse en bois. Derrière cette dernière, un sentier s’enfonce dans la jungle. Pop’s va à la rencontre du bateau pendant que nous allons explorer ce sentier. Le sentier est bien marqué et nous trouvons des traces de jaguar. Plus loin un gros oiseau genre faisan nous observe du haut d’une branche qui nous surplombe. Un serpent corail rapidement identifié par Lulu fera sursauter Sandrine qui ouvre la marche. Nous faisons demi tour au bout d’une heure pour ne pas nous faire surprendre par la nuit.
Bain dans la rivière pour tout le monde. Nous sommes assaillis par des espèces de taons, des moustiques et encore quelques sand fly. En allant nous couchons nous surprenons dans un buisson un opossum qui nous regarde avec des yeux ronds.

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Le Block 127 oùnous passerons 2 nuits

Mardi 23 février 2010
La nuit a été difficile, une chaleur étouffante, des bestioles contre lesquelles nous ne savons plus que faire et en plus des bruits de la jungle, les ronflements caverneux de lulu.
Aussi le réveil est il assez matinal
Nous ne traînons pas pour partir, car être sur l’eau est la meilleure façon d’oublier les insectes. Le programme est de remonter la rivière le plus haut possible et de revenir dormir à notre camp.

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Golden Stream river offre une variété de paysages et de végétaux qui font qu'on ne s'ennuie jamais.

Elle est très belle et variée. Des palmiers de formes diverses alternent avec une végétation exubérante couverte de liserons géants et de plantes parasites. En arrière plan, de grands arbres dominent la forêt. Après une bonne heure de navigation nous passons près d’un Ressort que Pop’s a aidé à construire. Il est constitué de petites maisons perchées à plusieurs mètres du sol et implantées dans un méandre de la rivière. Des sentiers sur pilotis les relient à un bâtiment central ou se tient un restaurant avec une grande terrasse dominant la jungle, le tout en bois couvert de toits de palmes. C’est très réussi, mais il n’y a pas l’air d’y avoir âme qui vive. En amont, la rivière se rétrécit un peu et commence à prendre de la pente. Le sol souvent rocheux laisse apparaître des strates de roches sédimentaires qui forment de petits seuils et rapides. Nous en remontons toute une série et pour certains, il faut tirer les kayaks. Après 4h de pagaie, nous décidons d’arrêter. L’endroit est idyllique et permet la baignade et le pique nique sur de grandes dalles rocheuses. Les insectes nous laissent tranquilles à part quelques taons. De petits poissons viennent nous mordiller les pieds. Il y a aussi des bigorneaux qui seront pour l’apéro de ce soir.

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Nous embarquons 1h plus tard et nous laissons glisser au fil du courant et des rapides. Arrivés au Lodge, nous débarquons et les deux gardiens qui connaissent notre guide nous accueillent chaleureusement contents d’avoir de la visite. Ils nous font visiter les installations et les chambres. Nous sommes assez intéressés par une chambre pour 4 personnes avec jacousi mais à 750 dollars nous préférons notre bivouac animé. Nous nous offrons une bière sur la terrasse luttant avec les taons, mais nous ne nous résignons pas à aller à l’abri de la moustiquaire du restaurant.

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Les petits rapides en amont de Golden Stream River

Sur le chemin du retour, nous croisons une bande de chauve souris voletant d’arbres en arbres au ras de l’eau à chacune de nos approches. Elles se posent sur les troncs se confondant avec l’écorce et les mousses. Il y a bien sur toujours des oiseaux à observer.
Nos sommes de retour à notre bivouac à 17h. Les insectes sont toujours là et même si nous en avons pleins les bras, nous ne sommes guère pressés d’aller nous coucher. Pop’s installe la gamelle avec le reste de riz à fleurs d’eau dans la rivière pour piéger des crevettes qui serviront demain pour pêcher des poissons. Nuit chaude et agitée.

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La popote du soir.

 

Mercredi 24 février 2010 :
Réveil matinal avec, en bruit de fond, un concert de singes hurleurs.
Sandrine distribue à la ronde, au petit déjeuner, des antihistaminiques pour lutter contre l’irritation continuelle des piqûres d’insectes. Nous commençons à redescendre la rivière après avoir remonté un affluent ou nous sommes susceptibles de voir des lamantins. Nous n’en apercevons pas l’ombre d’un, en revanche, nous surprenons de nombreux ibis blancs. Nous continuons ensuite en direction de la mer. Patrick et Pop’s mettent leurs lignes en batteries et longent les rives en frôlant la mangrove. La première touche est la bonne et Patrick sort un poisson de 50cm grâce à son leurre en plastic. Pop’s manque une prise encore plus grosse qui lui tord son hameçon. Plus loin, près de l’embouchure il en prend malgré tout deux de bonne dimension coup sur coup.

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Enfin un poisson digne de ce nom. Ce soir c'est bombance...

Dans la baie nous délaissons Middle River pour gagner 7 Hills mais heureusement pour nous nous avisons un ponton ou nous espérons casser la croûte, car la mangrove est partout et il est impossible d’accoster.
C’est le ponton d’une résidence privée gardée par deux hommes dont un est armé. Sandrine leur demande la permission de s’arrêter et nous déjeunons à l’ombre d’une paillote à l’extrémité du ponton, rafraîchis par la brise qui éloigne les insectes.
Pop’s connaît l’un d’eux, et il nous explique que cette propriété est celle d’un ancien militaire américain peu commode et surtout désireux de ne voir personne s’approcher de son havre de paix. Heureusement, il est absent pour longtemps.
Après cette pause, nous entrons dans la rivière suivante. Comme ses voisines, elle débute par un chenal bordé de mangrove. A quelques centaines de mètres, le cours d’eau se rapproche d’une colline richement boisée. Un antique quai en brique et en béton sert de débarcadère. C’est ici que nous camperons, entre la mangrove et la jungle dans une petite clairière. Ici et là on trouve des vestiges de l’époque ou les anglais exploitaient la canne à sucre.

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Le camp de 7 hills est implanté sur d'anciens vestiges d'exploitation de cannes à sucre datant de la fin du XIX° siècle.

Pendant que Pop’s s’occupe de cuisiner les poissons, nous partons visiter l’amont de la rivière escortés par 5 ibis blancs et gris. Très rapidement, la mangrove prend le dessus et après quelques méandres, nous sommes bloqués par la végétation. Nous repartons dans l’autre sens et ressortons de la rivière pour visiter la baie. L’eau peu profonde a bien chauffé et la température doit dépasser les 30°. Petite baignade et lavage loin des insectes.
De retour au camp, nous installons les couchages et prenons notre apéro qui est maintenant composé de rhum au jus d’oranges frais, car nous en avons tout un stock à l’avant d’un Kayak. Il y a tellement de poisson que nous n’arrivons pas à tout manger et nous mettons les restes à l’abri dans un kayak loin des fourmis et animaux nocturnes.
La nuit est plus fraîche et les sand fly semblent nous avoir oubliés.

Jeudi 25 février :
Mauvaise surprise ce matin, avec la marée basse, l’avant du kayak de Patrick attaché à un arbre est resté coincé sous le ponton, noyant sous la pression de l’eau tout le caisson avant et son contenu : du riz, des biscuits, des pâtes chinoises des vêtements de rechange… Pop’s est mort de rire et sa bonne humeur prend le dessus. Il fait beau, nous faisons le tri et mettons à sécher ce qui peut l’être.

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L'accès à l'ancienne exploitation de cannes à sucre n'a rien d'évident et il faut traverser une jungle parfois épaisse en contournant collines et marais.

Vers 8h30 un bateau arrive avec un ranger jovial qui va nous accompagner dans notre randonnée. Nous n’avons pas encore fini notre poisson et il y fait honneur. Il nous apporte des noix de coco et encore des oranges. Nous devons aller essayer de retrouver the Old Sugar Mill, une ancienne exploitation de canne à sucre perdue dans la jungle et reliée à l’époque par une ligne de chemin de fer. Nous partons vers 9h. La trace que nous suivons n’est pas toujours très marquée, en croise d’autres et nos guides hésitent à plusieurs reprises. Par précautions, ils balisent de bandes rouge ou de coup de machettes sur les arbres.
Dans la première partie plus humide, nous repérons encore des traces d’animaux. La forêt s’éclaircit ensuite et la sente louvoie entre les collines. La végétation est très variée avec des arbres gigantesques et d’autres plus petits aux formes tortueuses. De certains pendent d’immenses racines qui rejoignent le sol en formant des arches, d’autres sont hérissés d’épines dangereuses et d’autres encore sont envahis par les lianes et les orchidées.
Finalement, au bout de 2h, nous parvenons à l’ancienne usine. Surgit alors une masse informe composée d’engrenages monumentaux,de cuves et de moteurs colonisés par une végétation à laquelle rien n’a résisté. Hormis ces amas de ferraille, il ne reste presque rien de l’exploitation. La forêt a tout englouti. Pop’s allume un feu pour chasser les insectes et nous déjeunons les tortillas qu’il nous a préparées, accompagnées de quelques boites de pâté de jambon, de poivrons, d’olives et de fruits. Nous goûtons aussi des pousses inconnues grillées dans le feu.

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The old Sugar Mill, un véritable décor de sciences fiction perdu au milieu de nulle part.

Nous revenons aux kayaks en début d’après midi en ayant le plaisir de retrouver nos ennemis piqueurs.
Nous plions bagages et partons en direction de Punta Gordas, laissant le rangers regagner Paynes Creek..
La cote reste assez monotone et à la mangrove succède la mangrove. Certains coupent les baies, d’autres font du rase mangrove se laissant bercer par le défilé de verdure avec parfois quelque oiseau à surprendre.
Deux endroits permettraient de bivouaquer mais notre guide a envie de se rapprocher de notre destination finale et nous poussons jusqu’à la plage de Marco Amaya.
Nous y arrivons vers 16h et l’endroit est effectivement très accueillant avec une vraie plage et derrière une forêt clairsemée adossée à la jungle plus épaisse. Les sand fly nous attendent. Le vent et la fumée dégagée par les nids de termites que Pop’s a enflammés nous protègent un peu.

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La côte entre Gold Stream River et Punta Gorda

Cela sent la fin, nous finissons la bouteille de rhum et mangeons en apéro divers légumes cuits en papillottes. Sandrine cuisine ensuite des spaghettis à la bolognaises avec un mélange de pâtes chinoises. et de corned beef.. Pour le dessert, les flocons d’avoines ayant pris l’eau, elle fait du riz au lait et au caramel…
Une ballade digestive s’impose et nous allons faire un tour sur le sentier qui s’enfonce dans la jungle. Nous nous couchons vers 20h, le vent tombe et les sand fly nous attaquent.

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Le bivouac de Marco Amaya

Vendredi 26 février 2010 :
Réveil à 6h sous un ciel bas. Le vent se lève et chasse les nuages. Nous ne sommes guère pressés car nous ne sommes pas très loin de Punta Gordas. Nous partons un peu après 8h, après avoir pris un dernier bain. Le vent forcit un peu mais la houle reste modeste.. Après une partie de mangrove, nous retrouvons la jungle plus attrayante avec de grands arbres. Nous recroisons l’embouchure du Rio Grande. Encore une petite heure et nous rejoignons les hangars à kayaks de Tide tours par une petite rivière qui traverse Punta Gorda..
S’ensuit la traditionnelle séance de nettoyage et de rangement. Karen nous rejoint avec le reste de nos affaires et ensembles, nous allons déjeuner dans une auberge juste à coté.
Nous retrouvons notre hôtel et l’après midi, comme nous avons quartier libre nous allons visiter en détail le village, achetant des bijoux, des hamacs et une plancha. Mais nous sommes de bien piètres clients pour les quelques marchands de souvenirs.
Le soir, nous sommes seuls pour le repas et nous avisons une minuscule gargote où du poulet grille sur un barbecue. Nous négocions le repas pour 3 dollars US, on nous installe une table dehors et nous allons acheter des bières fraîches à l’épicerie en face. Il y a même de la bonne musique et plus de Sand fly, enfin..

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En revenant vers Punta Gorda

Samedi 27 février 2010 :
C’est la journée culturelle et nous partons avec Pop’s et Karen visiter les ruines incas de Lubantuum. Il faut déjà 2h de voiture dont une bonne partie sur une piste. Cela nous permet de voir la vie dans la campagne. La diversité des ethnies est bien réelle et nous croisons des noirs rastas, des mayas typés mais aussi des Amish d’origine allemande et habillés traditionnellement comme il y a 2 siècles. Ils se déplacent dans des carrioles tirées par des chevaux car il rejètent toute assistance mécanique..
La cité se situe sur une petite colline qui émerge de la jungle. Ce sont les premiers reliefs de la chaîne maya qui s’étend du nord au sud du pays. Pop’s nous fait la visite mais nous ne sommes pas passionnés guettant encore les animaux à surprendre. Toutefois, l’endroit dominant la jungle est plaisant et l’évocation de cette civilisation, intéressante. En plus, il n’y a quasiment personne.

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Le site maya de Lubantuum

Nous passons ensuite chez Pop’s qui habite un village voisin. Sa maison se réduit au strict minimum, par choix d’après Karen : 4 murs, un toit de tôle, une TV, un réfrigérateur. A côté de la maison principale, une cuisine indépendante sous un toit de palme abrite un foyer en terre alimenté au bois. Sa femme a préparé un poulet aux ignames. En fait, il s’agit plutôt d’un coq à la chair très ferme voire récalcitrante. C’est épicé, sportif, et Karen déclare forfait tandis que nous nous acharnons par politesse.
L’après midi, nous allons à la Blue Cave, une grotte située en direction du Guatemala. Nous longeons des pitons calcaires qui nous rappellent les karsts asiatiques. Au bout d’1h nous garons le minibus au bord d’une belle rivière et Pop’s nous invite à prendre nos combinaisons de plongée et nos maillots de bain car la cavité est aquatique. Nous n’avons rien de tout cela car l’info n’est pas vraiment passée ce matin.

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Blue Cave, une superbe rivière souterraine que l'on peut parcourir en maillot de bain. Cela nous change des tannes de Savoie étroites et où la température de l'eau excède rarement 5 ou 6°.

Tant pis, nous allons voir quand même. Un joli sentier remonte le long du ruisseau. Quelques aménagements dans un état vétuste indiquent qu’il existe une petite activité touristique. Après 10 mn, nous parvenons dans un cirque rocheux ou la rivière cascade le long de gros gradins de tuf. Deux grands porches donnent accès à la cavité. Dans celui du bas, la rivière s’écoule dans des bassins limpides et de plus en plus profonds. De toute évidence, il faut nager pour aller plus en amont. Qu’a cela ne tienne, l’eau est chaude, et une fois n’est pas coutume, nous ferons de la spéléo en slip. Patrick, Lulu, Philippe et Pop’s se lancent dans le premier lac munis de chaussures de kayak, d’une tikka chacun et d’une lampe de plongée pour tous. Le premier bassin fait 50 m, mais la douceur de l’eau, et la beauté du conduit qui se profile nous pousse à continuer. Avant d’être kayakistes nous sommes surtout des spéléo, et nous allons aussi loin que possible, alternant natation et franchissement de petites cascades. A un moment, un conduit latéral rejoint un petit orifice s’ouvrant dans la jungle. L’eau est cristalline et ne se trouble même pas à notre passage. Au bout de 300 à 400m, nous nous arrêtons au pied d’une cascade.. Un peu plus haut, on entrevoit un conduit supérieur que l’on pourrait atteindre facilement par une escalade de 6 ou 7 m. Sans casque, en slip et en baskets, cela semble un peu OléOlé, de plus, Pop’s ne semble guère dans son élément.
Nous revenons donc tranquillement en se disant qu’une petite expé spéléo au Belize pourrait être un projet motivant. Une graine est semée, il ne lui reste plus qu’à germer.
Retour vers Punta Gordas pour un dernier repas avec Karen et sa femme Biologiste à Tide.

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29 mars 2009

Autour de Coron (Philippines - 2009)

Nous sommes de nouveau 6 pour aller chercher la chaleur au cœur de l’hiver : Patrick et Sandrine Degouve, Philippe Saladin, Pierre Durlet, Carole Zakin et Dani Edo Teys.
Après de longues recherches de destinations nouvelles adaptées à notre envie de kayak cool dans des paysages variés, nous avons trouvé un loueur sur l’île de Busuanga au nord de Palawan aux Philippines. Des cartes assez précises téléchargées sur Internet nous ont ensuite permis de dégrossir notre périple avant notre rencontre avec notre correspondant, Greg Hutchison.
Au final, nous sommes partis 17 jours, mais, en décomptant l’acheminement (4 vols), il nous restait 13j de navigation pleine.

Carnet de voyage :

  • Vendredi 6 Février 2009 :

Dès l’aéroport de Lyon, notre voyage prend un tournant inattendu en raison de la neige qui paralyse l’aéroport d’Heathrow ( Londres). Heureusement, nous sommes arrivés 3 h en avance, et l’employé de British Airways s’est donné beaucoup de mal pour nous trouver, en dernière minute, des vols pouvant s’ajuster au dernier transfert qui nous avait été pris de Coron, et dont nous devions récupérer les billets juste au départ. Après un Lyon-Nantes-Paris-Singapour-Bangkok-Manille, il a fini par nous trouver un Lyon-Vienne-Dubai-Manille qui convenait parfaitement. Du coup, nous avons eu un aperçu des bienfaits ou méfaits du surbooking, car nous ignorons où il a pu dénicher ou ces places ? C’est sans doute là le privilège des premiers arrivés…
Nous étions d’autant plus contents de cette nouvelle option avec la compagnie Emirate que nous avions déjà appréciée pour ses copieux plateaux repas, et son confort, détail important quand on doit se morfondre plus de 15 h dans des avions.

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La ligne Manille Coron est assurée par de gros bi-moteurs aux horaires fantaisistes quand les vols ne sont pas carrément annulés (par chance, au retour le notre est parti avec près de 2 heures d'avance !!!).

  • Dimanche 8 février :

Après une courte nuit dans le terminal 3, pour laquelle nous avions prévu les Termarest, nous embarquons enfin dans le bimoteur qui nous mène à Coron en une heure. Le ciel est clair et nous avons un aperçu de ce qui nous attend.
A l’arrivée, il nous manque le bagage de Philippe, mais on pourra certainement fractionner l’itinéraire pour le récupérer. Cela me conforte dans le fait de prendre le minimum vital en bagage à main, car cela arrive souvent...
Un minibus nous attend pour rejoindre Coron, une trentaine de kilomètres plus à l’est. Nous sommes nombreux sur une piste chaotique ou nous évitons des tronçons bétonnés qui ne sont pas encore en service et aussi les ponts en construction que nous contournons à gué dans les ruisseaux.. Le paysage alterne des collines pelées, d’autres couvertes de jungle, et le long de la route, quelques prairies, rizières et bananeraies, entourant des maisons de bambou cernées de bougainvilliers et de fleurs multicolores. Nous apprécions la chaleur humide après l’hiver particulièrement rigoureux que nous subissons en France. Il n’est pas question de profiter de la climatisation et nous profitons du paysage, vitres ouvertes nous recouvrant petit à petit de poussière.
Greg nous accueille dans son hangar à matériel accompagné de sa femme philippine et de ses deux enfants. Après un premier contact sympathique, nous allons manger dans un petit restaurant tenu par un français pour voir les questions pratiques avant de faire les courses. Nous goûtons les premiers plats locaux à base de poissons et fruits de mer, mais sommes un peu déçus car c’est très peu épicé.
Greg nous donne les cartes et nous convenons de faire déjà le tour de l’île de Coron, puis de revenir chercher le bagage de Philippe. Il nous prête un téléphone portable, car pour nous qui n’avons pas réussi à utiliser les recharges téléphoniques locales, cela coûte très cher. Ensuite, nous irons plus à l’ouest et il nous récupérera au village de Busuanga à la fin du périple.
Il nous accompagne ensuite dans les petites échoppes pour faire les courses. Nous sommes bien rodés, et un tuk tuk ramène tout au ponton de départ.

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Au départ de Coron

Nous avons droit à des kayak neufs ce qui est bien appréciable. Nous sommes prêts vers 17h seulement, et nous affrontons un fort vent d’est pour aller rejoindre la pointe de l’île de Coron ou il y a un bivouac. Nous ne chômons pas, car la nuit tombe à 18h, et c’est dans la pénombre que nous arrivons. C’est un petit coin de paradis sommairement aménagé par les locaux avec des tables de bambou. Un petit écriteau indique qu’une somme de l’ordre de 100 pesos est demandée. La plage ombragée est bordée par des lames de lapiaz spectaculaires. Premier apéro, premier repas fait sur le réchaud à essence, et aussi le dernier, car nous ferons ensuite tout au feu de bois. Nous avons d’ailleurs acheté une petite grille sur le marché pour faire griller le poisson prochainement pêché et cuire le pain de Sandrine.
Nuit de plomb.

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Premier bivouac au milieu des lapiaz acérès

  • Lundi 9 février :

A notre réveil, nous sommes enchantés par le cadre. La marée est basse, et un homme arrive qui commence à balayer la plage des déchets végétaux qui y ont déposés par la mer et des tumulus de sable faits par les crabes. Plutôt timide, il prend l’argent que nous avons préparé, mais continue de balayer sa plage refusant de boire un café avec nous. Le vent est encore très fort pour aller vers le sud de l’île, aussi nous revenons vers l’ouest ou nous sommes plus protégés, et si nous avons des nouvelles du sac, nous irons le chercher en fin de journée. Le cap franchi, le vent ne nous gène plus et nous longeons la cote lapiazée et déchiquetée. Quelques précaires habitations occupent la plupart des plages. Montés sur pilotis, ces abris fragiles abritent quelques familles de pécheurs. La cote est parsemée de criques, d’îlots sculptés et nous nous faufilons partout avec plaisir. Des ponts rocheux et de courtes grottes permettent parfois de passer de l’une à l’autre. A d’autres endroits, il faut se glisser dans d’étroits chenaux occupés par la mangrove. Plus loin, nous visitons moyennant 75 pesos le lac Barracuda qui se niche au milieu du lapiaz derrière un rideau de lames acérées. C’est l’attraction du coin, et la somme payée aide les communautés qui vivent sur l’île. En fait les touristes sont rares. Nous prenons masques et palmes et nageons dans cette eau saumâtre d’une incroyable limpidité. Malheureusement, la vie et la flore y sont absentes.

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De multiples criques jalonnent la côte nord de l'île. Certaines permettent d'accéder à des lacs d'eau saumâtre aux eaux cristallines.

Un peu plus loin, dans une anse discrète, nous parvenons à un autre lac. Un petit village occupe le fond de la baie et un sentier permet d’accéder au plan d’eau après avoir profité d’un magnifique point de vue. Nouvelle trempette. Le temps passe vite et il faut déjà trouver un lieu de bivouac. Greg nous a laissé un message pour nous dire que le bagage n’est pas arrivé.. Nous nous installons donc sur une petite plage en revenant sur nos pas.

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Second bivouac...

  • Mardi 10 février :

Un varan nous tire du lit vers 6h30. Le vent qui s’est encore manifesté sous forme de violentes bourrasques est presque tombé. Nous chargeons les kayaks et revenons sur la cote ouest pour entamer le tour de l’île si la météo le permet.
Nous repassons le cap après avoir coupé au plus court, puis la plage du premier soir. La suivante est habitée, et pensant être peut être juste en eau, nous nous arrêtons pour en demander en laissant une petite obole. La plage est méticuleusement entretenue.
Ensuite, nous longeons l’impressionnant massif calcaire constituant l’échine de l’île. Quelques habitations occupent encore les rares endroits plats, mais, ici, aucune trace de tourisme.
Plus nous avançons vers le sud, plus le paysage devient grandiose. Patrick en profite pour jeter sa traîne et réussit à prendre un barracuda et deux aiguillettes.

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La côte sud-ouest de Coron est bordée de hautes falaises calcaires.

Il n’y a plus de vent, la mer est calme. En se rapprochant du cap, les endroits de bivouacs deviennent plus rares. Nous hésitons un moment face à une superbe plage flanquée d’un îlot déchiqueté, mais, il est à peine 16h et nous nous régalons de cette navigation si belle, alors, nous continuons. La baie repérée ensuite sur la carte n’est pas utilisable. La suivante est occupée par une multitude de gens qui semblent cultiver la terre, et c’est finalement dans la troisième que nous nous installons. Une plaine couverte de végétation la prolonge et nous sommes encadrés par des pitons rocheux imposants, hélas cassés dans leur partie basse, peut être pour récupérer des matériaux de construction ? Sans être complètement défiguré, le paysage affiche de belles cicatrices qui seront longues à effacer. Nous profitons avec délice des dernières heures de jour, allant chercher comme chaque soir du bois pour la cuisine ou en partant à la pêche pour Pierre qui n’a encore rien pris. Des enfants viennent jouer en pirogue dans la baie, ils accostent et vont d’après leur lampe voir une grotte, mais ils ne viennent pas nous voir
Les prises de Patrick sont cuites en papillotes, et Sandrine prépare le pain pour le lendemain…

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Bivouac au sud de Coron

  • Mercredi 11 février :

Réveil à 6h. La marée est basse et des pécheurs venus à pied de la baie voisine arpentent la plage découverte chassant les poissons piégés, les concombres de mer et divers coquillages. Nous allons les voir pour voir ce qu’ils ont ramassé et essayer de comprendre leurs techniques : ils frappent une racine avec un bâton, et cela fait sortir le poisson ou l’anesthésie ? Ils ne parlent pas anglais, et c’est difficile de communiquer. Comme la plupart des gens que nous rencontrerons, ils sont doux, un peu timide et peu curieux de nous connaître plus.

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Au petit jour, des pêcheurs à pieds viennent récupèrer les poissons piégés par la marée basse.

Nous profitons de ce réveil matinal pour essayer d’aller voir la grotte, mais revenons bredouilles, non sans avoir vu quelques varans timorés.
Nous reprenons tranquillement la mer pour franchir le cap au sud de l’île. Sans vent, la houle est confortable, mais les hautes falaises et le peu de refuges nous font apprécier notre chance avec la météo.
La remontée vers le nord est très belle et les hautes parois au bas desquelles nous nous sentons tout petits n’ont pas impressionné les chasseurs de nids d’hirondelles qui ont bâti d’incroyables échafaudages en bambou pour atteindre les porches à plusieurs dizaines de mètres de hauteur.

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Des échafaudages de bambous témoignent de l'audace des chasseurs de nids d'hirondelles. Il n'ont pas hésité à franchir des surplombs pour atteindre le petit porche visible en haut de la photo de droite.

Soudain, la muraille s’interrompt pour s’ouvrir sur une baie profonde aux eaux paisibles flanquées de jolies petites plages toutes occupées par des maisons de bambou. A l’austérité du cap succède une incroyable sérénité. Quelques enfants s’approchent à distance de nous dans de petites pirogues. Dani, qui travaille la langue essaie de communiquer, car l’anglais ne sert à rien. Au milieu sont installés des cordelettes pour la culture d’algues où les femmes aussi bien que les hommes travaillent. Nous ne semblons pas les perturber et ils ne s’intéressent pas à nous spécialement. Nous ne voulons pas troubler ce calme et poursuivons notre navigation.

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Des cultures d'algues soigneusement entretenues.

Les hautes parois calcaires s’imposent à nouveau et nous débouchons dans une autre baie dont nous explorons chaque recoin de mangrove ou de labyrinthe d’îlots. Les eaux passent du turquoise au bleu foncé. Nous nous accordons une petite plongée, mais l’eau est un peu trouble et il n’y a pas énormément de poissons. Nous repartons et avons bien du mal à trouver un endroit ou débarquer pour notre pause repas. Nous visitons un lagon caché auquel on accède par un étroit chenal. Quelques singes nous font une démonstration d’escalade. Nous aurions bien du mal à les suivre bien que pratiquant cette activité tant la roche est abrasive.

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Quand la mangrove colonise les lapiaz...

Enfin, nous nous arrêtons dans un coin de mangrove ombragé par la falaise ou nous pouvons débarquer sur des rochers et attaquer notre salade et un bel ananas. Le café est finalement bu toujours froid, cela évite de faire chauffer de l’eau, et les 10kg de bagage nous ont fait renoncer au thermos.
La baie est très grande, cernée de mangrove, et on voit partout des maisons sur pilotis. C’est le village de Cabugao, mais nous n’en trouvons pas l’accès dans ce labyrinthe. Nous n’avons besoin de rien, et nous continuons. Les parois s’abaissent, mais pas de bivouac en vue. Vers 16h ; nous avisons 3 plages toutes plus petites les une que les autres, alors nous continuons. Finalement, la nuit étant proche et toutes les plages occupées, nous nous dirigeons vers le second village de l’île, Bangwang Daan. Notre arrivée ne manque pas de susciter la curiosité. Nous nous adressons à un adulte en train de ramasser des sortes de palourdes et lui demandons l’hospitalité avec moultes gestes expressifs. Un peu surpris, il nous propose finalement de nous héberger dans sa maison. Il s’appelle Maximo, nous présente sa femme Laetitia qui nous accueille avec un grand sourire édenté. Grâce à Dani et ses rudiments de langue, nous leur demandons s’ils peuvent nous faire à manger moyennant un peu d’argent. Un voisin nous propose des poissons, une dame un poulet vivant. Nous acceptons tout, les prix étant modiques.

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Le petit village de Bangwan Daan et la maison de nos hôtes.

Nous disposons donc d’une pièce au sol en terre battue dont une partie du toit laisse voir le ciel par ses nombreux trous. Nous sommes cernés par les poulet qui vivent là, et divers matériel de pêche. Nous montons nos moustiquaires et profitons de cette intimité pour nous changer. Ensuite, pendant que le repas se prépare, nous partageons avec nos hôtes et leurs voisins, un punch et des pop-corn, confortablement installés sur une banquette de bambou qui court autour d’une avancée abrité prolongeant la maison. Le repas sera bien agréable, nous distribuons des gâteaux secs pour le dessert. Cependant,la nuit sera animée ; entre les coqs qui chantent à n’importe quelle heure, le cochon contre la maison et les bruits des divers animaux qui transitent par notre « chambre ».

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Carole et Pierre bénéficie du lit réservé aux invités...

  • Jeudi 12 février :

Réveillés tôt, donc, nous profitons du feu de bois brûlant en permanence dans la petite cuisine spartiate pour faire notre petit déjeuner de flocons d’avoine. On nous offre de l’eau chaude pour le café et le chocolat. Gare au coq qui sans gène a vite fait de se retrouver dans nos assiettes. Nous donnons à nos hôtes une petite somme pour leur hospitalité ainsi que du riz et tous les légumes qui nous restent car nous allons passer à Coron dans la journée et nous pourrons nous ravitailler.
Nous allons avant de partir visiter un peu le village qui se développe vers la zone de mangrove du fond de la baie et ou il y a un ponton qui constitue l’accès principal depuis la mer.

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Le village de Bangwan Daan

Les maisons sont en bambou, montées sur pilotis. Certaines sont ornées de fleurs multicolores avec de petites haies du même matériau, d’autres sont en piteux état. Au ponton, un responsable officiel nous accueille, mais courtoisement, nous interdit l’accès au village proprement dit. Ici, le tourisme est règlementé voir interdit pour préserver les populations. Nous reprenons la mer en direction des sources d’eau chaudes qui se trouve sur notre chemin. Nous faisons une courte traversée, abandonnant les falaises et prenons la direction de Coron. Une petite passerelle nous signale les sources. Sandrine craignait la foule, en fait,il n’y a qu’un couple dans ces bassins en forme de gours qui nous décrassent un peu dans une eau sulfureuse à 40°.
Nous longeons ensuite la cote pleine d’habitations et de bateaux jusqu’à Coron et le ponton d’où nous sommes partis.
Retour à la civilisation, nous sortons nos sacs ikéas pour aller faire des courses. Mais déjà, nous avons très faim et entrons dans un restaurant aux allures de cantine tenu par une matrone peu avenante. Mais, il y a des bières fraîches alors nous restons pour tester les différentes marmites. La cuisine n’est pas mauvaise, mais, cela n’est pas du tout épicé. Greg nous rejoint et annonce l’arrivée du sac perdu vers 16h. Nous mettons au point les derniers détails de notre récupération à la fin de notre périple.

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Petite averse tropicale sur Coron...

Nous en profitons aussi pour recharger des batteries d’appareil photo et cela nous sera facturé. En sortant, nous sommes surpris par une violente averse qui vide les rues. Nous faisons nos courses sous les auvents entre les gouttières et chargeons un triporteur qui ira aussi au magasin d’eau pour refaire nos réserves.
Nous sommes à nouveau d’attaque à 16h30. Nous gagnons un petit îlot près de Dinanglet island et installons notre bivouac à la nuit tombante. Le coin est accueillant malgré quelques ordures.

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Le décor change. Après les pitons calcaires, les montagnes chocolat...

  • Vendredi 13 février :

Nous partons vers 8h30 après avoir brûlé ce qui traînait. Direction l’île proche ou nous plongeons sur les récifs coralliens qui sont bien plus riches en faune et formations diverses. Nous rejoignons ensuite Uson Island que nous longeons par le sud, croisant quelques personnes qui pêchent en apnée. Le paysage est différent de celui de l’île de Coron. Des collines pour certaines complètement déforestées offrent des formes épurées aux couleurs chocolat, lie de vin ou dans des dégradés de vert, allant jusqu’au gris et bordées de mangroves.
Nous remontons ensuite le chenal qui contourne l’île d’Apo par l’est. Nous commençons à voir des élevages d’huîtres perlières qui monopolisent le centre des bras de mer, mais ne nous gênent pas avec nos embarcations légères. Des maisons sur pilotis sont souvent installées au milieu. Nous passons près de l’une d’elle ou un chien très sage nous regarde passer entouré de pots de fleur joliment disposés. Il y a de plus en plus de mangrove et nous entendons au loin les tronçonneuses des forestiers. Grâce aux informations de Greg nous trouvons un étroit chenal caché dans les palétuviers qui nous permet de nous faufiler vers l’ouest pour atteindre Ditalamang point où nous retrouvons des falaises calcaires. Nous nous arrêtons dès que possible quelque peu fatigués par cette longue matinée et faisons honneur à notre casse croûte.

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Un étroit passage dans la mangrove permet de contourner Apo Island par le nord.

Avant de repartir, Sandrine qui a repéré une balance devant une cabane va voir s’il n’y aurait pas des poissons à vendre, car nos pécheurs n’ont pas beaucoup de réussite. Bingo, nous achetons 2kg de beaux poissons pour 3€ et on nous donne même de la glace pour les conserver jusqu’au soir..
Nous recherchons ensuite un lieu de plongée ou une épave repose dans moins de 10m d’eau. En fait, la mer est trouble, et nous la recherchons vainement. Nous contournons Tangat island, profitant de la végétation exubérante au milieu des éperons calcaires et guettant les oiseaux. Nous inspectons les plages. La première est occupée par un cimetière, la seconde est habitée, la troisième est entièrement utilisée par un centre de plongée. Nous allons voir les prix, mais c’est loin de notre budget, et nous avons pris goût aux bivouacs perdus. Nous revenons donc sur nos pas de peur de ne rien trouver plus loin et retournons à la deuxième plage ou les occupants de la maison nous donnent sans problème l’autorisation de camper. Et en plus, ils n’ont pas de coq pour nous réveiller la nuit…
Nous faisons sur notre grille les poissons que nous avons du mal à finir tellement c’est copieux.

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Tangat Island et sa forêt luxuriante.

  • Samedi 14 février :

Notre voisin vient nous rendre visite avant d’aller travailler au resort vu la veille. Il nous situe l’épave et va travailler en pirogue. Nous repartons finalement en arrière, faisons le tour de l’île par l’autre coté et cherchons à nouveau l’épave. Nous la trouvons enfin, mais, l’eau est trouble et il n’y a pas grand-chose de spectaculaire à voir, les coraux et poissons sont plus intéressants. Après avoir contourné l’île, nous traversons vers la cote en croisant moult champs d’huîtres.. Nous longeons Santa Monica, c’est moins spectaculaire; le vent nous accueille dans une petite passe le long de Lusong island. Il nous freine un peu le long de l’ile puis nous pousse se joignant au courant pour nous faciliter la traversée vers Marily Island. Nous commençons à nous demander ou nous allons trouver un endroit pour nous poser le soir. A l’approche de Culion, nous passons par le plus grand des hasards devant des maisons avec un panneau d’affichage qui attire notre oeil. Une femme en train de laver du linge vient à notre rencontre et nous annonce que c’est un resort alternatif fait pour accueillir occasionnellement des touristes mais surtout des autochtones pour des actions de formation destinées à la sauvegarde des valeurs Tagbanuas et de les adapter aux changements de la planète. Cela va de la construction de maisons traditionnelles, à l’étude de la faune, en passant par des cours de cuisine.

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Le sympathique Resort de Mina...

Autant nous avions boudé celui de Tangat, autant nous avons envie d’aider cette initiative.
Quelques grands bungalows en bambou constituent ce centre. L’étage est un grand dortoir et le bas une salle de classe qui donne sur un ponton et la mer. Il suffit de déplier un matelas et une moustiquaire et de profiter de la belle architecture du toit de palmes. En retrait un autre bâtiment du même genre est constitué d’une salle à manger au bas et d’une grande pièce en chantier à l’étage, le tout, dans le style traditionnel.
Deux petites pièces avec des baquets d’eau servent de douches et des toilettes sèches sont prévues, mais gare aux blattes géantes qui sortent de l’ouverture.
Pour la première fois, nous pouvons nous laver à l’eau douce, même si nous l’utilisons avec parcimonie.
Mina envoie son mari faire des courses à Culion distant de 10 km pour nous faire à manger du poisson et un shop suey de légumes accompagnés de quelques bières gardées au frais dans une glacière.

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Le batîment principal a été construit dans la plus pure tradition tagbanua. L'ossature et la couverture sont en bambou et assemblés par des lanières naturelles.

  • Dimanche 15 février.

La nuit a été difficile pour Patrick qui a été malade et grelotte de fièvre. Nous avons eu malgré tout la chance d’être bien protégé de grosses averses qui se sont abattues pendant notre nuit.
Ce n’est pas possible de partir dans ces conditions. Du coup, Patrick reste au resort avec Sandrine. Pierre et Carole vont pour la journée visiter Culion et marcher un peu sur les hauteurs à la recherche d’oiseaux à observer. Philippe et Dani vont manger avec eux des calamars sur le port et continuerons plus au sud faire le tour de l’île de Tanaban. On les retrouvera le lendemain si nous partons, en leur laissant un mot et nous avons les portables et les talkies walkies.
Vers 10h30, Patrick est un peu moins mal et Sandrine va faire un petit tour en Kayak. Elle trouve un étroit chenal dans la mangrove qui mène à une source? Des singes peu farouches mais sur leurs gardes se laissent observer. Retour pour manger des pâtes chinoises et des bananes avec le malade, c’est bon signe, il mange. Pendant qu’il se repose à nouveau, Sandrine repart pour pousser jusqu’à Culion en longeant les îles après avoir fait une petite plongée qui sera l’une des plus belle dans la passe à coté de notre île. Il y a des coraux de toutes les couleurs et une multitude de poissons.

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Coraux à gogo...

Le village est pittoresque, très habité avec des rues sur pilotis qui s’avancent sur la mer. De la musique, des discussions animées s’échappent des maisons, sans oublier les coqs, attachés par une patte qui attendent un combat. Une énorme église trône sur une butte et les tuk tuks et les mobylettes défilent sur le front de mer.
De retour à notre île, Patrick prend le frais. Cela va mieux, mais il fera l’impasse sur l’apéro et préférera le coca ramené de la ville.
Notre hôtesse nous allume le feu alimenté par des palmes sèches pour faire notre cuisine et aussi du pain pour le petit déjeuner. C’est un peu comme nos antiques cuisinières à bois, avec les différents trous réglables pour s’adapter aux casseroles, l’ensemble étant en béton, saufs les anneaux de métal. La aussi, il faut avoir à l’oeil le coq qui a tôt fait de sauter sur la table. Bonjour la grippe aviaire.
Les aventures de Dani et Philippe pendant ce temps là :
« Après avoir quitté Carole et Pierre, nous continuons vers le sud et tentons un passage dans la mangrove pour shunter la presqu’île qui est en fait une île. Nous longeons ensuite toujours des mangroves, pas de plages, mais des îlots peu élevés avec une végétation rabougrie. Nous traversons ensuite pour atteindre le sud de Tambon Island. Il n’y a pas vraiment de plages, justes des habitations sur pilotis entre les mangroves. Nous trouvons tant bien que mal un bivouac dans la grosse baie de l’île à la nuit tombante. Nous ne sommes pas loin d’une maison et les chiens donnent l’alerte. Le propriétaire vient nous voir avec une lampe et nous partageons avec lui quelques cacahuetes. Hélas pour nous, le coin est envahi par les moustiques. C’est une véritable invasion qui rend sportive la préparation du repas. Pendant la nuit, une grosse pluie met à l’épreuve la tente de Dany et le hamac de Philippe protégé par une bâche. »

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L'abondante végétation qui borde les rivages facilite l'utilisation du hamac.

  • Lundi 16 février :

Ce matin, chacun a retrouvé son énergie, et nous laissons un plan détaillé du trajet que nous comptons prendre, avant de partir vers 8h.Nous renonçons à aller plus au sud de Culion. Nous avons l’impression qu’il y a beaucoup de mangroves, des cotes pas très variées, et nous sommes juste en temps pour en faire le tour, d’autant que la cote Est est peu protégée. Nous préférons aller en direction de Busuanga ou Greg nous a un peu décrit les endroits à voir. Direction Marily Island que nous longeons par le sud. Il y a toujours beaucoup de mangroves, mais il y a partout des habitations sur pilotis la plupart très sommaires. Par endroit, l’eau est tellement claire que nous voyons les coraux multicolores. Au sud de Bak Bak island, nous entrons dans une large baie dans laquelle arrivent deux rivières. Nous apercevons dans les hauts arbres de la rive de gros oiseaux bruyants aux becs énormes, des casoars. Nous restons un long moment à les observer aux jumelles puis nous partons vers le sud-est dans un dédale de chenaux étroits bordés par des habitations. Nous croisons aussi des hommes qui construisent des nasses pour la pêche. Au bout d’un certain temps, nous arrivons à un cul de sac et nous demandons à un pécheur qui vient d’arriver la direction des waterfalls dont nous a parlé Nina. Il nous montre une direction, puis se ravise, remonte dans sa pirogue et nous double pour nous montrer le chemin. Nous avons du mal à le suivre tant il est rapide. Nous rejoignons le lit principal de la rivière qui en fait est balisé de piquets blancs. Nous remontons sur quelques km jusqu’à un village niché au pied des collines. L’eau chute de quelques mètres dans une belle vasque. Une spectaculaire passerelle permet de passer les cascades pour aller plus haut. Nous mangeons quelques biscuits, nous nous rafraîchissons dans l’eau et discutons un peu avec les quelques femmes qui avec une multitude d’enfants nous regardent à distance.

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Pour trouver le village, un autochtone nous guide à travers le dédale de la mangrove.

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Le téléphone ne passe pas et nous ne pouvons pas indiquer aux autres ou nous sommes dans ce labyrinthe alors, nous nous hâtons de ressortir et d’aller pique niquer à la sortie de la baie. Sandrine envoie un SMS pour nous situer avec l’heure d’émission, car les messages partent mais arrivent au destinataire avec des décalages fantaisistes. Nous avons même reçu des messages qui n’avaient pas été envoyés et semblaient plausibles bien qu’énigmatiques. Nous allumons aussi le talkie walkie toutes les heures au cas ou. Finalement, le message arrive quelques heures après, Philippe ayant mis son téléphone au bout de sa pagaie pour améliorer la réception. Ils ont parcouru une grande distance à toute vitesse pour nous retrouver et en fait nous sommes derrière eux. Nous les retrouvons quelques heures plus tard…
En fin de journée, nous traversons pour rejoindre Lamud Island et une petite île ou nous avons aperçu une plage aux jumelles. Le temps est de plus en plus menaçant, mais la pluie nous épargne.

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Pass Island, un petit coin de paradis...

L’endroit est idyllique, et nous sommes bien contents que la famille qui y habite et en prend soin nous autorise à y passer la nuit moyennant 100 pésos chacun.
Sur la plage de sable blanc, une trace de tortue indique une ponte récente, mais cette nuit là nous n’en verrons pas. Encore une belle soirée auprès du feu après l’apéro et le repas habituel de riz et de légumes à la sauce au lait de coco.

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Petit déjeuner sur plage de sable blanc, c'est dur la vie...

  • Mardi 17 février :

Le ciel est bien dégagé. Nous embarquons vers 8h30 alors que le vent d’est se lève. Nous allons en direction de Napulo Island et Galoc Island et nous nous enfilons dans le chenal qui mène vers la baie au nord est de l’île de Culion. Le vent nous pousse, mais à l’entrée de la baie bordée de mangroves à perte de vue, le manque d’enthousiasme est unanime. La mangrove, c’est bien, mais, la variété, c’est mieux. Nous faisons donc demi tour et entamons le tour de Popototan island. Nous faisons une petite pause près ce qui nous semble être un village abandonné et qui est en fait un cimetière aux tombes protégées par des toits de palmes. Un imposant et luxueux resort occupe ensuite le fond de la baie et il y a des résidences imposantes sur les hauteurs. Mais nous avons peu de rêves de confort et nous continuons vers la suite de la cote qui devient plus sauvage et jolie avec des rochers aux dégradés harmonieux et aux formes torturées. L’eau claire laisse apparaître de beaux fonds coralliens.
Nous franchissons le cap au sud ouest, toujours poussés par le vent. Derrière de très belles plages désertes, surmontées de beaux arbres s’offrent à nous. Nous en choisissons une adossée à un éperon rocheux qui domine les eaux cristallines pour notre pause de midi.

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Popototan Island

La plongée en apnée nous révèle de beaux fonds, face au large dans une eau transparente et poissonneuse puis nous montons en haut du promontoire pour profiter de la vue avec plus de hauteur.
La suite de l’île reste assez sauvage et ce n’est qu’à son extrémité que nous retrouvons quelques luxueuses résidences. Nous allons ensuite vers Malbinchilao island que nous longeons par l’ouest. La falaise sculptée de plis monstrueux est percée d’abris et de petites grottes. Sandrine repère des bigorneaux sur les rochers et nous profitons d’une mini plage pour laisser les kayaks et faire le plein de coquillages pour l’apéritif.
Nous enchaînons les deux îlots suivants tout aussi beaux. Bordés à l’ouest par des falaises, il offre à l’Est de belles plages souvent habitées. L’après midi avance et nous choisissons de nous arrêter près d’une maison en chantier qui semble abandonnée. Il y a aussi de petits abris de bambou en ruines, des papayers, et des bougainvilliers. Personne à l’horizon bien que l’endroit semble fraîchement entretenu. Le sol a été nettoyé de ses pierres et coquillages et balayé. Ce n’est pas très sauvage, mais le bivouac est confortable et la passe pleine de coraux et de poissons. Les pécheurs repartent pour rapporter de quoi manger, mais sans succès.
L’apéro est perturbé par les moustiques qui attaquent en masse, hélas nous ne sommes pas tous égaux face à eux. Il y a ceux qui peuvent rester torse nu et ceux qui doivent se couvrir complètement. Cela se calme la nuit tombée.

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Bivouac sur Malcatop Island

  • Mercredi 18 février :

Avant de partir, petite séance de snorkeling. Nous traversons ensuite vers l’île de Dicoyan. Il fait très chaud et nous nous laissons aller à une nouvelle séance de baignade au milieu des coraux et des grosses nasses que les pécheurs ont caché par endroits. Nous continuons tranquillement à longer l’île vers l’ouest dans des eaux très claires. A son extrémité, une mangrove très aérée avec de très beaux arbres offre de superbes points de vue vers le large. Le vent se lève pour notre traversée vers Conception. Cela met un peu d’animation et on se concentre sur les vagues.

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L'arrivée à Conception

L’image est maintenant habituelle d’une arrivée au milieu des maisons sur pilotis. Nous laissons nos kayaks vers un grand ponton qui donne accès à la rue principale. Nous pensons aller au restaurent, mais le seul que nous voyons est trop luxueux a notre goût. Nous allons donc compléter nos vivres par quelques produits frais dans les petites échoppes. Il n’y a pas d’eau potable, mais, comme il nous en reste encore nous attendrons la prochaine bourgade : Salvacion. Le village est paisible, très fleuri, et après avoir fait notre tour, nous allons pique-niquer sur le ponton ou un toit de palme nous offre une ombre bienvenue. Nous apprécions notre salade de pomme de terre autant qu’un repas au resto, même sans bière fraîche.

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L'épicerie de Conception

Des enfants en uniforme d’école nous accompagnent dans le chargement des kayaks. Pour la première fois, l’un d’eux nous demande de l’argent.
Nous repartons sous un ciel menaçant, et nous voyons un rideau de pluie au nord qui se rapproche. Mais, il se disperse et nous passons à travers les gouttes. Nous traversons vers Tantangai island puis remontons la cote vers le nord. Il y a toujours alternance de mangroves et d’îlots rocheux. Sur une des plages que nous longeons, nous rencontrons un anglais en train de diriger une équipe de débroussaillage en vue de construire un resort. Il a l’air épanoui, et nous dit qu’il a vu des dugons dernièrement. Cela nous dirait bien d’en voir aussi..
Passé Kaniki Point, nous entrons dans une large baie occupée au fond par la mangrove. Encore de la mangrove et nous sommes tentés de couper la baie mais des bâtiments retiennent notre attention et Sandrine va voir s’il n’y aurait pas quelques poissons à acheter car nos pécheurs sont découragés et bredouilles.
En fait, il s’agit de pêcheurs de poulpes qui les préparent en vue de les exporter. Après quelques hésitations, nous nous laissons convaincre que cela est facile à cuisiner. Notre interlocuteur, très sympathique, est formel : 5 mn au wok et rien d’autre. Du coup nous en achetons 2 pour 3€.

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Cette fois-ci et contre toute apparence, nous y échapperons...

Nous nous arrêtons un peu avant Salvacion sur une plage bordée de vieux palétuviers. La piste passe à proximité, mais, nous n’avons pas tellement le choix et cela n’est pas très gênant vu le peu de circulation. A son extrémité, une famille nombreuse nous donne son accord pour camper, et l’un des enfants particulièrement collant et tonique nous tient compagnie jusqu’à la nuit.
Coté cuisine, Patrick se réjouit car il adore le poulpe. Sandrine est plus sceptique, mais nous nous lançons. Au final, c’est plutôt raté, la consistance s’apparente à du caoutchouc de qualité supérieure, et en plus, il y a la quantité. Nous remettons les restes à cuire et les laisserons toute la nuit sur le feu mourant avec une pierre sur le couvercle.
Au matin, c’est cuit à point, mais il y a peu d’amateurs pour le petit déjeuner. Finalement, les plus téméraires mangeront les restes dans leur salade de midi, au risque d’être malade compte tenu du risque de mauvaise conservation.… Ce qui n’a pas été le cas, mais entre deux alertes intestinales pour Patrick et Sandrine, le stock d’immodium s’épuise.

  • Jeudi 19 février :

Ce matin, Philippe a pris la relève de Sandrine pour faire des petits pains aux raisins qui changent des flocons d’avoine.
La navigation jusqu’à Salvacion est courte et nous arrivons au début de matinée à l’habituel ponton. Nous visitons les rues fleuries et la chaleur nous pousse vers une petite échoppe pour boire quelque chose et faire marcher le commerce. C’est un village accueillant organisé dans un carré formé par quatre rues perpendiculaires. On y trouve plusieurs épiceries, au moins un restaurant, mais ce n’est pas l’heure de le tester. Il y a même des tuk tuks, et une école est en cours d’agrandissement. Nous trouvons l’eau en bouteille de 4 et 6 litres (c’est plus agréable au goût que de mettre des cachets), encore quelques fruits et du jus d’ananas pour les punchs et le petit déjeuner.

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L'hypermarché de Salvacion

Nous repartons en direction de Manolebeng island sous un soleil de plomb, puis longeons le sud de Campane Island occupée par une entreprise de perle bien gardée. Nous croisons beaucoup de pirogues avec ou sans moteur, la cote est très habitée. Nous nous arrêtons sur un très joli petit îlot pyramidal qui en prolonge la pointe sud, encadré par quelques palétuvier dans une eau encore très claire..
Le soleil tape dur, et nous sommes contents de trouver un peu d’ombre. Le vent se lève lorsque nous repartons. Nous contournons l’île au sud de Panlaiton, après avoir croisée des îlots qui ne sont pas sur les cartes. Il semble y avoir là de très beaux coraux, mais la mer agitée nous dissuade de faire du snorkeling en tirant les kayaks. Les rivages sableux sont gardés par des grands récifs coralliens ou la mer déferle, nous obligeant à rester bien au large.. Nous étions tenté pour contourner Palaitan island par l’ouest, mais les conditions de mer de plus en plus difficiles nous font renoncer et revenir sur la cote est plus abritée. Elle est occupée par un joli village de pécheurs qui font sécher les poissons sur des claies, embaumant l’atmosphère à plusieurs kilomètres à la ronde. Il y a de nombreux bateaux parés de lamparos pour la pèche nocturne.

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Le bivouac sur Campane Island

Difficile de trouver un bivouac ici, aussi nous retraversons le chenal pour nous installer sur une grande plage observée aux jumelles au sud de Campane island. A notre arrivée, une ribambelle d’enfants parcourt la plage. Nous craignons le pire, mais en fait, ils sortent de l’école et font les quelques km qui les séparent de leur village. En tenue bleue et blanche, ils restent très discrets et passent leur chemin. Les plus grands viennent nous voir, mais ne nous importunent pas. Un habitant du village voisin nous rend également visite et Dani qui est le traducteur en chef, lui demande l’autorisation de camper puis va visiter le village avec lui. D’autres villageois viennent un moment nous voir avant de partir à la pêche.
Ce soir, Philippe refait du pain que nous n’aurons pas l’occasion de goûter au matin, un mystérieux voleur s’en étant occupé pendant la nuit (chien, singe ?)

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Philippe dans le rôle du boulanger

  • Vendredi 20 février :

Malgré les différents villages et la foule de bateaux qui pêchent de nuit, nous n’avons pas été gênés par le bruit
Les enfants repassent devant nous pour aller à l’école pendant notre petit déjeuner. Ensuite passent des gens qui vont au travail.
Nous embarquons vers 8h et en longeant le village, nous disons au revoir à notre hôte et il nous assure par geste que la météo est bonne pour aller à Black island. La traversée prend une bonne heure. La mer est calme, mais une longue houle venant du nord nous rappelle que nous ne sommes plus protégés des humeurs de la mer de chine. L’île nous ressemble en plus petit à celle de Coron et nous avons plaisir à retrouver les falaises déchiquetées et la végétation luxuriante. Nous accostons sur l’unique plage. Un campement permanent y est installé et la beauté du site nous aurait bien plus pour y installer notre bivouac. L’eau est limpide, mais les fonds ont l’air abîmés. Nous entamons le tour par le nord, plus exposé au vent et à la houle. Elle est plus prononcée et s écrase avec fracas sur les hautes parois. Du coup, nous restons à distance mais profitons de la vue sur les sommets et les langues de végétation qui descendent. Il n’y a pas d’abris, et la falaise est quasi ininterrompue. Malgré tout, nous croisons deux pêcheurs au travail, ballottés par les vagues sur leur minuscule pirogue. Le cap sud est bien trop rapidement atteint et nous terminons notre tour sur la plage pour refaire une baignade avant de retraverser.

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Black Island

La brise se remet à souffler, la mer est moins calme, mais rien de bien méchant. Une heure encore et nous atteignons Detobet Point que nous dépassons pour aller nous poser près d’un petit village juste derrière le cap. La pause s’impose.
Nous remontons ensuite le chenal qui longe à l’ouest Campare island. Le secteur est très calme, et aucune embarcation ne croise dans le secteur. Nous piquons ensuite plein est pour rejoindre les grandes plages à l’ouest de Busuanga. Encadrés par la mangrove et les palmiers, nous trouvons un petit endroit protégé du soleil et juste assez grand pour y mettre les trois tentes et le hamac. Pour une fois pas d’habitation à l’horizon. Et pour cause, car à marée basse, on est un peu prisonnier des rejets de palétuviers et de la vase.

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Dernier bivouac...

  • Samedi 21 février :

Dernier jour de notre périple.
La marée basse annonce un portage un peu épique, aussi, nous prenons notre temps pour nous préparer et profitons un peu de ce bel endroit. Au loin passent des pécheurs à pieds qui ramassent sans doute des coquillages. A son retour, l’un d’eux nous rejoint sur la plage et nous parlons par gestes avec lui pour voir ce qu’il a péché. Il a un sac plein de coquillages mais semble plutôt pauvre. Aussi, nous lui laissons les quelques kg de riz qui nous restent. Il a du mal a comprendre, pense que nous voulons échanger ses coquillages, mais toujours par geste nous lui expliquons que le programme, c’est resort, voiture puis avion. Nous faisons un heureux, et regrettons ensuite de ne pas lui avoir donné plus de choses qui ne nous serviront plus.
Finalement la marée a remonté un peu et nous nous en tirons bien. La cote qui nous reste est une longue plage, beaucoup plus accessible que celle que nous avions choisie pour nous arrêter. Tout à coup, nous tombons sur des bungalows et l’embouchure de la rivière Busuanga. C’est là que nous avons rendez vous avec Greg dans l’après midi, mais avant, nous allons remonter la rivière. Le début est un peu rébarbatif et nous traquons les endroits ombragés. La végétation composée de bambous et de palmiers n’est pas très variée.

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Sur la Busuanga river

Un petit détour par un affluent paraissant plus sympathique se heurte rapidement à l’insuffisance du débit et nous nous arrêtons à un pont ou passe la route de Coron. Pause biscuit puis retour dans l’autre branche. Après avoir dépassé un autre pont digne de la rivière Kway, les rives changent peu à peu d’allure, le cours d’eau se resserre en méandres et à l’approche des premiers reliefs, nous rencontrons de petits rapides. C’en est fini de l’eau saumâtre. Ici, la forêt est plus belle, il reste encore quelques arbres de belle dimension. Les débarquements sont fréquents, et cela met de l’animation. Nous croisons quelques fermes barricadées de bambous et des groupes qui chargent des sacs de graviers pour la piste toute proche. Ils sont souriants et nous saluent en riant. Nous cassons la croûte sur une plage de galet et finissons les boites dans notre salade. Petite baignade dans une belle vasque, désallage du matériel et nous continuons. Malgré la végétation, les varans et les oiseaux plus nombreux, nous nous lassons des débarquements et finissons par abandonner. Avec plus d’eau, on peut remonter presque jusqu’au centre de l’île. La descente est rapide et vers 16h nous revenons à l’embouchure pour rendre les kayaks et plier le matériel. Greg va faire des courses pour que le cuisinier nous prépare un bon repas de crabes, poissons poulets et salades arrosés de moult bières. Soirée bien douce face aux îles avec déjà un peu de nostalgie.

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  • Dimanche 22 février/

Départ matinal pour l’aéroport que nous rejoignons en deux heures de pistes, refaisant une partie de notre parcours en kayak avec une autre vision des paysages et des villages traversés.

9 avril 2008

Archipel des Tarutao (Février 2008)

Samedi 16 et dimanche 17 février 2008 :

Le trajet pour arriver à Pak Bara n’est pas de tout repos. Après un premier vol Lyon Amsterdam de 2h, nous devons attendre 4 h notre correspondance pour Bangkok. Suivent 10 h 30 de vol avec China air line durant lesquelles nous parvenons à dormir un peu. A Bangkok, nouvelle agrémentée d’un changement d’aéroport pour prendre la ligne intérieure qui nous emmène à Hat Ya. Nous avons pris un bus local à l’aller plus pittoresque mais on porte plus les bagages et un taxi au retour. Il faut plus de 2 h pour ce transfert, mais nous avons constaté sur place que d’autres vols partaient du même aéroport international pour Hat Yai. Là, nous trouvons facilement un taxi qui nous emmène à la guesthouse de Pak bara que nous rejoignons en 2h. Il est 17h heure locale. Notre voyage a duré 23h.

Nous faisons connaissance de Tom un guide Tai de l’agence qui a apporté les kayaks depuis Phuket et qui guidera ensuite un couple quelques jours dans les îles. Nous fignolons les préparatifs, arrêtons les dates des transferts en bateau entre le groupe d’îles de Ko Lipe, la grande île Tarutao et le retour vers le continent. Il y a aussi des ferrys, mais le fait que nous soyons 6 rend aléatoire la possibilité d’embarquer sur un ferry de façon sur quand nous le voudrons.

Nous faisons goûter le pastis de notre premier apéritif à Tom et le suivons ensuite dans un restaurent ou nous retrouvons avec plaisir les saveurs de la cuisine Tai. Ensuite nous allons dormir avec, pour certain, une nuit agitée, compte tenu du décalage horaire, des coqs qui chantent au milieu de la nuit et de l’appel à la prière du muezzin.

 

Lundi 18 février :

Nous nous sommes donnés rendez-vous à 7h et comme l’hôtel n’a pas l’air de servir de petit déjeuner, nous avisons des petites échoppes proches ou les locaux viennent acheter à manger pour faire comme eux. Nous achetons des crêpes fourrées aux œufs brouillés sucrés et différents petits en-cas plus ou moins sucrés que nous mangeons dans la cour de l’hôtel, entourés de bougainvilliers multicolores et de chants d’oiseaux.

Ensuite, pendant que Tom s’occupe de l’acheminement du matériel vers le port à 1km, nous allons avec le gérant de l’hôtel à Langu, une petite ville à quelques km pour faire les courses. Nous sommes rodés, avons toujours notre liste et c’est vite expédié. Nous investissons une première échoppe qui n’a rien d’un supermarché, et à 6 nous passons tous les rayons au peigne fin. Les sacs ikéa emportés pour la circonstance se gonflent de riz, de pâtes et d’une foule d’ingrédients pour tenir au moins 7 jours avant une autre possibilité de ravitaillement. Nous allons ensuite acheter des fruits et légumes et nous faisons le plein de petites bananes, ananas, mangues et d’agrumes.

Nous passons à l’hôtel nous mettre en tenue et chargeons les bagages sur le pick-up pour rejoindre le port. Nous trouvons le bateau au milieu des typiques embarcations de pécheurs de crevettes couverts d’ampoules électriques pour pécher la nuit au lamparo

Les kayaks sont sur le toit plat et nous nous installons sur les bancs en bois qui peuvent contenir au moins 20 personnes Adieux à Tom que nous retrouverons peut être lors de son périple en fin de semaine et nous quittons la mangrove ou est installé le port. Le bruit du moteur nous assourdit tout de suite. La pointe avant du bateau est un bon refuge pour profiter du paysage mais gare au soleil. La navigation dure plus de 4h. C’est long, et comme nous commençons à avoir faim,, nous utilisons nos thermos que nous avons rempli d’eau chaude pour manger des pâtes chinoises et nous régalons de nos premières bananes.

Nous arrivons enfin à Ko Lipe, l’île touristique de l’archipel. L’eau est peu profonde et un « longue queue », bateau local, vient chercher tout notre bardas tendis que nous mettons les kayaks à l’eau pour rejoindre la terre. Nous confirmons notre rendez-vous avec le bateau dans une semaine à 8h du matin.

 

Cette fois ci nous y sommes et il ne reste plus qu’à compresser cet énorme tas pour tenter de tout faire tenir dans les coffres. La plage est remplie de bungalows, et d’échoppes diverses, nous avons des spectateurs qui nous regardent d’un air étonné, d’autres viennent discuter et nous envient un peu car tous leurs déplacements dépendent des bateaux locaux bruyants au possible.

Nous prenons la mer vers 16 h. Nous allons faire le tour du chapelet d’îles en commençant par le coté le plus exposé et le plus sauvage. Nous faisons juste une petite étape qui nous conduit sur l’île principale: Ko Adang. Nous sommes déjà dans l’ambiance avec une eau cristalline et la jungle en arrière plan. En fait, les îles sont très montagneuses et nous commençons à nous extasier devant la beauté des arbres énormes qui se détachent au fil de notre navigation. Nous savons qu’il y a des singes et nous scrutons les berges pour les voir.

Nous nous installons à l’extrémité de la première grande plage rencontrée, encadrée par de beaux blocs de pierre et des arbres morts à moitié enfouis dans le sable. Nous faisons notre première séance de snorkeling avant d’installer notre bivouac. Nous avons un réchaud à essence pour cuisiner, mais en fait nous reprenons notre habitude du feu de bois plus agréable bien que moins rapide. Hélas nous avons oublié d’essayer d’acheter une grille, ce qui aurait permis de cuisiner plus facilement. Nous espérons en trouver une au hasard des plages qui sont souvent souillées par les vestiges du Tsunami de décembre 2005.

Pour dormir nous montons juste les moustiquaires de nos tentes, et à 8h30, tout le monde dort… Il nous faut digérer le décalage horaire.

Mardi 19 février :

Réveil au lever du soleil et avec les bruits de la foret vers 6h30.Une petite houle agite la mer, mais cela n’a pas l’air méchant. Nous retrouvons nos habitudes peu à peu et après une paire d’heures, nous reprenons la mer.

Nous longeons un rivage orné de gros blocs granitiques surmontés d’une végétation luxuriante. Les arbres magnifiques surgissent de cette forêt inextricable qui occupe l’essentiel des reliefs accidentés. Nous guettons les animaux sur les rives et apercevons enfin furtivement des singes. Au-dessus de nous de grands rapaces tournoient. Dans une petite crique, nous déambulons grâce à la marée haute au travers d’une petite mangrove puis la géologie change en même temps que nous approchons de l’extrémité de l’île. Nous cassons la croûte à l’ombre des arbres qui ombragent chaque plage, ce qui est bienvenu, car il fait très chaud. Le menu sera la plupart du temps salade de riz ou pâtes chinoises plus fruits et café avec gâteaux secs.

Une nouvelle baignade pour voir les poissons et nous rejoignons le chenal qui nous sépare de Ko Rawi. En fait, souvent, quand nous serons dans des eaux calmes et peu profondes, nous avancerons en nageant avec palmes masque et tuba en tirant les kayaks derrière nous. Quel régal, bien qu’étant pour la plupart plongeurs, il suffit de quelques mètres d’eau pour nous enchanter par la variété des poissons multicolores et des coraux. Pour remonter dans nos embarcations, pas de problème, ce sont des modèles stables et point besoin de paddle float.

Nous traversons sur 2km et Patrick en profite pour pécher ses deux premiers poissons. Sur l’autre rive, la vue du corail sous l’eau cristalline nous invite à nous remettre à l’eau. On nous a prévenu, cette partie du parcours est la plus intéressante pour les fonds sous-marin. Quand nous serons autour de l’ile Tarutao, l’eau sera plus trouble. Nous nous laissons porter par le courant qui parcourt le chenal profitant encore et encore de la beauté des paysages.

Nous cherchons ensuite un lieu de bivouac.  Il faut bien calculer jusqu’où monte la marée, et nous devons nous installer dans la jungle après avoir déblayé les objets hétéroclites qui s’y trouvent et repéré si nous ne sommes pas sur le trajet d’une fourmilière. Nous avons eu un peu de vent pour naviguer, mais maintenant, il est tombé et la mer est d’huile. Pourtant, alors que nous allons aller dormir, de violente bourrasques nous incitent à veiller un peu. Une houle qui amplifie le mouvement de la marée s’installe et avec la lune presque pleine, nous craignons que notre bivouac ne soit menacé par la marée. Les heures passent, et les plus inquiets ou les moins fatigués veillent. Finalement, vers 22h, la tendance s’inverse. Philippe qui avait trouvé une place panoramique pour sa tente sur la plage a regagné lui aussi la forêt. Nuit agitée par le vent et le ressac.

 

Mercredi 20 février :

Ce soir, pour écrire ces lignes, pendant que le feu et l’apéro se préparent, Patrick a choisi un caillou bien plat sur la plage. S’il tourne la tête à droite, son regard se heurte à un petit îlot fait de blocs parallélépipédiques et coiffés d’une patine noire. Quelques arbustes parviennent à croître au milieu de ce chaos ; de longues langues de sable blanc soulignent avantageusement ce paysage de carte postale. A gauche, derrière un gros tronc échoué sur la plage, la forêt occupe tout l’espace ne laissant qu’une étroite bande de cailloux sombres entre elle et la mer. Cette dernière est immobile, à peine striée par le courant issu du chenal qui indique la marée montante. Le clapot rivalise avec les bruits de la forêt. Le soleil a disparu, laissant la place à une lune bien ronde. Bref, un bivouac de rêve…

 

Ce matin, la météo était beaucoup plus agitée, le vent était bien présent et la houle promettait un départ tonique. Nous avons embarqué à 9 h. Le vent heureusement nous pousse tranquillement vers l’extrémité de l’île. Peu à peu, le paysage se minéralise, envahi par les falaises et les récifs. Nous apercevons un ruisseau qui s’écoule en cascatelles avant de rejoindre la mer. Nous avons été échaudés pour l’eau à notre précédent voyage et cette fois nous complétons notre stock à chaque occasion. Comme c’est un peu compliqué de s‘arrêter en kayak, nous débarquons sur la plage la plus proche et nous nous organisons pour remplir les vaches à eau. Patrick part avec petit Philippe à pied sur les dalles pentues. Sandrine et Claude y vont en kayak pour récupérer les quelques 30 l qui compléteront notre stock. De retour à la plage, la mise à l’eau face au vent et des vagues qui déferlent n’est pas aisée, et Sandrine en profite pour faire le plein d’eau salée. Nous contournons un petit cap et arrivons dans une large baie rocheuse. Une petite plage de galets à coté de laquelle coule un petit ruisseau nous servira de lieu de pique nique. Nous sommes à l’abri du vent. Hélas, la plage est plutôt sale, l’eau trouble et nous faisons connaissance avec de minuscules méduses qui bien que leurs brûlures ne soit pas graves nous contraignent à renoncer à nager.

 

Rinçage à l’eau douce, et repas habituel de nouilles chinoises à l’ombre d’un arbuste dans les rocher.

Nous repartons et arrivons à l’extrémité de l’île. Le chenal qui se présente à nous est entrecoupé de deux îlots rocheux particulièrement esthétiques. Nous avisons des bouées d’ancrage pour les bateaux de plongeurs, y amarrons les kayaks et faisons une séance de baignade. Les fonds sont très beaux, et là pas de méduses. Nous rejoignons ensuite une plage accueillante face à ce magnifique panorama. Une cohorte de bernard l’ermite de toute sorte, dont certains dans des coquillages de 10 cm ou plus, monte vers la forêt, traverse notre tablée, en faisant un raffut de tous les diables.

 

Jeudi 21 février :

Départ matinal.Nous débutons la journée par une petite plongée en tirant les kayaks. La technique est maintenant bien rodée. Les fonds sont très beaux, mais comme la marée est montante, l’eau est un peu trouble. Nous remontons sur nos embarcations et contournons Ko Butang par le large. Une petite houle nous accompagne et Patrick réussi en passant le cap à prendre un beau poisson. Nous le mettons dans un gros tuperware avec de l’eau pour qu’il attende le soir et d’éventuels compagnons. Hélas, ce ne sera pas le cas, et les parties de pêche entraînent la perte de nombreux leurres sur les hauts fonds ou lorsqu’ils sont happés par de trop gros poissons. Ensuite, nous sommes à l’abri du vent et nous arrêtons sur une plage pour faire une pause. Une vague trace démarre vers la jungle. Petit Philippe

trouve un régime de bananes pas très mangeables et grand Philippe part à la recherche de bananiers, mais, les régimes sont trop hauts pour être atteints. Petite ballade sur le sentier de moins en moins tracé et nous repartons. Nous sommes désormais à l’extrémité de l’archipel et celui ci se termine par un chapelet d’îlots que nous comptons bien visiter de A à Z. Chacun offre des caractéristiques différentes et leurs petites tailles permet d’en faire le tour intégralement en faisant des itinéraires en 8. Entre eux, le courant nous pousse. Vers 12 h, nous trouvons la seule plage qui nous permettra de manger à l’ombre. Nouvelle plongée en début d’après midi puis poursuite de notre navigation enchanteresse autour des îles. Les dernières sont très rocheuses et l’une d’entre elle emblématique du secteur est un empilement de gros blocs cubiques. Le soir nous trouvons une plage bordée par un superbe récif de corail. Nous en profitons à nouveau Nous commençons à voir plus de bateaux au large, de pêche, et plus près, de touristes, mais rien de bien gênant. Nouvelle nuit agitée, la marée venant saper notre parking à kayaks et lécher l’emplacement de la tente de grand Philippe.

 

Vendredi 22 février :

A l’intérieur de l’archipel, la mer est globalement plus calme et moins ventée. Plongée matinale puis cap sur la petite île de Ko Lokoi. Elle sert de buvette sans doute à des périodes plus touristiques. Elle est déserte et nous pouvons la parcourir tranquillement et profiter des points de vue. L’eau est tellement claire et peu profonde que nous retournons profiter des fonds avant de continuer notre tour complet de Ko Butang. Nous traversons à la hauteur de notre bivouac idyllique de mercredi soir. Un groupe de japonais s’initie au snorkeling avec force gilets de sauvetage. Colette ne doutant de rien essaie d’aller négocier un tuba car elle a perdu le sien. Nous longeons ensuite Ko Rawi par l’intérieur. Nous dépassons une maison des rangers du parc et arrivons dans une superbe mangrove dans laquelle nous pénétrons pour trouver un coin ombragé pour déjeuner. Nous trouvons une étroite bande de sable et nous nous installons sous le regard curieux de gros lézards qui s’approchent de toute part. La marée montante nous oblige à repartir pour explorer cette mangrove suffisamment aérée et nous jouons à nous faufiler au milieu des palétuviers. A force de tenter le diable, Patrick se retrouve coincé entre de grosses racines et doit se mettre à l’eau pour se dégager. L’eau est très claire ce qui est rare dans les mangroves. Plus loin, nous croisons Tom qui guide son couple de touristes anglo finlandais. On taille un peu la bavette, il nous indique un point d’eau proche, et nous assure qu’on se reverra à notre arrivée à Ko Lipe ou nous avons rendez vous avec le bateau pour notre transfert.

En fin de journée, nous arrivons à un camp du parc à l’angle de l’île et nous nous laissons tenter par une douche, un repas assis à une table et des bières… Nous avons faim et commandons chacun 2 portions de riz aux fruits de mer. C’est un endroit ou beaucoup de touristes doivent venir manger en milieu de journée après leur plongée, mais, ce soir nous sommes seuls avec les 3 gardes serveurs et la cuisinière du campement tous très avenants.

Samedi 23 février :

 

 

 

 

 

 

 

Nous testons les possibilités du petit déjeuner local et nous faisons préparer pour notre pique nique un riz sauté aux légumes et calamars que nous stockons dans nos tuperwares et achetons les fruits et légumes disponibles (choux, oignons et bananes).Coût des deux repas, du petit déjeuner et du camping: et des nombreuses bières : 2600 bath pour 6. Nous continuons la journée par notre traditionnelle plongée sur le récif de corail. Les poissons sont abondants et  gros. Traversée vers l’île de Ko Adang que nous longeons un moment avant de traverser vers les îles de Ko Burat et Ko Bulo. La première est sauvage, mais rien d’extraordinaire et nous arrivons à la seconde, où nous avions repérer beaucoup de bateaux. A notre arrivée ceux-ci quittent les lieux. Nous sommes seuls.

Ici, pas de sable, mais de jolis galets noirs, veinés de couleurs mises en valeur par l’eau. Les gardiens du parc ont trouvé une bonne parade au pillage : un panneau rappelle les risques encourus : accident fatal, déchéance sociale, perte financière, etc…Nous nous abstenons donc et nous contentons de faire comme tout le monde un petit cairn. Là encore, on voit les traces du tsunami et les déchets apportés par la mer. Nous faisons honneur au riz, nous nous baignons et continuons le tour de l’île puis traversons vers un groupe de petits îlots. Nous en faisons le tour, manœuvrant entre les rochers, passant et repassant pour les photos sous une petite arche. Petit Philippe fait remarquer au plus grand que sa ligne de flottaison à l’air très basse. Heureusement, la mer est calme, nous pouvons prendre pied, ancrer les bateaux sur un haut fond et vider celui de Philippe dont le coffre arrière est plein d’eau. Un trou de plus d’un cm apparaît à la pointe arrière de l’étrave. Nous faisons une réparation de fortune en bourrant un sac plastic dans l’ouverture complété par des élastiques de chambre à air que nous avons toujours dans nos affaires. Philippe part ensuite à toute vitesse vers Ko adang, de peur de prendre à nouveau l’eau et finir comme le Titanic. Le temps d’embarquer, il est déjà loin. Heureusement, la réparation tient et nous le retrouvons sur la plage à l’embouchure d’un ruisseau que nous adoptons pour la nuit. La

marée est trop basse pour que nous profitions des coraux, gare aux oursins. Nous faisons une petite promenade dans la jungle après avoir trouvé un sentier, rinçage à l’eau douce, et longue séance de réparation du kayak. La technique consiste à enfiler un bout de bois dans la gorge qui sert de support au gouvernail puis de boucher le restant du trou avec du plastic fondu, le tout recouvert de Seamgripp.

 

Dimanche 24 Février :

Nous traînons un peu, car nous avons largement le temps et l’eau est loin des kayaks. Tentative de plongée, mais la mer est infestée de petites méduses qui n’on pas l’air de piquer, mais la sensation est désagréable. Nous passons devant des campements de pécheurs puis traversons vers Ko Lipe. Il y a tout de suite plus de monde et les bungalows ont envahi la plupart des plages. Nous contournons l’île par l’ouest, nous arrêtons pour manger à l’écart puis visitons le reste de la cote plutôt sauvage avant d’arriver à la plage principale vers 15h. C’est une transition difficile avec des paillotes partout, des bateaux à l’ancre en nombre et beaucoup de monde sur la plage. Le Varin Resort conseillé par Tom est plein et nous nous replions par hasard sur le Baracuda club qui loue des bungalows pour 500 bth. Nous nous douchons avec plaisir puis partons faire le plein de nourriture pour la deuxième partie de notre séjour. Il y a moins de choses que sur le continent, c’est plus cher, mais nous sommes surtout contents de faire le plein de fruits et de légumes. Nous trouvons même des pommes de terre et des tomates.

 

Sandrine, qui regrette de ne pas avoir de grille pour le barbecue, en particulier pour faire du pain insiste tellement auprès d’une petite gargote qu’elle réussit à en acheter une en demi-rond qui sert à égoutter les beignets.

Le soir nous cherchons sur la plage un endroit ou manger et trouvons un étalage de poissons et de crevettes géantes qu‘il suffit de choisir avant qu’ils ne soient cuits sur place. Nous nous régalons et faisons le repas le plus cher du voyage (3460 baths) avant de passer la plus mauvaise nuit du séjour entre les conversations téléphoniques dont tout le monde profite et les feux d’artifice à minuit.

Lundi 25 février :

Nous déjeunons face à la plage ou quelques joggeurs pittoresques font des allers et retour. Nous voyons aussi passer une procession de moines qui vont mendier leur nourriture suivis par une cohorte de chiens. Un marcheur nordique, le torse bombé, bien droit fait aussi plusieurs passages. Une joggeuse, un relais à la main fait des accélérations. Tout cela nous occupe en attendant l’arrivée du bateau. Nous n’avons pas vu Tom qui a du repartir sur Phukett. Le bateau arrive à l’heure et l’embarquement se fait sans problème, de la même manière que le débarquement, car mettre sur le toit des kayaks chargés est difficilement réalisable. La traversée dure 2h30. Sur Tarutao, nous débarquons dans le site principal au Nord de l’île au début de la mangrove. C’est calme et accueillant. Nous laissons là Colette et Claude qui préfèrent faire des ballades à la journée sur terre ou sur mer plutôt que de faire le tour complet de l’île et ne pas avoir la pression due aux délais.

 

Nous mettons le cap au sud, poursuivis par un photographe japonais bardé d’objectifs. Le début est une succession de plages entrecoupées de caps rocheux. Quelques bungalows occupent ces coins paradisiaques. Certains semblent abandonnés. Nous squattons des tables pour manger puis repartons pour prendre un peu d’avance sur notre itinéraire. Nous longeons une des plus grandes plages de l’île sur plusieurs km et à son extrémité nous trouvons le bivouac idéal à l’embouchure d’une rivière provenant d’une grande mangrove. Nous ne résistons pas à l’envie de la remonter un peu malgré le courant contraire. Nous finissons par capituler et redescendons à toute vitesse. La marée descend toujours et nous passons à temps l’estuaire pour aller nous mettre sur la plage. Ce soir, des dizaines de bateaux sont visibles dans la baie. A la nuit tombante, chacun allume ses lamparos pour une longue nuit de pêche.

 

Le temps s‘assombrit, le tonnerre gronde, mais il ne tombe que quelques gouttes. Sandrine attaque la réalisation de petits pains aux raisins que nous aurons désormais tous les matins pour le petit déjeuner.

Mardi 26 février :

Le temps est toujours couvert. A notre réveil vers 6h30, les lampes des bateaux s’éteignent une à une. En fait, ils ne nous ont pas gênés pour dormir. Le ressac nous isole des autres bruits.

Lorsque nous prenons la mer, le vent se lève ainsi qu’une houle bien formée. La première partie du parcours ébouleuse et un peu monotone n’offre aucuns abri sur près de 5 km., mais nous ne rencontrons aucun problème. Ensuite, une longue plage lui succède et les conditions changent pour laisser la place à un soleil de plomb et une chaleur étouffante. Il est temps de faire une pause et nous nous arrêtons dans une mangrove au débouché d’un cours d’eau. Un pécheur installe des filets pour piéger des poissons grâce à la marée descendante mais il ne cherche pas beaucoup à communiquer. Ensuite, nous nous rapprochons du cap et la cote devient plus rocheuse. Nous retrouvons les reliefs calcaires que nous avons connus dans la baie de Phang Nga. La mer est calme nous passons la pointe sud qui précède une large baie occupée en partie par une mangrove. Nous voyons plus au sud les premières îles de la Malaisie et plus près d’autres qui nous attirent avec leurs falaises envahies de végétation et de concrétions. Nous irons demain, il est temps de trouver un bivouac. Nous suivons la mangrove pour trouver un endroit et arrivons au fond de la baie près d’une maison du parc dont le couple de gardes nous indique une place sous de grands arbres fruitiers. Ils nous mettent en garde contre les singes mais ceux ci resteront à distance. Un ruisseau permet de se laver à l’eau douce et nous apprécions le fait de ne plus être dans le sable.

 

Mercredi 27 février :

Une tribu d’écureuils nous réveille par un petit spectacle d’acrobaties. Par contre, la marée est au plus bas, ce qui nous oblige à un long portage des kayaks.

Nous commençons donc par aller visiter les deux îles de Ko Belitung Besa entrevues la veille

La plus grande est surmontée de deux tours calcaires impressionnantes. Au bas de la plus petite, une échancrure permet d’atteindre un cirque rocheux entouré de hautes falaises lapiazées. Plus loin, un étroit chenal conduit à un campement de plusieurs constructions en dur. C’est magnifique, mais les habitants nous font des signes que nous interprétons comme peu accueillants. Pourquoi ? S’agit t’il d’un laboratoire clandestin, d’affreux terroristes, ou la fameuse île du Dr No ? Tant pis, nous continuons notre tour pour remonter vers le nord en rejoignant la cote. Quelques plages nous permettent de faire une pause casse croûte et de tenter de nous rafraîchir dans une eau qui frôle les 40°. La suite est attrayante, parois calcaires déchiquetées et mangroves alternent et du coup on ne s’ennuie pas une minute. Et si notre attention se relâche, les singes nous rappellent à l’ordre.

 

Vers 16h, nous arrivons dans une grande baie avec une mangrove ou nous ne trouvons pas de quoi camper et nous préférons tenter notre chance sur une petite île (Ko Klang) plutôt que d’aller encore un peu plus loin près d’une base du parc ornée d’un long ponton. Trois pécheurs s’y reposent et nous troublons un peu leur tranquillité, mais nous sommes fatigués. Après une courte inspection des lieux, nous essayons de leur demander par gestes si on peut rester là. Ils fuient rapidement. Peut être est ce aussi l’heure de retourner travailler. Sandrine essaie de leur acheter des poissons car ils ont un petit vivier dans leur bateau, mais les 500 bath proposés ne leurs conviennent pas. Il faut bien choisir son coin, car il y a des cohortes de fourmis rouges Là encore, la vue depuis notre plage est magnifique : mangrove avec îlots rocheux sur fond de montagnes escarpées recouvertes de jungle. Durant la nuit, la chaleur devient étouffante et il pleut quelques gouttes.

Jeudi 28 février :

Le ciel est très chargé. Nous traversons la baie pour aller voir la mangrove, passons à coté de la base et son îlot spectaculaire : une grosse dent d’une centaine de mètres de haut. Nous avançons vers le Nord et le chapelet d’îles qui débute un peu plus loin. Hélas, le vent du sud-est se lève et devient de plus en plus soutenu. Il est plus confortable de longer les îles par l’intérieur pour se protéger mais entre chacune d’elles, nous retrouvons le vent qui nous barre la route et rend la mer agitée. Nous croisons quelques bateaux qui se sont mis à l’abri. L’une des îles est très jolie avec une plage centrale donnant sur les deux cotés entourées de falaises et de palétuviers. Nous y faisons une petite pause et trouvons des ossements de dauphins mais ne nous attardons pas car le vent forcit et nous préférons rejoindre la cote et trouver une plage ou s’arrêter. Juste le temps de manger et des trombes d’eau s’abattent sur nous. Il a beau faire chaud, nous sommes bien content de mettre notre coupe vent et d’aller nous pelotonner contre un vague abri sous roche.

Heureusement, vers 13h, cela se calme un peu et nous sommes heureux de pouvoir échapper à cet endroit ou il aurait été très inconfortable de bivouaquer. Il pleut toujours mais le vent est moins fort. Nous visitons un petit cirque rocheux qui abrite de beaux rochers immergés dans une mangrove que nous allons visiter, retrouvant le calme. Nous regagnons ensuite la cote avec le vent qui forcit à nouveau. Nous prenons une nouvelle rabasse et entrons enfin dans un grande baie. Nous croisons nos pécheurs de la veille qui semblent en panne et rigolent en nous voyant passer et proposer de les remorquer. Nous essayons de trouver refuge dans des grottes qui bordent une petite plage, chassant une poignée de singes. Nous nous lassons vite d’attendre et comme nous sommes maintenant à l’abri du vent nous continuons le tour de la baie pour nous diriger vers une grande plage flanquée de hautes falaises qui semblent habitées. Nous espérons y trouver un bivouac à l’abri de la pluie. En fait, c’est un immense campement de pécheurs .Il n’y a personne mais seule la partie gauche des falaises semble occupée actuellement au vu des affaires et de la nourriture qui s’y trouvent. Nous n’osons pas nous installer sur les différentes plates formes construites dans les abris sous roche et nous plantons nos tentes un peu plus loin à l’abri de la falaise. Des casiers sont empilés en grand nombre partout. Le coin est splendide, et nous apprécions d’être au sec alors que la pluie continue à tomber. Le baromètre ne nous donne pas beaucoup d’indications. Il y a même du bois sec contre la falaise pour faire notre feu. Des pécheurs rentrent à la nuit à leur campement assez loin de nous et ne viennent pas nous voir.

Vendredi 29 février :

Le ciel est encore très chargé et rapidement, il pleut. Cela ne nous gêne pas et nous embarquons vers 8h. Le vent se lève. La navigation est assez belle jusqu’au cap, la cote reste rocheuse et variée. Une longue île nous protège un moment du vent qui continue de forcir. Nous franchissons le cap sans trop de problèmes mais bien concentrés malgré tout sur la mer ou des surfs viennent du large par le travers. Nos kayaks réagissent bien. Derrière, tout redevient plus calme et nous pouvons profiter à nouveau de la cote ou le calcaire est tourmenté par l’eau et offre des formes et des couleurs grises dues à la pluie. Cette partie est très belle. Nous aurons eu toujours une grande variété de paysage. Pause bien méritée dans une petite baie ou des bateaux de pêche sont aussi à l’abri. Nous nous essayons au snorkeling mais l’eau est trouble.

 

Nous parvenons à notre point de départ vers 11h et retrouvons Claude et Colette qui nourrissaient quelques inquiétudes à notre égard.

Samedi 1 mars :

C’est la fin. Nous stockons nos affaires et les kayaks vers l’embarcadère et allons marcher sur un sentier qui monte au dessus du village jusqu’à un belvédère. Le ciel est dégagé et le beau temps semble revenu. Rencontre avec les singes qui sont chez eux et pas toujours très commodes si on s’approche trop près. Vers 14h, nous nous rendons au débarcadère et notre bateau est à l’heure. Nous chargeons tout et partons, mais près du cap, le temps n’est plus le même. La houle augmente, le vent est fort et la pluie diminue beaucoup la visibilité. Nous avons l’impression que le capitaine est plus tendu. Un ingénieux système de bâches transparentes protège les cotés du bateau de la pluie et tout se déroule bien. Dire que nous avions envisagé de faire cette traversée en kayak.. Nous sommes contents d’arriver à Pak Bara 1h30 plus tard. Nous rentrons à pied et le matériel et les kayaks sont rapatriés à la guesthouse en side car.

 

Dimanche 2 mars :

Nous racontons un peu nos aventures et allons manger et boire une bière dans l’unique restaurant du camp. Nous repartons ensuite visiter la mangrove qui mène à la grotte aux Crocodiles prétexte à emmener les touristes dans des « longues queues ».Ce ne sera pas un souvenir impérissable, mais nous sommes seuls et il y a des singes à observer..

Après avoir trié et rincé le matériel, nous passons la nuit dans des bungalows en dur, fraîchement construits.

 

 

 

 

 

 

 

 

L’agence nous a prévu un véhicule pour aller à l’aéroport. En route, nous allons voir une succession de 6 grandes cascades qui s’étagent sur plusieurs centaines de mètres de hauteur. Sur le sentier, nous sommes attaqués par des sangsues. Mais il paraît qu’une bonne saignée est toujours bénéfique… Pour notre part, nous mangeons sur place dans une gargote. Au menu, poulet grillé accompagné de salade de papaye verte. Nous allons ensuite nous balader au marché de HatYai et enfin direction l’aéroport.

7 octobre 2006

Colombie Britannique (juillet 2004)

 

Jeudi 8 juillet :

Stéphane, guide dans l’agence qui nous loue les kayaks, nous a réservé une nuit à l’hôtel près d’un supermarché. En attendant d’avoir de ses nouvelles nous allons faire nos courses. Il nous rejoint et s’occupe de nous aider dans les derniers achats et préparatifs : alcool, cartes, annuaire des marées, location de VHF. Nous allons ensuite voir les kayaks et commençons leur chargement. Nous ne sommes pas autorisés à partir dans la foulée car la location commence le lendemain. Il nous emmène donc dans une petite aire de camping à quelques km.

Vendredi 9 juillet

Stéphane nous récupère et nous emmène à notre point de départ. Nous embarquons vers 10h. Le temps est couvert, mais il ne pleut pas. Le Malaspina Inlet est un long chenal bordé d’îles. Dommage qu’il y ait autant d’exploitations d’ostréiculture. A mi parcours, la pluie commence à tomber et c’est le moment choisi par les phoques pour faire leurs premières apparitions. Nous voyons aussi notre premier aigle à tête blanche qui est l’emblème de la région. A la sortie du Channel, un rayon de soleil nous accueille le temps du repas. Nous nous arrêtons sur une plage de galets. Nous testons la purée lyophilisée qui de par leur emballage où on peut mettre l’eau chaude sont très pratiques et très bonnes. En face de nous, une troupe de phoques se prélassent et s’amusent autour d’un minuscule récif. Nous repartons avec la pluie qui devient très dense. Nous longeons Kinghorn Island (infestée de ratons laveurs) et mettons le cap sur Martin Island ou nous installons notre bivouac. Pour monter les bateaux, nous utilisons les nombreux morceaux de bois flottés pour faire glisser les kayaks sur ces rondins. La pluie cesse peu à peu et nous pouvons manger dehors sous notre poncho tendu entre deux arbres. Un écureuil peu farouche nous tient compagnie. (20km)

Ecureuil02

Samedi 10 juillet :

Le temps est couvert et il ne pleut pas. Ayant pris conscience des limites de notre poncho pour faire un abri repas, nous décidons d’aller à Reuge Cove pour tenter de trouver une bâche à l’épicerie.Le petit port très pittoresque compte un café et un commerce polyvalent où nous trouvons la classique bâche bleue. Nous voici donc prêts à affronter les intempéries. Mais, la météo s’améliore et le soleil commence à faire de timides apparitions. Nous décidons d’aller nous installer sur l’une des îles de Curme. La première est déjà prise. La seconde nous offre un magnifique petit belvédère qui domine Désolation Sound. Nous installons notre tente et remettons un peu d’ordre dans les affaires encore trempées de la veille. Il fait beau et nous en profitons dans cet endroit idyllique.

Vers 17h, un couple de canadiens nous demande l’autorisation de s’installer sur la butte voisine. Pas de problème pour nous. 16km

RefugeCove02     Ile_Curme04

Dimanche 11 juillet

Il a plu durant la nuit. Le ciel est couvert. Nous laissons le bivouac installé et mettons le cap à 8 h direction Tenedos bay. Il n’y a personne sur l’eau et au passage nous faisons un petit détour par un récif découvert repéré par Sandrine. Une colonie de phoques occupe le terrain, mais ils déguerpissent à notre approche. Nous les observons longuement, ils jouent à cache-cache et nous suivent dans notre progression. Nous débarquons au fond de la baie à l’embouchure d’un ruisseau provenant d’un lac. Un sentier nous y conduit. Nous empruntons ensuite un autre petit chemin dans la forêt humide inextricable. Il n’y en a pas beaucoup et nous en profitons dès que l’occasion se présente car autrement aucune randonnée n’est possible. Au bout d’une bonne heure de marche, nous faisons demi-tour désespérant de trouver un belvédère pour avoir un peu de vue. Un couple de kayakistes ventrus nous attend sur la plage et nous informe qu’un animal a dévoré notre réserve de bombons et de chocolat laissant les papiers au large. Nous avions oublié de fermer nos hiloires et le matin, avions mis une partie des sucreries dans un petit vide poche de l’hiloire par flemme de rouvrir un coffre. Nous sommes dégoûtés, le chocolat c’est sacré, et ici, il est hors de prix. Cela nous servira de leçon, mais du coup, nous avons un doute pour nos réserves de nourriture laissées au campement. Nous y retournons dare-dare et tombons sur les Canadiens qui s ‘apprêtent à partir. Devant nos malheurs, ils nous offrent 2 tablettes de chocolat. C’est beau la solidarité… Dans leur coffre, il y a aussi 2 bouteilles de whiskies, deux bouteilles de vin, du Belley… pour quelques jours de randonnée seulement. Nous comprenons mieux leur réveil tardif.

L’après midi, nous allons naviguer dans l’archipel des petites îles de Prideau Haven et de Mélanie Cove. Sympa, mais très occupé par les plaisanciers. 25km

Lundi 12 juillet :

Nous nous sommes couchés tôt, et du coup, le réveil se fait à 5h45.Nous quittons avec regret notre île et embarquons vers 8h sous un soleil radieux. Pour la première fois, nous voyons les hauts sommets enneigés qui s‘élèvent au-dessus d’Homfray channel. Nous allons visiter au passage la Roscoe bay qui est un étroit chenal donnant à un lac à l’eau très douce. 5 min de marche permettent de s’y rendre. Nous poursuivons ensuite la remontée du Channel en longeant la rive ouest agrémentée de quelques îles. C’est un peu monotone, et il y a souvent des élevages d’huîtres constitués de flotteurs plastic son peu esthétiques. Vers 15h30, nous parvenons enfin à Walsh cove, un superbe endroit bordé de falaises sombres et occupé par trois îlots dont le plus confortable accueillera notre bivouac. Un groupe de 5 kayakistes avec un guide nous rejoint quelque temps plus tard. 28km

Walsh_Cove05

Mardi 13 juillet :

Nouveau réveil matinal. Départ à 8h La sortie plus étroite du channel ne pose pas de problème de courant. Par contre, quand nous traversons le Pryce Channel, en direction de Toba, le vent se lève un peu. Il forcit lorsque nous longeons la rive sud de Toba inlet. Vent contre marée, ce n’est jamais très bon… Nous en bavons un peu pour gagner une baie ou nous accostons vers midi. Il s’agit d’une ancienne exploitation forestière ravagée par les crues du ruisseau qui l’occupe. Il ne reste guère plus qu’une maisonnette à moitié effondrée, digne de celle de la ruée vers l’or de Charlie Chaplin. Toba Inlet n’est pas très fréquenté, et les bateaux sont rares. Nous repartons en amont, le vent s’étant un peu calmé. A Snout Point, nous décidons de changer de rive et de faire demi tour, car aller au bout du fiord semble assez fastidieux et les bivouacs sont rares. Nous revenons sur Brem bay, occupée par une importante entreprise de débardage. Malheureusement, la zone est marécageuse à souhait et il n’y a pas possibilité de bivouaquer sinon au milieu de l’aire de débardage. Nous croyons à notre bonne étoile et repartons. Nous commençons à en avoir plein les bras, et pour clôturer le tout, nous nous retrouvons avec le vent dans le nez. Nous trouverons enfin un providentiel campement avec juste la place pour la tente dans le lit chaotique d’un gros torrent après avoir parcouru près de 35km. Nous apercevons dans le limon des traces qui ressemblent à celles d’un ours, et ne sommes pas très rassurés. Nous laissons toute la nourriture dans les kayaks, mais est ce une bonne idée ?

Toba04

Mercredi 14 juillet :

Il ne s’est rien passé durant la nuit. Il fait grand beau, et nous traînons jusqu’à 6h30… Ensuite, grand nettoyage : douche, rasage et lessive dans le torrent. Départ à 10h. La mer est plate et nous avançons bien, Sandrine rasant de près la rive comme à son habitude. Tout d’un coup, un ours la fait sursauter et s’écarter à toute vitesse. Il s’agit d’un beau spécimen d’ours brun, mais il ne demande pas son reste et s’enfuit dès qu’il nous voit. Plus loin, la cote devient plus variée, et le long de belles falaises, nous profitons de la vue de cascades spectaculaires.

Vers 15h, nous parvenons à l’île Elisabeth. Un emplacement de bivouac nous tente, mais il est encore tôt et nous sommes en forme. Nous mettons le cap sur l’îlot situé vers la rive opposée puis sur l’île de la pointe Connis. Dans les deux cas, le bivouac semble délicat. Les îles sont très escarpées. Nous poursuivons dans le Deer passage en espérant nous installer dans Redonda bay. Finalement, nous trouvons un endroit un peu avant. Le soleil tape dur mais le site est joli. 27 km

Jeudi 15 juillet :

Lever 6h, il fait toujours très beau. Nous continuons à longer la cote en direction de Redondo bay. Celle ci est occupée par une exploitation ostréicole et par une importante infrastructure de débardage. Autant dire que ce n’est pas un campement idéal. A la sortie de la baie, nous mettons le cap sur les îles ‘Rendez vous`. La première abrite un superbe lieu de bivouac où nous trouvons un groupe de 10 kayakistes prêts à repartir. Nous longeons les falaises de la première île et dérangeons une colonie de phoques. La seconde île est plus petite, et il y a des petites maisons. Nous contournons la troisième par l’extérieur, occupée par de belles villas de styles très différents. Certaine paraissent délabrées, ravagées par les intempéries, alors que d’autres font figures d’hôtel quatre étoiles. Lorsque nous entrons dans le White rock passage, le vent s’est levé, et ralentit notre progression. Juste avant de traverser le chenal pour atteindre l’île Goepel; nous rencontrons un véritable fleuve du à la marée. Nous arrivons à traverser sans problèmes malgré notre peu de technique rivière. Arrivés à l’envers de l’île, nous découvrons un des plus beaux coins de bivouac de notre séjour. Seulement, pour l’atteindre, il faut à nouveau franchir un véritable rapide. Nous tirons les kayaks depuis le bord, c’est plus facile.

Le soir, pendant que Sandrine fait cuire des pan cakes, Patrick essaie de comprendre le rythme des marées et des courants qui s’inversent sans tenir compte des infos fournies par les cartes. Petite promenade sur l’île, longue discussion avec un écureuil peu farouche et rêverie devant le paysage de rivière tumultueuse. 28km

Vendredi 16 juillet :

Le temps est couvert, mais cela ne dure pas. Nous sommes réveillées par toute sortes de bruits d’animaux dont le plus bruyant est notre voisin l’écureuil. Patrick croise plus tard un daim qui a élu nous ne savons pas comment domicile sur l’île. Nous laissons le bivouac installé et partons à marée descendante pour un petit tour du coté de Waiah bay. Nous ferons demi tour avant d’arriver dans la zone ou des tourbillons sont marqués sur la carte. Il y a du courant, mais cela passe bien et nous franchissons la gorge sans encombre. Sur la rive est, nous pagayons le long de quelques îles puis le paysage devient plus monotone. Dans la plupart des baies, de petites maisons de pécheurs occupent le terrain. Il est donc bien difficile d’accoster, mais nous prenons plaisir à contempler le fruit de l’inventivité des amoureux de la nature qui se sont installé ici.

Après avoir contourné les îles Octopus, nous entrons dans Waiatt baie. Des petits chenaux protégés par un chapelet d’îlots servent de refuge à quelques voiliers. Avant le fond de la baie, nous faisons une petite pause casse croûte. Sandrine en profite pour ramasser quelques belles palourdes qui agrémenteront le repas du soir. Le fond de la baie est une plage vaseuse qui se prolonge par un sentier rejoignant une baie affluente de Discovery passage. La forêt est superbe, mais nous ne nous attardons pas car la marée monte et nos kayaks ne sont pas bien protégés. Retour au bivouac en profitant un peu du courant malgré le vent contraire. 30km

Samedi 17 juillet :

Beau temps. Nous plions tranquillement notre bivouac et embarquons vers 9h. Le courant est contre nous dans l’Hoskyn Channel, mais en longeant la cote, les contre courantsnous aident. Sur la rive, nous faisons fuir un daim et son petit. Nous croisons un kayakiste avec qui nous discutons un peu. De temps en temps, de petites maisons de bois isolées. A l’approche de Conville bay, nous découvrons un panorama très différent, largement ouvert sur les montagnes de l’île de Vancouver. Petit détour par le Crescent channel qui contourne Bold island. C’est joli et varié. Nous entrons ensuite dans Village bay ou nous laissons les kayaks pour aller voir le lac du même nom. Le début du sentier est assez difficile à trouver (rive gauche du ruisseau) mais le décors est très sauvage. Le lac semble être une immense piscine naturelle. L’eau y est douce et une route permet d’y accéder par le centre de l’île. Nous en profitons pour refaire le plein d’eau puis nous mettons le cap vers Hériot bay. Seul sur son bateau, un vieux monsieur déchiffre laborieusement une partition et joue de la flûte. La 9° symphonie de Beethoven marquée par chaque note résonne dans la baie. Au moins là, il ne risque pas de casser les oreilles de ses voisins. Heliot bay est un bourg assez touristique. Le trafic des hors bords est plus dense et plus bruyant. Sur place, nous trouvons un supermarché ou nous rachetons des vivres. Nous ne nous attardons pas, et délaissant le camping bondé nous allons nous installer sur l’île Breton, au milieu de la baie. Il y a quelques canettes qui traînent sur la plage, c’est la première fois que nous trouvons des ordures. Le temps se couvre un peu. 27km

Dimanche 18 juillet :

Le ciel est couvert, les moustiques ont envahi le double toit et nous traînons au lit jusqu’à 7h30. Nous embarquons finalement avec la ferme intention de faire une petite journée. Le soleil revient peu à peu et nous rejoignons Read Island sur une mer sans ride. La cote est assez découpée et sur un petit récif découvert à marée basse, nous surprenons une colonie d’une dizaine de phoques qui hésitent à se remettre à l’eau.

Nous nous arrêtons plus loin dans Lake bay qui communique avec un lac par un ruisselet que nous ne remontons pas faute de sentier. Cependant, il coule assez pour que nous en profitions pour faire toilette et lessive. Il était temps. Nous repartons en début d’après midi, tout beaux tout neufs avec la ferme intention de nous poser dès que possible. Dans Burdwood bay, après les îlots, nous trouvons un endroit à notre goût avec quelques vestiges d’aménagement. Petite ballade sur le sommet de la colline voisine et nous nous couchons vers 21h. Le vent se lève. 10km

Lundi 19 juillet :

Le vent a soufflé très fort cette nuit. Des rafales avec de violents pics nous ont réveillés à plusieurs reprises. C’est très impressionnant, nous avons l’impression que la forêt va nous tomber sur la tête. Il ne pleut pas, mais la mer est agitée. Nous plions quand même, mais au moment de charger, le vent forcit à nouveau. Nous laissons tout en plan et partons faire un tour à pied vers le centre de l’île. Rapidement, nous tombons sur une belle piste carrossable qui finit par rejoindre la baie Evans située plus au nord. Là, nous parvenons à une concentration de petites maisons ou nous faisons la connaissance de Mike, un sexagénaire jovial qui prépare sa future retraite en aménageant le site d’une future cabane. Pendant que nous essayons de converser, moi dans un anglais très approximatif et lui à la façon américaine (un chewing-gum dans le fond de la bouche), Sandrine discute avec des plaisanciers pour avoir la météo. Le vent devrait se calmer. Sur ce, nous retournons à nos kayaks et embarquons dans un bon force 5 dans la figure. Plus loin, cela ne s’arrange pas et nous envisageons même de nous arrêter. Malheureusement, il n’y a pas de bivouac très accueillant, et nous continuons notre route pour arriver dans la troisième baie ou nous trouvons enfin un îlot. Le vent souffle toujours aussi fort puis se calme dans la soirée.

Mardi 20 juillet :

Réveil à 6h. Le vent s’est calmé mais le ciel est tout gris. La faible progression des jours derniers nous incite à ne pas traîner et nous partons à 7h45.Un petit détour par les maisons situées de l’autre coté de la baie nous permet de refaire le plein d’eau dans un ruisseau. Nous sortons d’Evans bay et le vent se remet à souffler, heureusement moins fort que la veille. Nous traversons le Whale passage, longeons les Penn Islands par le sud ouest et coupons le Sutl channel en direction de Von Donop inlet. Nous avons le vent et le courant dans le nez. Nous le remontons complètement en visitant chacune des petites baies latérales. A son extrémité, nous laissons les bateaux sur la grève vaseuse et suivons le petit sentier qui rejoint Squirrel Cove une baie située de l’autre coté de l’île. La foret est belle, et le chemin confortable. Au bout d’1,5 km, nous débouchons de l’autre coté C’est aussi bien vaseux.De retour aux bateaux, nous repartons et nous arrêtons au Camp site situé à la confluence de deux Inlet. Le coin est très accueillant et nous sommes à coté des fameux rapides qui protègent le lagon Von Donop. La pluie arrive. 25 km

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Mercredi 21 juillet :

Lever 6h. Les bateaux de pêcheurs ancrés dans le fond de la baie nous ont réveillés bien avant.

Le temps est couvert, mais le baromètre est en hausse. Du coté des reversing rapids, la situation a bien changé, et c’est pratiquement l’étale alors que la veille c’était un rapide en chicane impressionnant. Nous renonçons à aller dans le lagon, car il faut calculer précisément l’horaire de sortie et c’est trop contraignant à notre goût. Nous repartons vers la sortie de Von Donop Inlet, et les nuages commencent à se déchirer. Nous longeons l’île de Cortes en visitant chaque baie. Elles sont plus habitées parsemées de cabanes personnalisées. Le soleil tape dur lorsque nous atteignons Whaletown bay. Nous en profitons pour faire quelques courses et pour tenter de recharger les batteries de l’appareil photo. Le commerçant fait tout son possible, mais le chargeur ne veut rien savoir. Patrick maudit la technologie.

Nous reprenons la mer en direction de Georges Harbour et trouvons un superbe coin de bivouac juste en face de Marina island et de Shark spit, grande bande de sable s’agrandissant avec la marée descendante. Nous profitons de la vue sur le Georgia Strait avec en toile de fond les montagnes enneigées de l’île de Vancouver. 24 km

Jeudi 22 juillet :

Nous quittons notre île à marée haute direction Georges Harbour. Le temps est toujours beau. L’entrée de la baie est spectaculaire. C’est une gorge sur les flancs de laquelle des gravures ont été faites par les indiens. Nous faisons ensuite le tour de la baie, mais cela n’est pas très intéressant. Il y a beaucoup d’élevages d’huîtres et de moules. Nous nous arrêtons à la marina pour faire le plein d’eau, des courses, et tenter de recharger l’appareil photo. A l’épicerie, nous tombons sur une vendeuse Québécoise très sympathique qui parvient à faire marcher notre chargeur malgré l’air réprobateur de sa patronne plutôt acariâtre. Nous repartons ensuite vers Manson landing, une baie qui se vide presque complètement à marée basse. C’est un haut lieu touristique. Nous allons malgré tout nous baigner dans un lac situé à 15 mn du fond de la baie. C’est un bel endroit, avec une plage de sable fin. .

 

Nous reprenons la mer à marée basse pour contourner le long cap de Sutil point. La lagune émergée nous oblige à faire un large détour par l’ouest et, au cap, après 2h nous devons nous rendre à l’évidence qu’il sera impossible de débarquer, car il y a des rochers acérés sur plusieurs centaines de mètres.. Qu’à cela ne tienne, nous traversons 4km en direction des Twin islands. Hélas, elles sont privées et tout les 100m de beaux panneaux nous rappellent qu’il est interdit d’entrer. Cela devient pesant et nous remontons la cote de l’île vers le nord. Revenus finalement sur la cote de l’île de Cortes, nous débarquons enfin sur une plage ou nous trouvons tout juste un espace pour la tente. Mais à peine avons nous terminé, qu’un individu chargé de la surveillance du secteur débarque pour nous dire que c’est totalement interdit. Nous discutons et finalement ; il consent à nous laisser pour la nuit et repart dans son kayak de plage.

Nuit de plomb après 32 km. Nous avons vu beaucoup de loutres dont une famille au complet. Nous avons aussi sauvé un bébé phoque qui était coincé dans une fissure de rocher. Nous l’avons aidé à retrouver la mer, en espérant qu’il parvienne à retrouver sa mère…

 

Vendredi 23 juillet :

Le temps est calé sur beau. Nous ne sommes pas pressés et continuons de longer la cote jusqu’à la pointe Mary. Nous visitons au passage les différentes baies. Nous traversons en direction des Powell islands sur une mer d’huile mai avec une chaleur accablante qui nous invite à la baignade. Sur la deuxième île, nous commençons à rencontrer des phoques qui se prélassent au soleil. Sur un îlot voisin peuplé par des colonies d’oiseaux, nous en dérangeons d’autres qui dormant profondément et ne nous voient pas venir. Nous campons le soir sur la première île de Copeland à coté d’un bivouac aménagé avec plate-forme, wc et tout le taintoin. Patrick essaie de faire des esquimautages, mais c’est le fiasco complet. 20km

Samedi 24 juillet :

Toujours grand beau temps ! mais avec un peu de vent N-NW. Nous faisons tout un circuit au travers des îles Copeland. Nous voyons encore quelques phoques, mais il y a plus de bateaux. Nous remontons ensuite vers le nord puis traversant l’embouchure de Malaspina inlet, nous nous installons sur la petite île de Galley Bay. Il y a pas mal de voiliers mais nous n’avons guère le choix. 23km

Dimanche 25 juillet :

C’est notre dernier jour de kayak. Le vent est au rendez vous et nous l’avons dans le nez jusqu’au cap puis en entrant dans le Malaspina inlet, il se conjugue avec le courant pour nous pousser. Premier détour par la première baie sur la Gifford peninsula. C’est assez joli et varié. Nous entrons ensuite dans Lançelot inlet. Au premier abord, c’est assez rébarbatif, mais la première baie sur la rive nord nous dévoile une série d’îlots sur fond de montagnes escarpées.

Du coup, nous décidons de pousser une petite reconnaissance dans le Théodosia inlet. Malgré quelques déboisements sévères, ce chenal reste très sauvage et nous regrettons de ne pas pouvoir aller le visiter jusqu’au bout. Nous rencontrons ensuite un employé des cultures d’algues voisines. Son anglais un peu bourru et difficile à comprendre ne semble pas traduire un accueil très chaleureux. Il en va de même pour ses acolytes qui arrivent et que nous ne semblons guère intéresser. Nous faisons demi tour. Vers 15h30 nous débarquons à P.R. Sea Kayak ou se termine notre navigation. 29 km Au total, en 17j de navigation, nous avons parcouru un peu plus de 400 km en ne couvrant qu’une petite partie du détroit séparant l’île de Vancouver et le continent. Cela laisse imaginer le formidable terrain de jeu qu’il reste à découvrir.

 

 

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18 septembre 2006

Renseignements pratiques

  • Location de kayaks :

Sur Narsarsuak il n’y a que Blue Ice pour louer des kayaks. Leur parc est composé de Seayak (Prijon) de Necky et d’autres embarcations en polyéthylène. Ils peuvent également louer des vêtements semi étanches (2 pièces), mais pas de combinaison intégrale (www.blueice.gl).

Plusieurs organismes proposent des séjours dans le secteur (GNGL, Peuple Nomade…). Le coût est forcément plus élevé et certains organismes ne disposent que de Nautiraids (kayaks pliants moins plaisants sur l’eau).

  • Sécurité :

Pour la communication, nous disposions d’une VHF. A l’usage, il ne faut pas trop compter dessus dès que l’on s’éloigne des fjords principaux. Le seul moyen de communication vraiment efficace reste le téléphone satellite.

  • Météo :

Il est difficile d’obtenir des bulletins météo fiables et précis. Dans les ports (rares) on peut avoir quelques infos sur les tendances météo générales mais les conditions varient énormément sur des distances réduites. Blue Ice utilise des prévisions météos fournies par une station Islandaise via Internet. De notre côté, nous avons opté pour une petite station météo autonome (baromètre électronique avec enregistreur, Vion marine 4000). C’est un bon indicateur qui peut alerter en cas de modification importante de la pression. En revanche il ne faut pas imaginer prévoir la prochaine averse ou le petit coup de vent du à la proximité des glaciers.

En règle générale, les conditions météo sont comparables à celles rencontrées en Bretagne. Sur 22 jours de navigation, nous avons eu 4 journées de pluie (20%), 10 de grand beau temps (45%) et le reste avec un temps couvert et variable mais peu humide. Les températures descendent rarement au dessous de 8 à 10 °. Certains jours, le mercure a dépassé les 20°.

En revanche, il faut se méfier des coups de vents qui peuvent être brutaux et violents. Ceux de secteur est peuvent être redoutables, et dans ce cas, la tente doit être bien orientée et bien ancrée.

De manière générale, plus on s’approche de la calotte glaciaire et plus on a de chance de trouver du beau temps.

  • Les dangers dus à la glace :

Les premiers jours, on est bien sur tenté de s’approcher des « glaçons » qui flottent autour de soi. Ceux-ci ont des comportements totalement imprévisibles et indépendants de leur taille et de leur forme. Ils peuvent se retourner, se disloquer ou s’effondrer sans raison apparente. Il est donc préférable de se tenir à distance. Il en va de même pour le front des glaciers.

Par ailleurs, la densité de la glace varie en fonction de la marée et du vent et il faut veiller à ne pas se laisser pieger par la migration des glaçons qui peuvent fermer temporairement un fjord.

  • Logistique :

On trouve tout ce dont on a besoin, mais parfois à des prix de 2 à 4 fois plus chers qu’en France. Nous avions prévu dans nos bagages plus d’un kg de chocolat, des fruits secs et des barres de céréales. Sans oublier un demi litre d’huile d’olive et des épices divers. Nous ne l’avons pas regretté, il y a peu de choix au point de vue sucreries.

Nous avons apprécié les préparations pour crêpes et celles pour faire du pain à l’auberge ; car il n’y a pas de boulangerie et il n’y a pas toujours de pain longue conservation.

Les produits anti-moustiques coûtent 15 €, les produits de soins comme du dentifrice 3€…

Nous avons utilisé notre réchaud à alcool sans problème, on trouve du combustible dans toutes les épiceries à 2 € le demi litre (bouteilles plastic bleue marque Borup Husholdnings Spirit vendu comme détachant). Jacky peut aussi en fournir, mais c’est quasiment le double.

  • Commerces à Narsaq :

Il y a un grand supermarché ou il y a un choix assez vaste, mais aussi une petite supérette située juste au dessus de la baie en allant vers les immeubles. On y trouve d’autres produits intéressants et différents comme des pâtes chinoises en sachet, alors qu’au supermarché elles sont conditionnées comme des Bolinos

Il y a aussi dans l’entrée du supermarché une vraie boulangerie.

Nous aimons bien nous faire un petit apéro le soir. Vu les prix pratiqués, même dans l’aéroport de Copenhague, nous n’avons pas regretté d’avoir fait nos provisions en France. Pour info, le moindre alcool coûte 300 kr et le vin au moins 100kr pour un malheureux rouge sans appellation.

Le supermarché est bien achalandé et on trouve pour 75kr une carte plastifiée de la zone à l’échelle 1/250000. Il y a aussi un peu de matériel de camping et du matériel de pêche.

  • Budget pour deux :

(1 euro = 7,46 DKK ; 1 DKK = 0,14 euro)

Avion : 2014€ en s’y prenant 6 mois à l’avance depuis Lyon (agence GNGL)

Hotel Copenhague (près de l’aéroport) deux nuits  avec petit déjeuner : 250 €. C’est hors de prix, mais il est difficile de faire l’impasse vu le peu d’avion en direction du Groenland.

Nous avons pu laisser nos bagages dans une consigne automatique de l’aéroport : 15 €.

Métro pour l’hôtel : 25 €

Nourriture achetée sur place : 390 €

Auberge de jeunesse de Narsarsuaq : 2 nuits en chambre : 70 €, et 3 nuits en camping : 105 €

Location kayak  plus navette à Narsaq : 1360 €

Cartes : 100 €

Budget et prix :

Au total, ce séjour nous a coûté 4200 € tout compris pour 3 semaines sur place à 2 personnes.

  • Liens :

Blue Ice, le site de l’agence de Jacky Simoun : www.blueice.gl, adresse : info@blueice.gl

Office du tourisme groenlandais : http://www.greenland-guide.dk/

Canoë-kayak en arctique, le site perso de Ch. Roux : www.cgrizz.com/

G.N.G.L. : agence de voyage spécialisée dans les destinations arctiques : http://www.gngl.com/

Peuple nomade, voyages et formation au kayak de mer : http://peuplenomade.com

  • Bibliographie :

- G.N.G.L. (2004) : Groenland, Kalaallit Nunaat, Guides Grand Nord. Ce petit guide très bien conçu a été réalisé par des passionnés du grand nord. C’est une mine de renseignements incontournable.

- François Parigot (2004) : « Groenland 2004, expédition ancienne route des kayaks », Connaissance du kayak de mer, septembre 2004, n°102 p.42

- Mickael Vogeley und Ingrid Ferschoth-Vogeley (1996) : Grönland mit Baffin Island. Editions Bruckman (Abenteuer Trekking). Il s’agit d’une compilation d’itinéraires à pied, à ski et en kayak)

- John Andersen (2006) : Grønland På oplevelse i kayak, éditions Gyldendal. La cote est du Groenland en kayak, superbes photos.

  • Cartes :

Il existe plusieurs sortes de cartes :

- Cartes marines au 1/80 000 : on les trouve assez difficilement sur place et elles coûtent relativement chères (165 kr)

- Cartes au 1/250 000 : disponible sur commande au Vieux Campeur. Pour notre périple, il en fallait 4 (env. 20 euros pièce). On les trouve également sur place sous des formes diverses notamment plastifiées et assemblées en un seul document (moins chères). ( http://www.greenland-guide.gl/sagamaps/ )

- Cartes au 1/100 000 : ce sont sans doute les plus commodes à utiliser surtout si on envisage de faire également de la marche à pieds. Les sentiers, les ruines, les cultures sont indiquées et leur coût reste raisonnable (env. 12 euros pièce). Deux cartes couvrent une bonne partie du secteur.

18 septembre 2006

La ronde des glaciers (juillet 2006)

Dia7746L'association de la mer et de la montagne, de l'eau et de la roche, nous a toujours fasciné. Mais jusqu'à présent, il nous manquait un troisième élément pour satisfaire notre curiosité de montagnard-kayakiste : la glace. Aprèsun séjour en Colombie Britannique, nous avions tout naturellement songé à aller plus au nord, le long des cotes d'Alaska. C'était sans compter sur l'administration Bush et ses restrictions d'accès aux USA. Investir dans de nouveaux passeports biométriques alors que les nôtres venaient d'être renouvelés suffit à nous faire changer de destination. Alors pourquoi pas le Groenland. Une proposition de vol sec à un prix avantageux efface toutes nos hésitations et précipite un peu notre décision. Du coup, nous ne serons que deux à partir, mais sur place, nous avons déjà pris contact avec un loueur de kayak, Jacky Simoun, un français qui vit au Groenland depuis plus de 10 ans.

 

 

 

LUNDI 10 JUILLET

Après 4h de vol depuis Copenhague, nous arrivons à Narssassuaq. Avant d'atterrir, l'avion traverse une épaisse couche de nuages. Au sol, le plafond est bas, il pleut, et cela ne fait qu'en rajouter un peu à cette ambiance de bout du monde. Mis à part la piste et quelques bâtiments, il n'y a rien. Le plan de la ville se limite à quelques rectangles disséminés autour de la seule route qui se termine en pointillés à quelques km de là.L'auberge de jeunesse de Jacky Simoun est à une centaine de mètres de là un peu excentrée et perdue au milieu d'une végétation rabougrie. Une navette est organisée pour nous y emmener. L'accueil y est agréable et le confort est total.A l'autre extrémité du village se trouve l'unique commerce, véritable petit supermarché, assez bien achalandé pour les produits courants mais dont les prix sont de deux à quatre fois ceux de la France. Cependant, le centre névralgique pour les touristes est le Blue Ice Café. Musée, documentation, poste Internet, et café sont réunis dans cette petite maison ou Jacky a son PC. Il nous aide à peaufiner notre projet et accueille avec plaisir le fromage et le saucisson amenés de France. Départ prévu le lendemain ou un bateau nous emmènera nous et les kayaks à Narssak pour éviter de parcourir le fjord en aller et retour et pouvoir aller plus loin. Le temps s'améliore et la pression remonte.

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Le port de Narsarsuarq

 

 

MARDI 11 JUILLET

Le baromètre continue de remonter. Le ciel est encore couvert, mais il souffle un vent du sud-est rendant impossible toute sortie en mer. A défaut, nous grimpons sur les hauteurs du village en direction de Mellem Landet. Nous apercevons le glacier Kiagtut Sermiat au loin, mais le plafond, encore bas, limite la vue. Nous retournons ensuite aux nouvelles pour voir si la navette sera possible dans l'après midi. Notre départ est reporté au lendemain et nous allons traîner du coté du port ou le vent a poussé de gros icebergs. Premières photos et premier émerveillement face à la glace.

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La petite baie de Narsaq

MERCREDI 12 JUILLET

 

 

Sous le soleil, Jacky vient nous chercher à 7h30. Il nous conduit au port pour embarquer sur un bateau rapide pour Narssaq. Nous croisons une équipe de glaciologues français qui nous annoncent qu'il y a beaucoup de glace cette année. Nous filons vers le sud dans l'Eriksfjord ou dérivent de nombreux icebergs, faisant quelques escales pour récupérer des passagers. C'est impressionnant. Hélas, plus nous avançons, plus le ciel vire au gris. Arrivés au port, après 1h30 de navigation, nous déchargeons bagages et kayaks, laissant le bateau partir vers d'autres navettes. Le port n'est pas à coté du centre du village, aussi nous chargeons tout et contournons la presqu'île pour accéder à une baie proche des commerces. Le supermarché est bien achalandé et on trouve pour 75kr une carte plastifiée de la zone à l'échelle 1/250000. Il y a aussi un peu de matériel de camping et du matériel de pêche. A la sortie du magasin, nous débarrassons les courses de tout emballage superflu, sous l'œil amusé des clients. Nous embarquons à 13h30 après avoir testé le sandwich crevettes, œuf tomate de la boulangerie, magasin que nous ne retrouverons dans aucun autre village. Il commence à pleuvoir. Malgré cela, nous sommes vraiment contents, le décor nous comble et nous zigzaguons entre d'énormes glaçons aux formes torturées. Au cap de Nummiut, nous décidons de traverser en direction de Niaquornaq.

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Bien qu'il fasse mauvais, le plafond reste haut et nous profitons de la vue sur les icebergs venant de l'Isafjord qui sont de plus en plus gros, de plus en plus denses. Nous gardons nos distances, surtout lorsque l'un d'eux se met à basculer. D'autres se brisent au loin dans un fracas inquiétant. La marée montante les pousse doucement vers le fond du fjord, mais bientôt, le ballet s'inverse sous l'effet d'une petite brise venant de l'est. Le cap de Niaqornaq domine la confluence de deux fjords, le Kangerluarsuk et le Sermilik. Sur ce promontoire, à la vue exceptionnelle, un village avait élu domicile. Il n'en reste que quelques ruines, des sentiers et un cimetière en triste état. Quelques moutons occupent ces vestiges. Nous plantons la tente à l'abri d'une ruine et alors qu'il se remet à pleuvoir, Patrick va tester son matériel de pêche. Un lieu et une morue se laissent prendre. Sandrine lève besogneusement les filets. Le repas de ce soir est assuré. Le baromètre est en chute libre, il pleut, mais il n'y a pas trop de vent. Entre deux rabasses, nous sortons voir le ballet fascinant des glaces...

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JEUDI 13 JUILLET

 

 

La pluie a continué de tomber et le baromètre de descendre. Peu motivés pour repartir, nous visitons notre promontoire, et commençons à remonter le fjord. La ballade est de courte durée, car un km plus loin, la pente devient plus raide, empêchant tout passage. Nous faisons le plein d'eau dans un ruisseau et retournons au campement sous des cordes. Jeu de dés, lecture et aquarelle occuperont le reste du temps. En fin d'après midi, la pluie s'arrête, le baromètre piétine et nous tentons une sortie dans l'autre sens. Rencontre avec un lièvre arctique, un renard curieux et de nombreux bruants des neiges. Peut être que demain, il fera beau ?

VENDREDI 14 JUILLET

 

 

Le baromètre a poursuivi sa descente infernale durant toute la nuit. Le vent s'est mis de la partie, mai s'est calmé au petit jour. Nous nous réveillons dans un brouillard épais arrosé par une petite bruine. La mer est calme, nous décidons de partir. Vu la visibilité, nous abandonnons l'idée de visiter le Kangerdluarssuk, comptant y arriver plus tard par un autre itinéraire. Nous descendons l'Isafjord afin de rentrer dans la baie voisine.

Peu à peu, les gros icebergs sont moins nombreux. Dans la petite passe de Qornoq, sans doute peu profonde, une petite barrière de glace discontinue s'est formée, n'attendant qu'un rayon de soleil pour se disloquer. En attendant, il ne fait guère chaud, et la pluie nous accompagne avec un vent glacial. Nous faisons une pause rapide pour manger le menu des jours de mauvais temps : purée rapidement faite grâce à nos deux thermos, soupe, café et sucreries. La purée locale est très bonne, il n'y a rien à rajouter.

La navigation est toujours aussi belle malgré le gris du ciel que vient égayer la blancheur des icebergs. Après 25 km, nous parvenons dans le fond du fjord. A gauche, un autre bras vient butter sur une langue de glace venant directement de l'Inlandsis qu'on devine au loin dans la brume. Sur la droite, un gros torrent occupe une large vallée bordée de montagnes et de falaises. Lui aussi provient de la calotte glacière. Nous choisissons un petit promontoire qui sera notre bivouac. La vue est superbe, d'autant que quelques éclaircies apparaissent. Le baromètre remonte, le moral aussi. Patrick ramène deux poissons. Le premier, une morue, a dévoré la moitié de son leurre. Il le remet malgré tout à l'eau sans grande illusion, mais quelques minutes plus tard, son appât « cul de jatte » piège un lieu qui lui aussi finira à la casserole. Les poissons groenlandais sont soit affamés, ou alors un tantinet simple d'esprit...De son coté, Sandrine ramène un sac de moules qui agrémenteront l'apéro.

Ce soir, nous ne sommes pas vraiment seuls, car de l'autre coté du delta, quelques kayakistes sont venu planter leur tente.

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SAMEDI 15 JUILLET

 

 

Première journée de beau temps, même si les premières heures débutent sous un plafond bas. Nous partons vers 7h30 laissant notre tente installée. Nous allons reconnaître à pied le glacier qui donne naissance au torrent. Hélas ce dernier n'est pas franchissable, et nous ne pourrons donc pas aller voir le fjord auquel nous avions renoncé deux jours plus tôt et qui s'ouvre juste derrière. A défaut, nous remontons sur la rive gauche du glacier, en suivant des gradins escarpés. Nous faisons connaissance avec les premiers nuages de moucherons et de moustiques. Le décor est grandiose quoique austère. La végétation rabougrie a du mal à prendre le dessus sur cet univers minéral. Un escarpement trop vertical nous empêche d'aller à un sommet dominant le glacier, mais nous entrevoyons malgré tout déjà son immensité. L'après midi, le ciel bleu s'est imposé et nous embarquons pour une petite ballade de reconnaissance du fjord et du glacier de Llordlit. C'est un chenal large de 700 à 800 m bordé de falaises abruptes qui plongent dans une eau laiteuse. Au fond il s'évase pour recevoir une cascade et deux chutes de glace provenant de l'inlandsis qu'on devine au-dessus. C'est très spectaculaire. En retournant au campement, Patrick tente de pécher avec un nouveau leurre, mais il revient bredouille, après avoir remis à l'eau une morue trop petite.

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DIMANCHE 16 JUILLET

Ciel brumeux, mais cela va sans doute se lever, le baromètre continue de monter. Nous plions le camp et embarquons à 7h30 vers l'ouest pour entrer dans le fjord d'Akugdlit. Comme ses voisins, il se termine sur un glacier qui plonge dans la mer. Après le glacier nous nous arrêtons pour manger dans un vallon accueillant, protégé du vent froid qui souffle de l'intérieur. Auparavant, Patrick pêche deux poissons dont il lève les filets dans la foulée, et qui stockés dans un tuperware au fond de l'hiloire, se conserveront sans problème vu la température de l'eau. En début d'après midi, nous entrons dans Manisuptunua, qui est sans doute le plus beau des trois fjords. Au milieu, trois îlots semblent plantés là pour surveiller le trafic pourtant très occasionnel. Derrière, nous nous trouvons en fait à la jonction de deux fjords qui convergent vers la calotte glacière. Nous laissons à droite l'accès au glacier et son décor dégarni pour nous installer sur une plage qui domine les deux fjords. Nous comptons rester là deux nuits. Le bivouac est superbe, mais l'orientation et la montagne toute proche font que nous sommes à l'ombre très tôt, sans oublier les moustiques qui, très entreprenants, nous font fuir sous la tente pour pouvoir manger tranquillement.

 

 

LUNDI 17 JUILLET

Nous nous réveillons dans un épais brouillard, mais nous sentons que le soleil est tout proche. Ce matin, notre objectif est d'aller visiter un étroit chenal qui mène à une lagune, et éventuellement de monter en direction de la glace. Avec le brouillard laissant juste passer quelques rayons du soleil, l'endroit est superbe. Plusieurs torrents viennent se déverser dans la mer, au milieu des blocs morainiques. Sur la droite, une vague trace nous inspire et après une heure de montée, nous parvenons au sommet d'une première montagne qui domine un chapelet de lacs colorés blottis au fond d'une vallée lunaire. Le glacier, quant à lui, est beaucoup plus loin et nous n'y accéderons pas par là. Nous essayons un autre itinéraire pour redescendre guidés toujours par une trace qui nous fait éviter les falaises. C'est sans doute un passage utilisés par les rennes dont nous n'avons vu jusqu'à présent que des bois perdus çà et là. Retour au camp après avoir remis à l'eau deux morues trop petites. L'après midi, nous allons en direction de Naujat Sermiat, la cascade de glace la plus proche de notre campement. Un peu avant, nous trouvons un bon endroit pour débarquer afin d'accéder à la bordure du glacier. Celui ci, semble s'être retiré il y a peu de temps abandonnant une multitude de galets et de blocs à la stabilité aléatoire. Du haut de la bosse ou nous arrivons, nous dominons la chute de glace, les crevasses et la bordure de l'inlandsis. Nous déambulons au milieu de blocs colorés et de dalles polies, éblouis par les lacs formés par l'eau de fonte et la glace à perte de vue. Nous avons du mal à quitter cet étonnant endroit et ce n'est que vers 18 h 30 que nous rejoignons notre campement. Les moustiques nous font bon accueil à notre arrivée. Peu importe, ce soir menu de fête : Sandrine prépare des beignets avec les poissons que je viens de pêcher.

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MARDI 18 JUILLET

 

 

Ciel bas pour cette journée de liaison. Nous descendons le Quvnerssuaq à contre courant et avec le vent dans le nez. Le fjord est assez monotone et le temps gris n'arrange rien. Un renard peu farouche nous occupe un moment. A Nuuta, convergence avec le fjord Qaleragdlit Ima, nous hésitons sur la suite de notre périple. Le mauvais temps vers le large nous incite à revenir vers la calotte glacière ou il fait souvent meilleur. Nous ne le regretterons pas, car si ce nouveau chenal est assez long et qu'il faudra le faire dans les deux sens, après un petit cap, nous apercevons au fond un immense glacier. Nous nous arrêtons observer des colonies d'oiseaux avec leurs petits agglutinés sur les vires de falaises abruptes et après 8 km dans ce chenal nous parvenons à un élargissement où plusieurs glaciers convergent. Nous sommes tout contents de replonger dans une forêt d'icebergs. D'énormes grondements, de véritables coups de tonnerre nous font hésiter à approcher. Nous repérons le campement d'une agence touristique et nous nous allons vers la cote opposée. Tout à coup, nous nous trouvons face à un immense troupeau de rennes qui s'éloigne doucement pour nous laisser la place. Nous installons la tente sur un petit promontoire, ne sachant pas trop jusqu'ou les vagues crées par la chute du glacier peuvent monter. De notre perchoir, nous surplombons une plage de sable où une multitude de glaçons viennent s'échouer. Ceci étant, nous profitons de la fin de la journée pour grimper sur le sommet voisin espérant approcher du glacier. Deux heures plus tard, après un cheminement scabreux, nous sommes arrêtés par une gorge profonde. Malgré tout, la vue est superbe.

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MERCREDI 19 JUILLET

Le ciel est plus clair, et nous plions le campement après une nuit ponctuée par les mugissements du glacier Nous entamons le tour de la première baie. Au second glacier, nous décidons de prendre de la hauteur comme à chaque fois que nous le pouvons. La langue de rocher qui sépare les deux glaciers est assez abrupte, mais cela ne nous impressionne pas. Nous trouvons une plage pour les kayaks et nous lançons dans une ascension scabreuse ; alternance de dalles inclinées et d'éboulis de granit à la stabilité incertaine. Nous jalonnons l'itinéraire de cairns afin de retrouver notre chemin. Tant bien que mal nous parvenons au sommet dominant ainsi les trois langues de glace en une vue inoubliable. Il nous aura fallu 3h. Nous poursuivons ensuite notre navigation circulaire, doublant le troisième glacier, moins bruyant mais tout aussi majestueux. Finalement, plutôt que de commencer à remonter le fjord, nous nous arrêtons tôt pour pouvoir encore profiter de la vue sur les glaciers. Visite d'un jeune renne visiblement perdu et petite promenade dans la moraine.

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JEUDI 20 JUILLET

 

 

Il a plu abondamment presque toute la nuit. Au petit jour, le ciel est couvert, mais le baromètre n'a pas varié d'un millibar. Nous chargeons les kayaks à la faveur d'une vague éclaircie, puis descendons le fjord poussés par un courant qui aurait du être défavorable. En deux bonnes heures, nous sommes au cap Nuk au sud de l'île de Nuata Hana. La traversée du fjord Ikerssuaq nous prend encore une heure, mais les conditions sont relativement bonnes. Nous essayons de trouver l'entrée d'un petit chenal qui au prix d'un petit portage doit nous permettre de rejoindre le fjord de Tunuasak. Nous avons quelques doutes car le passage étroit n'est visible qu'au dernier moment. Nous nous engageons, happés par un violent courant qui nous dépose sans effort dans un lac fermé de toute part. C'est à son extrémité que se situe le portage. Plutôt que de décharger les kayaks, nous les tractons pleins sur l'herbe mouillée. Cela fonctionne assez bien et les deux petits lacs intermédiaires permettent d'économiser nos épaules. Vers 15h, l'affaire est réglée et nous retrouvons l'eau libre après 500m de traversée. Nous arrivons dans des zones moins austères avec des pâturages pour les moutons plus ou moins en activité, et quelques petites maisons colorées.Le temps oscille toujours entre grisaille, bruine et quelques rares éclaircies. Nous sortons du chenal et trouvons un bon bivouac dans une petite crique à l'ouest. La pêche, entamée après le portage nous permet de sortir 7 poissons. Deux passeront à la casserole.

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VENDREDI 21 JUILLET

 

 

Le baromètre est à la baisse, mais surprise, il fait beau. Nous en profitons pour faire le ménage et la toilette. Visite d'un petit renard surpris au moment ou il se régalait des déchets des poissons péchés la veille. Vers 9 h, au moment d'embarquer, l'iceberg situé juste en face de notre bivouac et haut de plus de 20 m émet un claquement sec. Un gros morceau de glace s'en détache ce qui provoque son déséquilibre. Le voici donc en train d'osciller dangereusement pour finalement se retourner dans un grondement inquiétant. Ce beau morceau de glace a perdu de son élégance et nous, nous sommes quittes pour une petite frayeur face a une éventuelle vague. En fait cela ne donne rien de bien méchant.

Vu la tendance météo en baisse, nous décidons de rallier Narsaq sans faire trop de détours. Nous contournons l'île de Qangua puis zigue-zaguons entre Atdliva et Atdlivap Tunula. Globalement, le paysage est plus bucolique que dans les fjords du nord. Les endroits de bivouac sont nombreux et les chapelets d'îles agrémentent la navigation. En se rapprochant du village, le soleil apparaît et nous retrouvons de nombreux glaçons provenant de l'Isafjord. Nous parvenons au port vers 16h30. Au supermarché, nous refaisons le plein de vivres et comme en Norvège, nous nous laissons piéger par des bières sans alcool. En fait, il faut aller acheter les bières et les alcools fort à un petit comptoir après les caisses. Nous reprenons la mer vers 18 h, pour trouver un bivouac dès que possible, mais le vent s'est levé ainsi qu'une houle de travers qui rend assez pénible cette recherche tardive. Nous trouvons un bon coin après le cap.

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SAMEDI 22 JUILLET

 

 

Nous traînons un peu, comme le temps qui tarde à se lever. Maintenant que nous allons remonter le fjord qui nous ramène à Narssasuaq, nous savons que nous aurons largement le temps de rentrer même si le temps se gâte. Nous embarquons vers 9h45, poussés par la marée montante et une petite brise d'ouest. Nous avançons à bonne allure en ayant à peine le temps de ramasser au passage quelques moules accrochées à la falaise. En 2 h 30, nous sommes à l'entrée de la baie de Sarfannguit. En fait la deuxième partie est barrée par un rapide qui vient d'un lac. Nous renonçons à y accéder peu motivés par le portage. Nous choisissons de nous arrêter là à coté d'une superbe cascade sur un replat dominant la baie. Un campement, sans doute permanent, est installé non loin de là, mais nous ne serons pas gênés, d'autant que la cascade fait beaucoup de bruit. Il fait de nouveau beau, et nous profitons de la fin de la journée pour faire de la lessive et notre toilette. Le campement voisin se repeuple. Ce sont des pêcheurs équipés de pied en cap comme sur le catalogue Manufrance.

DIMANCHE 23 JUILLET

 

 

Ma cheville s'en souvient encore...

Nous avons décidé de monter sur les hauteurs pour voir si possible l'Isafjord et les glaciers qui l'alimentent, vu que nous n'avons pas pu y naviguer comme prévu au début de notre séjour. Le plafond est bas et il n'y a pas de vent, donc il y a des insectes. Pas un, deux ou trois, mais des nuées qui virevoltent autour de nous, affectionnant tout particulièrement les yeux, et tous les orifices découverts. Il nous faut déjà une heure pour aller au bout du lac, départ officiel du sentier mentionné sur la carte. A partir de là, le sens de l'itinéraire et une bonne vue sont indispensables. Ainsi, nous progressons tantôt dans des mousses spongieuses, tantôt dans des arbustes rabougris, en essayant de repérer les cairns qui sont censés indiquer l'itinéraire. Nous prenons un peu d'altitude sur une lande interminable, sillonnée de torrents infranchissables. Les moustiques sont toujours là et les moustiquaires de têtes bricolées en tulle de rideau sont un peu gênantes pour profiter du paysage, toujours aussi gris. A quel moment serons nous dans les nuages ? Après 4h d'errements, nous y arrivons et tombons sur l'unique cabane refuge du plateau, comme quoi, nous sommes sur le bon chemin. C'est une sorte de grosse caisse bancale de 3m de coté, maintenue par des câbles. Nous nous y engouffrons pour échapper enfin aux insectes et cassons une petite croûte. Le temps semble se lever un peu, et nous décidons de poursuivre. C'est de nouveau interminable. Nous parvenons 1h plus tard à une première ligne de crête. Le temps se lève, mais le point de vue ne permet pas de voir le fjord. Nous continuons alors à monter vers la cote 676 m. Ca n'en finit pas, chaque bosse en cache une autre, sans oublier les lacs qu'il faut contourner. Sandrine commence à râler, prête à abandonner. Je ne réagis pas trop, de peur d'avaler un moustique. Enfin, vers 14h30, nous sommes au sommet, complètement cuits. La vue est exceptionnelle! Devant nous, tout est quasiment pris par les glaces et l'éclairage est féerique. Au loin, nous apercevons l'Inlandsis et quelques beaux sommets alpins. Patrick mitraille car nous savons que nous n'aurons sans doute pas beaucoup d'occasions de voir un tel spectacle. Nous ne regrettons pas d'être partis malgré le temps incertain. Hélas, il y a aussi le retour, et nous ne pouvons pas rester trop longtemps. Nous repartons pour un cheminement tout aussi hasardeux vu que nous essayons un chemin plus direct et nous nous retrouvons dans une variante encore plus longue par le fond de la vallée. La plante des pieds commence à sérieusement chauffer et la pluie nous rattrape bientôt. Il nous faudra 4h15 pour retrouver la tente.

LUNDI 24 JUILLET

 

 

Réveil 7h30, après 11h de sommeil. Nous plions le campement sous la grisaille. Vers 9h30, juste au moment de partir un fort vent de sud ouest se met à souffler. Le baromètre ne donne aucune indication particulière. Le courant est inverse, et l'association des deux rend la mer très agitée. Nous nous arrêtons au cap Karrat pour attendre de meilleures conditions car nous désirons traverser le fjord. Nous patientons en cherchant de jolis cailloux, jouons aux dés et finalement mangeons. Le vent se calme après l'inversion de la marée, et la houle est moins hachée. Nous traversons sans trop de problèmes et commençons la remontée en direction d'Itilleq. Patrick pèche deux morues. Un peu plus loin, les conditions se dégradent un peu plus. Le vent redouble, et nous commençons à serrer les fesses car il n'y a pas d'abri en vue. Cela devient de plus en plus sportif et de grosses vagues nous poussent dans des surfs que nous avons de la peine à maîtriser. Nous sommes près l'un de l'autre car c'est plus sécurisant mais parfois cela nous gêne pour manœuvrer. Au bout d'une heure trente de ce régime, nous trouvons refuge dans une minuscule crique. C'est petit mais agréable, avec un ruisseau non loin pour prendre de l'eau. Pour nous réconforter, Sandrine nous prépare un menu spécial morue : crue, macérée dans de l'huile d'olive et du citron pour accompagner le pastis ; cuite, dans une sauce à l'ail pour spaghettis. Pour terminer les traditionnels carrés de chocolat...

Nous analysons la navigation et reconnaissons que nous aurions du, face à la météo moyenne changer de programme et suivre l'autre rive du fjord, moins spectaculaire, mais offrant plus d'abris. Le moral ne fait pas tout. De plus, ce fjord, ouvert vers la pleine mer canalise les vents du large.

MARDI 25 JUILLET

 

 

Le vent est tombé, la mer d'huile et les premiers rayons du soleil commencent à pointer leur nez. Nous remontons sur Itillec un peu à contre courant, mais cela n'est pas gênant. A l'approche du lieu dit, nous découvrons deux ou trois fermes, entourée de terrains cultivés d'un vert intense, d'autres plus sombres semblent plantés de seigle. Nous accostons sur une plage vers l'embarcadère. Le soleil est généreux et nous quittons les kayaks en tenue légère pour rejoindre le village d'Igaliku situé à quelques km de là, au fond d'un fjord parallèle. Un chemin carrossable traverse les cultures puis arrive au dessus de la baie ou s'étend le village. Les environs sont très verdoyants et des paysans font les foins. Nous descendons vers le port ou se trouve l'épicerie. Nous nous laissons tenter par quelques vivres frais et faisons la rencontre avec un groenlandais francophone et kayakiste occasionnel. Ensuite après un pique nique au-dessus du port, nous allons téléphoner à Jacky pour caler notre retour et donner des nouvelles. Cela est possible à l'espace services, local où on peut aussi se doucher et faire des lessives. C'est un ancien guide GNGL qui assure la permanence et il nous raconte un voyage en France de 6 mois qui lui a été offert par cette agence pour le remercier de son aide. C'est aussi un passionné de minéralogie et il nous explique ses pérégrinations.

Nous récupérons nos embarcations et filons ensuite plus au Nord. Les glaçons se font de plus en plus nombreux pour notre plus grande joie au fur et à mesure que nous approchons de Qoroq. La lumière est splendide et nous prenons le temps de faire quelques photos. Nous nous arrêtons sur la dernière moraine avant d'entrer véritablement dans le fjord. C'est ici que Blue Ice a choisi d'installer sur une butte un camps permanent, mais il n'y a personne. Ce n'est pas par hasard, car le spectacle est éblouissant. Nous profitons du ballet des icebergs qui migrent au rythme des marées.

MERCREDI 26 JUILLET

 

 

Il fait toujours beau, mais Jacky nous a prévenus d'un possible coup de vent d'est. Nous hésitons sur le programme et comme toujours dans ce genre de dilemme, il faut prendre de la hauteur. Nous montons donc sur les pentes abruptes de la montagne voisine. Cela nous permet de voir que même si le fjord paraît rempli de glace, il y a largement de la place pour naviguer. La mer est calme alors nous nous décidons à partir. Nous plions le camp, mangeons rapidement et rejoignons le débouché de l'imposante vallée de Qorqup en moins de 2 h. La rivière coule sur un lit de graviers, large de près d'un km ; et comme nous sommes à marée basse, des glaçons de toutes tailles ont été déposés sur la grève. Au-dessus, de beaux sommets encore enneigés dominent et encadrent cet endroit perdu. Le fond du fjord en direction du glacier paraît comme toujours au niveau de la mer bien encombré. Nous revenons donc en suivant l'autre rive. Il faut un peu chercher notre passage dans les glaces, poussant les petits évitant les gros. Nous trouvons un bivouac à la sortie du fjord, en direction de Narssasuaq.

JEUDI 27 JUILLET

 

 

Le beau temps semble s'être installé sur la région. Le mercure grimpe en flèche et affiche 20° quand il n'y a pas de vent. Nous mettons le cap sur Qassiarssuk de l'autre coté de la baie, tournant définitivement le dos aux glaces. De loin, ceux ci prennent des allures de building sous l'effet trompeur des reflets dans l'eau. La cote rocheuse avant le village est intéressante. Les petites falaises de couleurs variées oscillent du rouge au jaune en passant par le vert de gris et l'ocre.

Qassiarsuk est la ville d'Erik le Rouge et un monument en sa mémoire domine le port. Pour le reste, le village est assez traditionnel avec son habitat dispersé, ses cultures soignées, son KNI et son port qui se résume à un simple ponton. Nous trouvons un petit coin de bivouac à l'écart des maisons. Laissant les kayaks, nous prenons le chemin qui traverse la péninsule pour aller à Tasiusaq. Sept km séparent les deux villages. Nous nous contenterons des quatre premiers, histoire de dominer l'autre coté. De toute évidence, la ballade sur les amonts du Equalorutsit fjord mériterait le détour, mais il faut compter plusieurs jours de marche.

VENDREDI 28 JUILLET

 

 

Grand beau temps, pas un nuage. C'est notre dernier jour de navigation. Nous remontons le fjord. Le paysage devient plus uniforme, et moins abrupte. Sur chaque rive, il y a des pâturages et des prés jalonnés de fermes. A l'aide de pelleteuses, les fermiers transforment cette terre aride, parsemée de blocs de granits en des prairies fertiles. Le travail semble titanesque, mais les résultats sont visibles. On trouve même une petite pinède d'arbres hauts de 5 à 10 m. Du jamais vu depuis que nous naviguons ici. Au fond de la baie, une dernière exploitation est implantée sur le bord du delta d'une grosse rivière aux eaux laiteuses. Nous faisons demi tour, manquant d'énergie pour aller marcher, il faut dire que les points de vue intéressant sont loins. Pour nos derniers coups de pagaie, le vent nous offre une ultime résistance. Il faudra donc un peu plus de 2h30 pour rejoindre le port de Narsassuaq. Nous téléphonons à Blue Ice dès que nous avons déchargé et rangé les kayaks et on vient nous chercher. Il y a beaucoup de monde à l'auberge et nous plantons la tente à coté pour profiter des commodités et rester loin du bruit. Nous profitons des douches pour rincer notre matériel et du soleil pour le faire sécher.

SAMEDI 29 JUILLET

 

 

Il nous reste à découvrir les alentours de Narssassuaq. Nous voulons aller profiter du point de vue au sommet du Mellem Landet. Debout 6h, en piste vers 7h45. Nous connaissons le début du sentier, mais, bien vite, celui ci se perd dans les landes vallonnées ou les repères ne sont pas toujours évidents. Notre premier objectif est un petit sommet à l'Est du point culminant. Il nous faut 4h pour y arriver et les moustiques sont de nouveau là. Cela joue beaucoup sur le moral et pour lutter contre eux nous avons le choix entre les moustiquaires de têtes en rideaux ou d'agiter le même bout de tissu en permanence devant le visage Soit on ne voit rien, soit on risque la tendinite ou le coquard lorsqu'on se prend dans l'œil la boucle de serrage de la dite moustiquaire. Dans tout les cas, la fatigue venant, Sandrine ronchonne un peu. Comme à chaque fois le premier sommet n'a pas assez de vue et il faut faire une immense boucle dans les éboulis pour arriver au belvédère adéquat. La encore la vue ramène la bonne humeur. Nous dominons non seulement le glacier de Qoorok mais aussi nous sommes en face d'une multitude de sommets jaillissant sur la bordure méridionale de l'inlandsis. Nous craquons malgré la fatigue et montons encore un peu vers le sommet principal, ce qui permet d'avoir plus de vue vers l'ouest et le nord. Pour descendre il nous faut autant de temps qu'à l'aller. Le soir, nous discutons avec Miguel un jeune guide de kayak qui travaille pour un tour opérator Espagnol.

DIMANCHE 30 JUILLET

 

 

Dernier jour...Le temps est splendide, et c'est avec un peu de nostalgie que nous partons voir le glacier en amont de Narssasuak. C'est une superbe ballade qui nous emmène sur une butte dominant la fin du glacier. Nous croisons plusieurs groupes de touristes pas toujours très aguerris. Retour en début d'après midi pour plier bagage, confirmer les réservations d'hôtel à Copenhague et cuire le pain du soir Au Blue Ice café, nous feuilletons les brochures publicitaires, mai aussi plusieurs ouvrages sur des périples au nord et à l'est du Groenland. C'est a peu près sur, nous reviendrons...

 

 

 

 

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